Originellement conçu pour devenir la mascotte de la société Accolade, Bubsy n’aura pas eu la destinée glorieuse de personnages tels que Sonic, Link ou Mario. Une jouabilité parfois perfectible y aura certainement joué un rôle, même si on serait plutôt tenté d’y voir cette éternelle malédiction qui veut que les jeux de plates-formes occidentaux de l’époque, aussi travaillés et réussis soient-ils, ne possèdent que très rarement la magie de leurs homologues nippons.
Bubsy, jeune chat espiègle en sweat-shirt blanc, est le seul rempart de la planète Terre face aux Woolies, une race d’envahisseurs spatiaux particulièrement vicieux, dont la morphologie et la couleur me rappelleront toujours ce jour sinistre où j’avais découvert dans mon frigidaire un concombre vieux de plusieurs années… Redevenons sérieux, les Woolies ambitionnent de conquérir leur objectif, en s’emparant de la ressource naturelle la plus stratégique à leurs yeux : la laine. En quelques heures, ce sont l’essentiel des pelotes de laine à travers la planète qui sont sauvagement capturées. A cette idée, le sang félin de Bubsy ne fait qu’un tour. D’innocentes pelotes de laines séquestrées par d’horribles courgettes de l’espace ? Cela ne peut être toléré. Bubsy polit ses griffes, avale son nesfriskies d’un trait, saccage sa litière d’un air décidé, et part bravement lutter contre l’adversité.
Les paysages traversés sont originaux et bourrés de petites trouvailles intéressantes : le premier niveau évoque une sorte de vallée alpine où des tuyaux conducteurs d’eau vous permettent de voyager plus rapidement. S’ensuivront une fête foraine, une zone de Far-West (composée alternativement d’un train et d’un canyon), un environnement qui rappelle le Canada, une zone arboricole et enfin, le vaisseau amiral de la flotte Woolies. A noter que chaque environnement est constitué de trois zones, à l’instar du premier Sonic. Ces mêmes zones sont truffées d’ennemis délirants (outre les Woolies dans tous les rôles possibles et imaginables, on rencontrera des pianos à queue, des requins des sables, des distributeurs de bonbons tueurs, des funiculaires grincheux, et bien d’autres entités issues d’une imagination sous acide), et des milliers de pelotes de laine y sont disséminées. Ces pelotes ne font cependant que rapporter des points, et n’ont aucun rôle particulier contrairement aux anneaux de la série des Sonic. Pour éliminer les Woolies, Bubsy utilise la bonne vieille méthode qui a fait ses preuve dans des hordes de jeux de plates-formes avant lui, à savoir sauter à pattes jointes sur l’importun. De manière à augmenter la portée de ses sauts, Bubsy dispose également de la faculté de planer dans les airs.
Pour renforcer l’aspect cartoonesque du jeu, les programmeurs ont souhaité lui octroyer un grand nombre de mimiques et de positions différentes. Ainsi, touché par ses ennemis, Bubsy fondra comme une quiche pas fraîche. S’il tombe dans un gouffre garni de pointes, il se dégonflera comme une vieille baudruche. Dans l’eau, il enfilera un tricorne et sombrera en agitant un petit fanion, tel un capitaine qui périt avec son navire.
Si ce diable de félin se prend un mur à pleine vitesse, des petits oisillons tourneront autour de sa tête, oisillons qu’en bon chat, il essaiera d’attraper. Enfin, si vous ne touchez pas à votre manette, Bubsy s’ennuiera bien vite et vous rappellera vertement à l’ordre en cognant du poing sur l’écran..!
Graphismes : Rien à reprocher; Accolade a fait du très bon boulot. Les personnages sont colorés et amusants, les décors chatoyants et très détaillés. A part des couleurs légèrement plus fades, la version Megadrive n’a pas à rougir de la comparaison avec sa consoeur Super Nintendo.
Animation : Bubsy peut courir à une vitesse qui n’a rien à envier à Sonic. On prend beaucoup de plaisir à dévaler à une vitesse superbubsique le grand-huit dans le niveau de la fête foraine, et tout cela, dans une fluidité admirable. Rajoutez ici un grand nombre de postures, mimiques et positions, tant chez Bubsy que chez les Woolies, et vous obtiendrez un résultat qui frise la perfection.
Jouabilité : Petite faiblesse de ce coté là. Le chat sauvage n’est pas le personnage le plus maniable jamais programmé. Cela se ressent spécialement dans les sauts ou les séquences en vol plané, où le point de chute reste souvent imprévisible.
Son : : Des musiques réussies mais un peu répétitives, et plein de petits bruitages idiots. Du bon travail.
Intérêt : 15,5/20 : Bubsy aurait du être fabuleux, extraordinaire, renversant. Au lieu de quoi il se contente d’être un jeu de plates-formes d’un bon niveau, sans doute l’un des meilleurs qui soit d’origine américaine ou européenne, mais qui ne tient pas la route face à Sonic, Rocket Knight Adventures ou Ristar. Et on ne peut pas véritablement blâmer Accolade qui a vraiment fignolé sa superproduction. Est-ce la jouabilité un peu imprécise ? La difficulté un peu trop élevée par moments ? Ou encore autre chose ? Bubsy n’est pas passé loin du podium, mais il lui manque « le petit quelque chose qui fait que »…