Au grand rayon des mascottes malchanceuses, Bubsy, le chat sauvage d’Accolade, occupe une place de choix. Ce sympathique personnage avait été élaboré dans l’objectif avoué de devenir une mascotte du calibre de Sonic ou de Mario. Malheureusement, le gameplay douteux des différents jeux où il tint la vedette ne parvint jamais à lui dégager l’accès au trône tant convoité. Après un premier épisode qui restait sympathique, ce Bubsy II avait clairement pour objectif de réutiliser ce qu’il y avait de meilleur dans le gameplay du premier épisode tout en corrigeant ses quelques défauts. Cette fois, ce ne sont plus les Woolies qui tentent de voler toutes les pelotes de laine terriennes, mais un tyran porcin qui s’est rendu maître d’un dispositif de réalité virtuelle. Cet appareillage permet aux usagers de visiter des univers variés : l’Egypte ancienne, le Moyen-âge, un monde peuplé d’instruments de musique géants, un monde spatial et une bataille aérienne. Le cochon mégalo espère attirer tous les humains dans sa salle de jeu et les faire disparaître dans l’un ou l’autre des 5 mondes virtuels, ce qui lui laissera le champ libre pour donner corps à ses aspirations de maître du monde. Bubsy est le seul rempart entre la race humaine et la race porcine, et décide d’aller détruire la machine virtuelle de l’intérieur, en semant la pagaille dans chacun des mondes artificiels.
Les préceptes suivis par Bubsy II pour réussir là où son prédécesseur avait échoué sont limpides : du Sonic, encore du Sonic, toujours du Sonic ! L’obsession de s’afficher en tant que rival du hérisson bleu dans le domaine des jeux de plates-formes rapides et décapants est encore plus flagrante dans cet épisode que dans le précédent. Les ressemblances tiennent cependant moins à des éléments précis du jeu qu’aux ambitions globales que Bubsy II affiche, celles d’un jeu de plates-formes conçu pour tout annihiler sur son passage. Bubsy est toujours aussi rapide, bondit dans tous les sens, neutralise ses adversaires dans un tourbillon de poils et de griffes, et n’a rien perdu de sa faculté à planer sur de longues distances. Les niveaux sont immenses, truffés de bonus (des balles magiques cette fois, plus la collection complète des « T-shirts bonus » du premier épisode) et de leviers à actionner, infestés d’ennemis grotesques et amusants (des cochons, mais aussi de petits moutons hurleurs, des chèvres qui portent des raybans, des abeilles rondouillardes, etc..), d’éléments du décor avec lesquels on peut interagir, de bumpers et de raccourcis entre les différentes sections d’un même niveau. Au rayon des nouveautés, on peut constater qu’outre les bonus déjà connus, Bubsy peut également récolter des cartes à jouer qui lui permettront d’acheter de l’équipement à la fin du niveau (fusil à balles jaunes, parapluie pour planer, etc ) et que certains raccourcis mènent en fait à des niveaux bonus bien débiles (couler des petits navires en lançant des grenouilles à la catapulte, diriger un hérisson écrasé dans le moteur d’une voiture, ).
Réalisation technique :
Accolade a sensiblement amélioré la réalisation technique du second jeu consacré à sa mascotte. Les décors sont originaux, inventifs, pleins de petits détails sympathiques et la palette de couleurs a été tellement bien exploitée qu’on ne voit quasimment aucune différence avec la version Super NES. Les myriades de petites bestioles qui hantent les différents stages mettent également de bonne humeur. Elles sont pour la plupart plaisantes et rigolotes et apportent une touche amusante aux différents univers de Bubsy II. L’animation est toujours aussi fluide et rapide (toujours cette obsession de concurrencer Sonic !) mais Accolade a revu à la baisse le nombre de mimiques et d’attitudes cartoonesques de Bubsy. Si les bruitages sont corrects, les musiques ne marquent pas vraiment l’esprit, encore moins que celles du premier épisode qui n’avaient déjà rien de symphonies inoubliables. Accolade a donc peaufiné aux petits oignons la réalisation esthétique de ce soft. Malheureusement, il aurait été plus inspiré de travailler sur la jouabilité. Dans le premier opus, elle n’était déjà pas optimale mais on s’en sortait quand même avec un peu de bonne volonté. Le Bubsy nouveau est encore plus rétif à obéir docilement (que voulez-vous, c’est un chat après tout ). L’ergonomie des commandes n’est pas très bien pensée, Bubsy répond mal aux injonctions et les sauts ne sont pas plus précis qu’auparavant. En contrepartie, le félin peut à présent être touché plusieurs fois avant de passer l’arme à gauche, mais vu la masse de petites bêtes qui squattent chaque niveau et l’irrésistible envie de filer à pleine vitesse qui s’empare du joueur, on se fait toucher vraiment TRES souvent. On en est réduit à jouer soit sans faire attention à quoi que ce soit ce qui est hasardeux soit très prudemment - ce qui casse le rythme du jeu.
En bref : 12,5/20
Bubsy II se ramasse complètement par rapport à ses ambitions de départ. Intrinsèquement, il ne s’agit pas d’un mauvais jeu de plates-formes : on y trouve plein de bonus, des stages imposants, une certaine originalité dans le côté visuel, mais Bubsy 2 n’est pas le bébé d’un petit studio méconnu qui fait ses premières armes. Au contraire, il s’agit d’un candidat déterminé au rang de superproduction. Et là, quoi qu’on puisse en dire, le soft est loin de tenir ses promesses. Tout comme le premier épisode, il manque à Bubsy la petite touche qui l’aurait rendu réellement passionnant. Comme si ce n’était pas suffisant, la jouabilité, principal défaut de Bubsy premier, n’a vraiment pas été améliorée. Elle me paraît même encore plus imprécise et bancale que dans ce dernier. Rien à faire, même avec la meilleure volonté du monde, on n’accroche pas énormément à Bubsy II…