Lunar : The Silver Star est un jeu vidéo Mega CD publié par Game Artsen 1993 .

  • 1993
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Lunar : The Silver Star

3.5/5 — Très bien par

C’est parfois un peu compliqué de s’y repérer dans certaines séries de RPG. Par exemple les Lunar. Il n’y a eu en tout et pour tout que quatre jeux, mais chaque portage ou presque change de titre. Ce tout premier Lunar a ainsi connu quatre supports et presque autant de noms.

DONJONS ET DRAGONS

Nous suivons le parcours du jeune Alex, qui en plus d’avoir un nom des plus courants, n’a pas beaucoup de personnalité non plus. Il rêve de devenir Dragonmaster (c’est un mec qui maîtrise le pouvoir des dragons et s’en sert gentiment parce que c’est un gentil serviteur de la gentille déesse Althena qui est contre les méchants qui font des méchancetés) comme son idole Dyne, point barre. En tout cas c’est toujours mieux que de vouloir être, au hasard, chaudronnier ou homme politique, et ça tombe plutôt bien parce que justement, lors d’un jeu avec ses potes il découvre un vieux dragon. Dragon qui lui explique que, comme il est le héros d’un RPG nippon, il n’a d’autre choix que de parcourir le monde afin de trucider le mec qui veut le conquérir ou le détruire (ici c’est le conquérir), et ainsi de sauver sa planète et ses habitants, y compris les trésoriers du FISC local. Bah pourquoi faire ? Ben… C’est ton destin.

LE GUIDE DU PARFAIT PETIT ROLISTE

Une chose est sûre : ce n’est pas en jouant à Lunar que vous allez vous paumer dans les commandes. Lunar, c’est le stéréotype du RPG, parfait pour découvrir ce type de jeux et d’ailleurs un truc rigolo à propos de ce jeu : il s’en est vendu quasiment autant que de Mega CD au Japon.

Bref, en tant que RPG nippon, Lunar consiste en un enchaînement ville-atlas-donjon. On arrive dans une ville, on dit bonjour à tout le monde, on s’équipe, on se repose et on va voir le gars qui va nous sortir la phrase qui va nous permettre de faire avancer le schmilblick (typiquement un truc du genre « J’ai paumé mon caleçon en fonte » ou « Qui est le salaud qui m’a chouré ma copine ? »).

Une fois qu’on a accepté la pseudo mission on sort, on arrive sur l’atlas et paf ! C’est le début des emmerdes. Impossible de faire trois pas sans qu’un écureuil aggro ou un gobelin farceur vienne tenter de nous faire la peau. C’est fou ce qu’un héros de RPG peut s’attirer comme ennemis auprès de la faune locale. Enfin bref, faut bien avancer alors on découpe du troll à mains nues et tôt ou tard on finit par avoir assez d’expérience pour grimper de niveau. Ce qui, dans un RPG, n’a pas la même signification qu’IRL, heureusement d’ailleurs : on aurait pas l’air con sinon, faudrait construire des tours exprès pour les héros de jeux de rôles, je vous dis pas le bordel.

Bref, bon gré mal gré on parvient tout de même à se tailler, trancher et éviscérer un chemin jusqu’au donjon le plus proche, qui bien sûr est celui qu’on cherche, faudrait pas dépayser le brave Alex. Dans ce donjon rebelotte, baston à tous les coins de murs, mais on peut tout de même varier les plaisirs en ouvrant un coffre, histoire de récupérer la Lame du Faucon Poilu ou l’Armure du Seigneur Podzob, qui, comme tout équipement au nom pompeux, sont respectivement la meilleure arme et la meilleure protection du jeu. Et au fin fond du dernier étage, dans un recoin au fond à droite où même les cafards n’osent pas aller, on trouve le ou les (ils sont souvent nombreux) boss, un ou des mecs qui ont un sens de l’humour très limité et qu’il faut en général pas trop les faire chier avec des questions du genre « C’est toi qu’a le calecif à Momo ? » ou « Où c’est donc que t’as foutu la gonzesse à Gérard ? ». Là forcément, baston aussi, parce que l’aspect négociation était considéré comme une sorte d’hérésie à l’époque. Au final, le mec a eu le temps de vous arracher trois bras et de vous bouffer une oreille avant de clamser, mais vous pouvez enfin récupérer / délivrer l’objet de vos recherches, puis faire machine arrière avec votre équipe de canards boiteux jusqu’au prochain village, où il faudra tout recommencer.

C’est chouette la vie de héros. Mais je m’égare. Revenons-en à nos moutons, et même à nos boutons oserais-je dire. Rien de plus simple : en combat comme en dehors, A sert à valider une commande et B à l’annuler. C ne sert que hors bataille, et permet d’appeler le menu. Celui-ci vous propose d’utiliser un sort ou apparenté (chanson ou compétence), de consommer un objet, d’équiper l’Armure de Podzob si durement acquise, de vérifier les statistiques de vos persos ou de voir s’ils sont actifs ou passifs. Rien de sexuel là-dedans hélas, il s’agit de savoir si le perso est capable d’attaquer après avoir utilisé un objet ou un sort.

En combat c’est pas beaucoup plus compliqué. Avant de vous mettre à bastonner, vous commencez par interroger votre dragounet Nall. De deux choses l’une : ou bien il vous dit que vous avez 0,003% de chances de vaincre le géant à quatre têtes et trois nez qui vous fait face(s), auquel cas il est conseillé de faire comme nos amis anglais (courir, mais dans l’autre sens) ; ou bien il vous dit que vous allez bouffer tout cru votre assaillant, auquel cas vous foncez dans le tas, ce qui ne vous empêchera pas de vous prendre une branlée si vous faîtes pas gaffe.

Une fois dans le combat à proprement parler, vous avez le choix pour chaque perso entre :

  • attaquer en automatique l’ennemi le plus proche,

  • attaquer un ennemi bien précis,

  • utiliser un sort ou une compétence,

  • utiliser un objet (que vous avez équipé sur votre perso au préalable, attention !),

  • esquiver un coup,

  • ou vous mettre dans un coin pour ne pas vous faire frapper.

Un dernier point sur les combats, sachez que les tours de jeu, puisque c’est de tour par tour qu’il s’agit, sont définis par la vitesse de vos persos et des ennemis (le plus rapide attaque en premier), et que vous devrez déplacer vos personnages pour cogner l’ennemi à l’autre bout de l’écran.

HERO DE LA LUNAR

Vous l’aurez sans doute compris à la lecture du premier paragraphe, Lunar ne brille pas par un scénario renversant. Toutefois, il est de bon ton de signaler qu’il installe une mythologie assez forte (quoique là encore convenue) et nombre d’éléments, à commencer par les NPC, seront repris dans les épisodes suivants.

Côté réalisation, on a du pour et du contre. Support CD d’accord, mais architecture Megadrive quand même, et en 93 le poids des ans commence à se faire sentir. Du coup on a des décors assez pauvres en couleurs, des sprites assez petits (mais ça c’est pas bien gênant vu que le style graphique choisi est orienté SD) et l’ensemble est un poil, voire même franchement, soyons fous, statique.

Par opposition, les musiques en qualité CD, les textes parlés et les bruitages réussis confèrent une excellente atmosphère sonore au jeu.

La jouabilité pour sa part, permet comme je l’ai dit au-dessus de rentrer dans le bain si l’on n’y connaît rien en matière de RPG nippons, mais le manque de subtilités tout au long de la partie pourrait finir par en lasser certains. Pour faire court, Lunar est très abordable mais très limité.

Malgré tout le jeu est bien construit, la difficulté augmente crescendo mais n’atteint pas non plus des sommets de frustrations. L’aventure est assez courte, manquant surtout de quêtes secondaires pour se dégourdir les pattes.

En conclusion, on peut conseiller Lunar au joueur débutant ou à celui qui n’a pas envie de se prendre la tête. Le client-type ne devra pas non plus être trop regardant niveau qualité, mais il se pourrait alors qu’il se prenne d’affection pour ce petit jeu sans lendemain. Et qu’il se jette ensuite sur le lendemain qui est quand même venu : le très bon Lunar 2 Eternal Blue qu’il pourra lui aussi trouver sur Mega CD, Saturn et Playstation, mais pas sur GBA.

Lunar : The Silver Star