On ne présente plus Road Rash, la course de moto la plus primaire, la plus violente et la plus amorale à avoir jamais été développée au cours des années 90. Dans cette compétition sans merci et plus ou moins illégale, ni pitié ni altruisme n’ont droit de cité. Seule compte la victoire absolue, et si cette victoire se paye au prix de quelques longs mois de rééducation motrice chez vos concurrents, c’est encore mieux : ça les fera réfléchir à deux fois avant d’essayer de rouler à nouveau sur la même autoroute que vous. En cas de litige sur qui a porté le premier coup de matraque, tout le monde réglera ses comptes à la fin de la course au Panzer Klub (alias le menu d’options)…! Ce menu d’options vous permet de configurer le jeu comme vous le souhaitez, d’investir votre argent de la manière la plus adéquate, de vérifier quelles sont les prochaines courses prévues et même de tailler le bout de gras afin de vérifier, parmi le ramassis de punks et de toxicos qui osent se présenter comme vos concurrents, ceux qui vous ont à la bonne et ceux qui sont déterminés à vous faire la peau.
Les cinq courses proposées par cette version Mega-CD prennent toutes place en Californie. Les joueurs pourront donc exploser leur compteur de vitesse et les gencives du copain de comptoir dans « La ville », « La péninsule », « Pacific Highway », « Sierra Nevada » et « Napa valley », soit l’essentiel des environnements envisageables sur la côte ouest. Le système de jeu reprend celui de tous les épisodes de Road Rash à avoir précédé celui-ci. Il est donc impératif de terminer les courses en 1ère, 2ème ou 3ème position, pour espérer toucher une part substantielle du magot. Les sommes engrangées permetteront d’acheter un moto plus puissante (parmi trois catégories de monstres à deux roues) mais également de réparer les dégâts subis par votre véhicule du moment au cours de la course précédente, voire de payer les amendes si vous vous faites malencontreusement choper par la police (quelle idée de coller un coup de chaîne à ce brave motocycliste en uniforme, faut dire…!). Pour remporter la victoire, il n’y a pas de solution miracle : soit vous la jouez à l’aigle de la route et vous pilotez votre moto comme un dieu pour dépasser tous vos concurrents ; soit vous adoptez un point de vue beaucoup plus pragmatique et vous leur cognez dessus jusqu’à ce que coma s’ensuive, afin de les éliminer purement et simplement de la compétition… en gardant à l’esprit que dès que vous aurez porté le premier coup, vos victimes utiliseront tout leur temps libre à tenter de vous rendre la pareille ! Pour ceux que l’argent et les upgrades de véhicules n’intéresseraient pas, Road Rash CD offre également un mode Thrash dans lequel l’objectif est tout simplement de gagner la course par tous les moyens, sans se préoccuper de quoi que ce soit d’autre.
Il est intéressant de noter que cette version Mega-CD est un portage, non des versions 16-bits, mais bien des versions 32-bits (sur Saturn, PS1, PC et 3DO). En théorie du moins… parce qu’en pratique, on ne note aucune différence technique avec la version originale du jeu sur Megadrive.
Réalisation graphique :
On est bien d’accord qu’il était illusoire d’espérer atteindre le niveau technique des versions 32-bits, ne serait-ce que pour une simple notion de puissance technique de la console. Il n’en demeure pas moins que Road Rash CD sent un peu le foutage de gueule à plein nez. Graphiquement, il n’est pas seulement inférieur à ses cousins Saturn ou PC, il est également particulièrement hideux. Comme sur les versions Megadrive, les décors sont brouillons, mal détourés et faiblement colorés, les décors en bord de route sont figés et désordonnées et les motos n’ont rien de bien réalistes non plus. A la limite, même le Road Rash III de la Megadrive faisait mieux que cette version, en proposant des environnements plus exotiques et colorés. Pour un jeu sorti en 95, se coltiner une réalisation digne de la première version de 91 et un peu dur à avaler. Même remarque pour la sensation de vitesse : elle est identique à ce qu’on connaissait sur Megadrive, c’est-à-dire ni vraiment loupée ni franchement extraordinaire. Vu que le Mega-CD est quand même un poil plus qualifié que la Megadrive pour donner une impression de fausse 3D, on a vraiment l’impression qu’Electronics Arts s’est contenté du minimum syndical, en reprenant les routines du premier jeu avec des décors différents. Cette absence d’évolution est déjà bien énervante sur les épisodes 2 et 3 de la Megadrive ; sur CD, elle est carrément intolérable.
Jouabilité/difficulté :
Comme dans tous les Road Rash une fois de plus : c’est bien mais pas top. Le fun étant mis en avant à 200%, Road Rash ne s’embarasse ni de subtilité ni de réalisme. Les réactions de la moto sont surprenantes pour les habitués des modes de conduite plus réalistes, mais on n’y prête guère attention une fois obnubilé par l’idée de coller un pain aux autres pilotes (ce qui n’est vraiment pas possible à réaliser avec précision… comme dans les autres épisodes !).
Son :
Soundgarden, Therapy?, Monster Magnet,… Electronics Arts a déposé une valise pleine de billets sur le bureau de la World Company pour obtenir quelques morceaux de groupes rock qui fleurent bon le cuir chaud et l’huile de vidange. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça en jette un max. Dommage que les graphismes moches ne s’adaptent pas vraiment à l’excellence de la bande sonore. Quant aux bruitages, ils sont d’une qualité honnête, sans plus.
En bref : 11/20
Bien entendu, il est difficile de cracher sur Road Rash qui reste un jeu hyper fun mais cette version CD laisse quand même un goût amer en bouche. On aurait pu s’attendre à un minimum de changement : un scrolling plus fluide, des décors un peu plus travaillés, quelques changements de fonds même mais non, rien, nada, nothing. Ah si, il y a les vidéos. L’intro et les petites scénettes entre les courses ont été remplacées par des vidéos avec des vrais gens dedans. Ca nous fait une belle jambe, tiens ! Enfin, fatale erreur de la part d’Electronics Arts, les délirantes bastons motorisées en écran splitté ont été remplacées par un mode deux joueurs en alterné, dont on se demande toujours la raison d’être. Une fois de plus, le Mega-CD se montre décevant. En solo et si vous ne connaissez pas la série, vous vous amuserez avec celui-ci de la même façon qu’avec n’importe quel autre épisode de Road Rash (autrement dit, « vraiment bien » et « pas longtemps »). Si vous souhaitez avoir un Road Rash dont la durée de vie est assurée à deux joueurs, préférez-lui les n°2 et 3 sur Megadrive.