Les à-priori, c’est ça qui fait faire marche arrière à toute la planète. Ca et les spéculations à la chute sur les marchés mondiaux, mais en ce qui concerne ce jeu, c’est plutôt les à-priori. Tenez, moi par exemple (c’est un bon exemple pour moi parce que je me connais assez bien). Quand je vois un logo Electronic Arts aposé sur une jaquette de jeu, j’ai tendance à faire demi-tour. Eh bien j’ai tort : à l’image de Schweppes Agrumes, Blades of Vengeance n’est pas amer. Démonstration.
MON ROYAUME POUR UN SCENAR’
Et pourtant, tout commence de la pire des façons. Une jaquette au look désespérément américain, façon affiche du film Conan le Barbare, un titre à faire pâlir d’envie Communist Mutants from Space, un logo EA… tout concourt au désastre saignant.
Le scénario ne fait rien pour nous rassurer : dans une contrée type Hyperborée, la Sombre Dame a lâché des hordes de monstres et un quelconque émule de Crom réunit trois fiers branleurs pour sauver le patelin. A savoir une gonzesse à moitié à poil, un barbare trois quarts à poil, et un sorcier sans doute frileux vu que lui est habillé des pieds à la tête.
GOLDEN AXE, C’EST POUR LES TAFIOLES
Choisissez donc votre héros sachant que la chasseuse (c’est le nom donné dans la notice), en plus d’être bien gaulée et donc agréable à jouer, est rapide et saute plus haut, le barbare est une grosse brute et le sorcier frappe à distance dès le début du jeu.
Ensuite votre quête s’étend sur huit niveaux de plates-formes/action avec un aspect recherche indéniable, d’où la catégorisation en jeu d’aventure, et si vous êtes pas contents c’est pareil. Chaque niveau se conclut par un frittage en règle contre un boss.
Vous visiterez donc un volcan, un champ de guerre désormais laissé aux morts-vivants, une forêt et une foultitude de forteresses. Le bestiaire pour sa part, se veut proche des canons du genre, avec des gobelins, des squelettes, des loups-garous et autres démons.
La panoplie d’actions est assez vaste, aussi je vais la détailler point par point :
Le bouton A permet d’utiliser un objet. Pour sélectionner l’objet à utiliser, il faut appuyer sur le bouton Start et jouer des flèches directionnelles haute et basse jusqu’à afficher l’item voulu en bas à gauche, à côté de la tête de votre héros (-ïne).
Le bouton B est celui d’attaque. Vous pouvez réaliser une attaque puissante (le sorcier doit avoir upgradé son arme) avec haut plus B, en maintenant le bouton d’attaque pour la fille et le sorcier, et en le martelant pour le barbare.
Le bouton C permet de sauter. Vous pouvez frapper en sautant. Mieux, si vous appuyez sur B alors que vous êtes au zénith de votre saut, vous sauterez encore un peu plus haut. Encore mieux avec l’upgrade d’arme, la chasseresse peut tirer quatre flèches d’un coup lors d’un saut si vous martelez B.
C permet aussi, en le maintenant appuyé, de faire bouger la vue lors d’une pause pour voir ce qu’il y a autour de vous.
Appuyer vers le bas permet de s’accroupir. En même temps, vous parez toute attaque frontale.
Appuyer vers le haut devant une porte permet de la franchir. Appuyer vers le haut devant une échelle permet de ne pas se péter la gueule. En effet, à la différence d’autres jeux, si vous vous contentez de vous placer sur une échelle qui descend, c’est comme si vous vous vous placiez au-dessus d’un trou. Pour vous rattraper aux échelons il faut appuyer vers le haut.
En cours d’aventure vous trouverez, dans des coffres ou sur les cadavres des ennemis, des sacs gris représentant la monnaie du jeu, des fioles rouges pour vous soigner, des fioles noires pour devenir invisible un court instant (les ennemis n’attaquent plus, mais vous êtes toujours vulnérable), des fioles marrons pour devenir invincible, des fioles blanches pour franchir les gaz nocifs, des upgrades d’armes (trois niveaux maxi), des clefs, des baguettes magiques qui tuent tous les ennemis faibles d’un coup, des anneaux qui transforment tous les ennemis en sacs d’argent, des parchemins qui transforment n’importe quel ennemi en gobelin (l’ennemi de base, un coup t’es mort) et d’autres qui vous confèrent plus de puissance.
A cette riche panoplie s’ajoutent deux objets que vous ne trouverez qu’en magasin, en fin de niveau. Le premier est une vie supplémentaire. Le deuxième est indispensable : il s’agit de l’armure.
Une fois que vous l’aurez achetée, vous perdrez tous les upgrades d’armes que vous pouviez avoir. Mais qu’importe ! En effet, même au niveau 1 vous êtes aussi puissant en armure que vous l’étiez au niveau 3 avant. Alors imaginez avec l’armure au niveau 3 ! Mieux, elle s’accompagne d’une nouvelle arme : la chasseresse peut désormais frapper à distance, le barbare a une meilleure allonge (toutefois, c’est lui qui profite le moins des trois) et le sorcier devient over-grosbill ! Il garde une attaque de merde mais peut par contre concentrer ses coups (la fameuse attaque puissante dont je parlais tout à l’heure) pour sortir une boule de feu. Non seulement elle traverse les ennemis qu’elle touche - ce qui signifie que vous pouvez toucher un rang d’ennemis d’un coup - mais en plus au niveau 3, elle tue n’importe quel ennemi, sauf les boss bien sûr, d’un coup !
FAIS-MOI MAL, JOHNNY JOHNNY
Primitif à première vue, Blades of Vengeance dispose d’un tas de qualités. Beam Software le développeur (Choplifter 2 et 3, Hexen, Penetrator…) a fait du bon boulot.
Visuellement déjà, c’est pas dégueu. L’ambiance barbaresque est foutrement mieux retranscrite que dans les jeux qui nous viennent en tête lorsqu’on pense à un barbare (genre Golden Axe, Rastan Saga ou Barbarian), les couleurs sont vives, les décors fourmillent de détails, les sprites manquent de variété mais compensent par un design très soigné, les animations sont nombreuses et bien décomposées…
La partie audio casse pas trois pattes à Roselyne Bachelot par contre. Les musiques manquent de pep’s et sont un peu tout le temps les mêmes, et les bruitages sont décevants.
Elément de crainte principal dans un jeu estampillé EA, la jouabilité est étrangement plaisante à souhait. Seul petit reproche, les coups horizontaux passent au dessus de la tête des petits ennemis, du coup on prend pour habitude de s’accroupir pour être sûr de tronçonner tout assaillant venant à notre rencontre. L’aspect recherche apporte en tout cas un peu d’air à un jeu qui n’aurait été qu’un bête hack ‘n slash sans ça.
La difficulté est par contre importante. Aucun faux mouvement ne vous sera pardonné : les ennemis touchent de loin, la plupart des boss sont redoutables et une chute équivaut généralement à une grosse perte d’énergie (d’où : méfiez-vous des échelles !).
Le jeu dispose de longs niveaux et on les traverse à petits pas pour être sûr de ne pas se viander, aussi Blades of Vengeance dispose-t-il d’une bonne durée de vie. Et d’une petite replay value aussi, si on a envie de refaire le jeu avec les autres persos, même si ça n’apporte rien.
Note : il existe un moyen de finir le jeu en moins de dix minutes. Pour cela il suffit de trouver la warp zone dans le niveau 1, et la chasseresse semble avoir été avantagée (en plus d’avoir été gâtée par la nature) puisqu’elle est le meilleur perso pour y parvenir.