Inspiré du second film réalisé par Tim Burton, Batman Returns sur Megadrive est peut-être la version à avoir su retranscrire au mieux l’ambiance ténébreuse du film même si, compte tenu des limitations graphiques de la console, cette volonté de bien faire s’est payée au prix fort. Après s’être débarassé du Joker, Batman doit cette fois affronter Oswald Cobbelpot, alias le Pingouin. Ce nabot contrefait est parvenu à s’infiltrer, à grands renforts de flatteries et de misérabilisme, dans les cercles dirigeants de Gotham City, secondé par une alliée de circonstances, CatWoman. Mais ses ambitions vont bien au-delà du simple pouvoir politique. Cobbelpot souhaite tout simplement profiter de sa position pour rayer de la carte la cité autrefois ingrate avec lui. Seul citoyen conscient du danger, Batman va devoir mettre tout en oeuvre pour renvoyer l’éclopé dans sa cage au zoo.
Batman Returns vous offre de de revisiter les principaux moments forts et environnements du film, à savoir les toits de Gotham, le grand magasin de Max Shreck ou encore les égouts et le zoo. Tous ces endroits sont bien entendu infestés par les nombreux membres du gang du cirque entraperçus dans le film : les bouffons lanceurs de grenades, les motards à tête de mort, les cracheurs de feu, les pingouins-explosifs et beaucoup d’autres. On croisera aussi des créations originales qui s’insèrent très bien dans l’univers de Batman (jokers mécaniques, gargouilles, …). La plupart des stages offriront de l’action à haute dose mais requerront aussi une bonne maîtrise du funambulisme. Batman devra fréquemment utiliser son bat-grappin pour s’accrocher aux aspérités ou escalader un bâtiment étage par étage. Il pourra aussi planer sur une longue distance, cape grande ouverte, pour calibrer les nombreux sauts de l’ange qu’il devra accomplir et retomber avec précision sur la plate-forme souhaitée. Certains stages ont le mérite d’être originaux, comme l’enchevêtrement d’escalators du grand magasin, ou la maison en ruine où il faudra progresser sur un plan diagonal, vers le haut ou vers le bas, en évitant d’être aspiré par les bouches d’aération. Reste le problème des adversaires : outre sa force physique, Batman dispose pour les contrer d’une intéressante panoplie d’armes, en nombre limité cependant (il existe heureusement de nombreuses possibilités de se recharger en cours de niveau). Au programme, les bat-boomerangs (version light et king size), des grenades paralysantes, une espèce de filin à projeter à l’horizontale et – personnellement, ma préférée – une nuée de chauves-souris qui file attaquer sauvagement l’ennemi.
Réalisation technique :
Je reste encore aujourd’hui assez partagé sur la réalisation de Batman Returns. D’un côté, Sega a visiblement fait de gros efforts pour coller de près à l’atmosphère gothique du film. On ne peut que s’incliner devant un certain accomplissement dans la mise en oeuvre de ces objectifs mais il n’est pas possible de passer outre le rendu très granuleux présent tout au long du jeu. Conséquence logique des 16 malheureuses couleurs affichables simultanément, les grattes-ciels de Gotham plongés dans le brouillard ressemblent un peu trop souvent à une bouillie informe de bleu, de mauve et de noir. Batman Returns n’est d’ailleurs pas le seul jeu Megadrive à souffrir de cet excès d’ambitions : on se souvient de Chakan, graphiquement gâché pour les mêmes raisons. Cette faiblesse graphique est regrettable car pour le reste, Batman Returns ne s’en tire finalement pas mal du tout : l’animation est correcte, les mouvements de l’homme chauve-souris sont gracieux, la bande sonore se montre plutôt inspirée et même la jouabilité, inévitablement un peu lourde comme dans tous les softs du même genre, ne parvient pas à dissuader le joueur de persévérer face au solide challenge proposé.
En bref :13,5/20
Malgré ses nombreux défauts et son visuel incertain, Batman Returns reste d’une certaine manière un soft attachant. L’ambiance est réussie, la progression est parfois surprenante et les possibilités sont relativement nombreuses pour un jeu d’action. Avec une réalisation moins problématique et une maniabilité un rien moins lourde, on aurait tenu là un hit. Batman Returns a aujourd’hui mal vieilli mais demeure quand même un spécimen globalement réussi.