Histoire de démontrer que les jeux vidéo ne constituaient le fer-de-lance d’une entreprise de subversion nippone, visant à transformer les occidentaux en hordes de gobelinoïdes lobotomisés, Sega prit la décision dès 1992 de doter sa jeune console 16-bits d’un programme à la fois ludique, éducatif et créatif, destiné à permettre aux tout petits et aux nerds irrécupérables de se livrer eux aussi aux joies de l’expression artistique, non plus sur le papier peint du salon mais sur l’écran de la télévision. Pour faire plus bref, Art alive est un P.D.A.M. (Programme de Dessin Assisté par Megadrive). Vous voilà ainsi prêt à laisser une empreinte durable sur l’art universel à l’aide de votre pad megadrive, pad que vous ne tarderez pas à haïr de toutes vos forces, tant il s’avère difficile d’aboutir à autre chose que de l’art figuratif sous cocaïne avec cette misérable croix directionnelle. Ne rêvez pas trop à l’émulation : au clavier, le résultat n’est pas tellement plus probant.
Si vous vous souvenez du vieux logiciel Paintbrush qui était disponible sous Windows 3.1., Art alive propose grosso modo les mêmes options de dessin, à savoir la possibilité d’insérer des formes (ellipses, carrés, cercles, etc ) de différentes tailles, de tracer des axes, de flanquer partout des doses de « spray », de changer la couleur du trait ou de colorer l’intérieur d’un dessin, tout cela bien entendu, en soutien du pad avec lequel vous tenterez de dessinez la structure de vos pâtés baveux.
Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un artiste en herbe, la possibilité vous est offerte d’entamer votre processus créatif sur base d’un des nombreux paysages par défaut déjà inclus dans Art Alive. Et si vraiment vous êtes une feignasse ou un manchot, Art Alive vous permettra même de régresser jusqu’au stade des décalcomanies de votre enfance, puisque la banque d’images du soft vous propose une foule de personnages (des bestioles variées, des Sonic, ToeJam & Earl, et des frimeurs californiens) animés ou pas tous prêts à être inclus au sein de vos uvres immortelles.
Réalisation technique :
Hum cela tombe sous le sens de le dire, mais graphiquement, tout dépend de vous ! Si vous êtes le Gauguin du pad, ce sera très beau ; dans le cas contraire, ce sera affreux. Plus sérieusement, on ne peut pas dire que les décors et les personnages déjà inclus dans le jeu soient particulièrement gracieux. Le principal problème de Art Alive reste évidemment que dessiner au pad tient du chemin de croix, tant cet instrument n’a pas été conçu dans ce but. Dernière faute de goût : le soft joue une abominable musique d’ascenseur dès que vous commencez à dessiner et s’arrête sitôt que vous levez le trait. De quoi brider définitivement toute fibre artistique
En bref : 03/20 : Sega avait publié Art Alive quelque temps avant que Nintendo ne dote lui aussi sa 16-bits d’un logiciel similaire et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas photo entre les deux rivaux ! Tout d’abord, Mario Paint propose une banque de données de personnages nettement plus esthétique que ceux proposés par Art Alive. Avec Mario Paint, on avait réellement la possibilité de recréer de véritables screenshots des aventures de Mario, ce qui n’est pas vraiment le cas ici, à moins que la production de Sonic et de ToeJam & Earl ait subitement été délocalisée au Tadjikistan. Mario Paint proposait également de petits ajouts bien sympathiques, comme des séquences de création musicale, un mini-jeu « tape-mouches », etc. Un choix un rien plus varié que le binôme dessin / décalcomanie proposé ici. Enfin, Nintendo avait eu la bonne idée de vendre une souris avec Mario Paint, ce qui permettait, malgré quelques défauts, de réaliser autre chose que des gribouillages illisibles. Aucune hésitation à avoir : zéro pointé pour Art Alive, sauf si vous adorez le dessin sur ordinateur et vous faire mal aux poignets