Taito a toujours mis un point d’honneur à adapter tous ses hits d’arcade sur console, parfois en dépit du bon sens, comme nous le prouve ce Night Striker sur Mega-CD. Night Striker vous fait prendre les commandes d’une sorte de véhicule supersonique, à mi-chemin entre un hovercraft et une navette spatiale et de traquer de redoutables ennemis à travers une cité futuriste à la Blade Runner. On pilote donc le vaisseau à très grande vitesse – et en 3D – au-dessus des autoroutes urbaines, des canaux, des friches industrielles et de bien d’autres endroits pas très champêtres, et on abat des escadrilles d’ennemis terrestres et aériens tout en essayant d’éviter au mieux leurs projectiles. Au bout d’un certain temps, le boss – généralement un vaisseau plus important ou un monstre mécanique - apparaît et on lui tire dessus jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ensuite, on choisit, en virant à gauche ou à droite, le niveau suivant, et c’est reparti pour un tour.
Il n’est pas possible de récupérer des projectiles différents au cours de la partie (en tout cas, vu le fouillis graphique, je n’ai rien remarqué…) et on se cantonne donc à tourbillonner tant qu’on peut en gardant le doigt crispé sur le bouton de tir et en essayant de faire la différence entre les projectiles et les cibles (ce qui n’est vraiment pas évident… ).
Réalisation technique :
Premier et unique point fort de Night Striker : sa vitesse. Le vaisseau est très rapide et le scrolling 3D défile généralement sans saccades. Voilà pour les qualités, merci d’être venus, on vous écrira. Le reste de la réalisation est, au mieux, anecdotique et au pire, intolérable. Même la bande sonore est plutôt naze. On avait connu Zuntata plus en verve. Quant à la jouabilité, à l’instar d’un G-Loc Air Battle, on a l’impression que le vaisseau est coincé autour d’un axe central et qu’il ne peut que vaguement tourbillonner autour de cet axe. De quoi restreindre encore plus l’intérêt de ce jeu très limité. Mais le pire provient des caractéristiques visuelles de Night Striker. En regardant l’image, vous vous dites certainement que tout compte fait, il n’a pas l’air si mal que ça graphiquement, ce Night Striker. Ah-ah mes enfants, c’est parce que vous ne l’avez pas encore vu en mouvement ! Pour assurer la fluidité des déplacements, Taito a été obligé de rogner violemment sur la qualité graphique. En résultat, décors comme adversaires sont épouvantablement pixellisés et, une fois en mouvement, on se prend en pleine face une espèce de bouillie de pixels grumeleux d’une laideur mystique. Pour être franc, vu la rapidité de l’action et la nullité graphique du machin, on joue en aveugle les neuf dixièmes du temps, en tirant au hasard et en bougeant sans cesse histoire d’éviter les nombreux projectiles dont la seule ambition est d’exploser votre navette. Même Space Harrier sur Master system s’en sortait beaucoup mieux… !
En bref : 2/20
En soi, Night Striker est déjà épouvantablement limité dans son principe. Un gameplay maladroit à la G-Loc Air Battle, aucune possibilité de récupérer des bonus, et des missions éternellement identiques. En arcade, un principe aussi basique tenait la route, mais justement, dans le cas présent, on n’est pas en arcade, assis avec un manche à balais dans les pattes et un écran de grande taille pour s’en prendre plein la vue. Beaucoup d’éditeurs ne l’ont jamais compris, et Taito le premier. Avec un pad et un écran standard, on n’éprouve aucun plaisir particulier à canarder des vaisseaux sans originalité de niveaux en niveaux. Comme en plus, Night Striker propose l’un des rendus visuels les plus atroces de la console (mélange de couleurs flashy, de pixels gros comme le pouce, et de trucs qui ressemblent à de la purée de lentilles clignotante : difficile de vous représenter en mots à quel point c’est moche), il vaut mieux jouer avec des lunettes de soleil, pour se protéger les yeux. Ou ne pas jouer du tout, c’est encore meilleur pour la santé…