Dans l’histoire japonaise, l’ère Keio se déroula approximativement de 1865 à 1868, une période charnière qui vit le Japon s’ouvrir à l’Occident pour la première fois depuis de nombreux siècles, suite à l’arrivée d’une flotte américaine dans la baie de Tokyo. La période qui suivit, l’ère Meiji, fut une véritable marche forcée vers la modernité, qui vit s’affronter partout dans l’archipel les tendances rénovatrices et les tenants de la tradition.
Cette période fut une rupture décisive dans l’histoire nippone, et marque toujours profondément l’inconscient collectif japonais. On ne sera donc pas surpris de voir cohabiter, dans l’univers farfelu de Keio’s Flying Squandron (Keio Yuugekitai au Japon), des symboles du Japon éternel (bonzes sur leurs nuages, bouddhas géants, jonques en bois rouge) et des signes de « l’invasion » occidentale, à commencer par ce cuirassé de guerre américain et ces hélicoptères qui évoquent plus la guerre du Vietnam que le XIXe siècle
Comme vous avez surement pu le deviner à la lecture de ces quelques lignes, Keio Flying Squadron est un shoot them up assez original qui se déroule dans une version fantasmagorique de cette période de l’histoire. Le joueur dirige la jeune Rami Nana-Hikari, une jeune fille au look de lapin Playboy, dont la famille est détentrice d’un trésor sacré depuis de nombreux siècles. Or, suite à une défaillance de Rami, le trésor sacré est dérobé par le Dr Pon, un tanuki avec quelques idées de grandeur coincées dans le cervelet. La honte s’abat sur Rami et, pire, elle est privée de dessert par sa sorcière de mère ! Du moins, c’est ce que l’on comprend à la vision de la longue et amusante introduction de Keio Flying Squadron.
Il ne reste plus à la jeune héroïne qu’à enfourcher Pochi, sa feignasse de dragon domestique, et à partir explorer le vase monde (circonscrit à l’archipel nippon, ce qui n’est déjà pas si mal). Comme dans Cotton 100% ou Parodius, l’action se place dans un univers totalement loufoque, aux paysages et à la population bizarre, qui mélange allégrement technologie et tradition. On détruit de pleines escadrilles de petites bestioles étranges, des bouddhas montés sur chenille, des canons antiaériens planqués dans des pavillons de bambou, on ramasse des bonus de tir alternatifs et des power-ups, et on affronte un boss et des sous-boss au cours des différents stages. Une recette basique mais qui fonctionne toujours à merveille.
Outre les nombreuses possibilités de tir, plus ou moins rapides et plus ou moins puissantes, Rami et Pochi disposent de deux modules de soutien, incarnés par de minuscules dragons. Ces deux dragonneaux remplissent leur rôle de module de soutien comme il se doit mais il est également possible de les sacrifier en lançant une attaque « kamikaze » qui pulvérisera tout ce qui se trouve dans la ligne de visée de Rami. Les dragonneaux eux-mêmes pulvérisés réapparaissent cependant automatiquement : il suffit simplement de s’arrêter de tirer pendant quelques secondes.
Réalisation technique :
Un univers attachant et original, peut-être un brin moins déjanté que celui de Parodius, mais qui démontre quand même une belle imagination de la part des programmeurs, une qualité graphique qui fait honneur à la console, un scrolling impeccable la plupart du temps (à défaut d’être vraiment rapide), une jouabilité sans le moindre reproche et, bien entendu, une bande sonore totalement délirante, pleine d’instruments traditionnels japonais et de mélodies rigolotes : Keio Flying Squadron est un shoot them up dont la réalisation n’est pas loin d’atteindre la qualité graphique de la Super NES, tout en s’avérant bien supérieure aux specimens de cette console au niveau de l’animation et du son.
En bref : 17/20
Keio Flying Squadron est un excellent petit shoot them up, d’une grande originalité graphique et dépourvu de tares de naissance. Les sprites sont très imposants à l’occasion, les possibilités de tir et les power-ups sont en nombre suffisant et on passe un très bon moment à évoluer dans cet univers coloré et amusant. Loin de recourir à une surenchère d’effets spéciaux comme un ThunderForce IV ou un Axelay, Keio Flying Squadron tire sa réussite de sa simplicité et de son côté auto-parodique. Dans le même esprit sur Mega CD (et même sur Megadrive, surtout fournie en shoot sérieux), il n’y a pas foule au portillon. Pour toutes ces raisons, Keio Flying Squadron vaut amplement le détour. Seul petite réserve : malgré le grand nombre de niveaux, il est dommage qu’il soit aussi facile à terminer !