La série des Make My Video fut l’une des rares séries de jeu à destination du Mega-CD à réellement tirer profit de ce nouveau support. Il ne s’agit d’ailleurs pas à proprement parler d’un jeu tel qu’on l’imagine, mais plutôt d’un programme original réellement inclassable. Les Make My Video font certes appel très légèrement à vos réflexes ou plutôt, à votre présence d’esprit, mais l’élément qui sera le plus mis à contribution est votre sens artistique. Ben oui, avec Make my video, vous voilà promu réalisateur de vidéo-clip !
Le petit film d’introduction s’efforce de poser le décor dans un style kitch de série collège américaine à deux balles. La scène se passe dans un bar-snooker où deux pétasses en tenue vaguement baywatch (appelons-les Donna et Sherylin) reluquent amoureusement (mais l’air-de-ne-pas-y-toucher-on-est-dans-une-série-américaine-quand-même) un pack de crétins de surfers accoudés au zinc (appelons les Brandon, Dylan et Brice). Soudain, deux autres radasses en tenue Hard-FM font irruption dans le tripot (Zara et Razor) et défient les deux précédentes. Le défi est de réaliser le meilleur clip possible sur un tube d’INXS, l’enjeu est la couenne de ces pauvres surfers qui n’en demandaient pas tant.
Pour devenir le nouveau Anton Corbijn du vidéo-clip de cuisine, le principe est très simple. L’écran de jeu principal contient un grand moniteur de télévision, celui de « votre futur clip » et trois petits moniteurs juste en dessous, qui diffusent des images très variées. Il peut s’agit d’extraits vidéo d’INXS en live, d’extraits de dessins animés, de bouts de films avec des animaux, des machines, des usines, des gens de tous âges, dans toutes les attitudes imaginables, se livrant à des activités variées, des objets, des sports… tout et n’importe quoi en fait. A l’aide des trois boutons, on peut rapidement passer de l’un à l’autre écran, afin de définir l’image qui sera diffusée sur l’écran principal. Tout le challenge repose sur le principe que l’arrêt sur image est impossible. Les différents extraits vidéos défilent sans arrêter jusqu’au terme de la chanson, et il faudra être attentif et rapide pour « capturer » l’image désirée pour votre clip maison.
La réalisation du clip ne s’arrête cependant pas à un simple patchwork de vidéos sans queue ni tête. Sur le côté gauche de l’écran principal, vous disposez d’un menu vous permettant de travailler sur la vidéo elle-même. Là aussi, tout se fait en temps réel, et il faudra avoir une idée aussi précise que rapide de la manière dont on souhaite triturer le visuel du clip. Les différentes possibilités offertes sont de modifier la couleur dominante du clip vers des teintes vertes, bleues ou rouges, de le ralentir ou au contraire de l’accélérer, voire de faire défiler la bande à l’envers. Vous pouvez aussi altérer l’image en la pixellisant, la désorganiser en deux parties inégales, horizontalement et verticalement ou encore, lui conférer un rendu flou. Il est bien entendu possible de combiner plusieurs de ces actions entre elles, de manière à obtenir le maximum de possibilités « artistiques ».
Une fois la chanson terminée, vous pouvez visualiser votre bébé après montage et finalement, recevoir l’appréciation du jury, les surfers idiots évoqués plus haut. Sur quels critères votre œuvre immortelle sera-t-elle évaluée ? Mystère et boule de gomme…
A noter qu’INXS n’était pas le seul groupe auquel fut consacré un jeu « Make my video ». Dans la même série sur Mega-CD, Kriss Kross, Marky Mark et C&C Music Factory eurent également droit à cet honneur. Vous comprendrez aisément qu’entre deux rappeurs nains aussi éphémères que mal fringués, un primo-délinquant boyzbandesque et deux requins de studios, mon choix se soit légitimement porté sur le célèbre groupe australien…
Réalisation technique :
On le sait, le Mega-CD n’a jamais été très fortiche pour les vidéos. La palette de couleurs limitée de la megadrive et sa définition graphique insuffisante ont vite montré leurs limitations en la matière. Les films ont toujours été correctement animés, mais en résumé, le rendu des séquences vidéo Mega-CD ressemblait un peu à ce qu’on a en face des yeux quand on est complètement bourré devant la TV.
Make my video fait ce qu’il peut, et le film d’introduction, tout granuleux et mal coloré qu’il soit, reste potable ou en tout cas, lisible. Ca se gâte un peu plus au niveau de l’écran de jeu en lui-même. Parfois, il faut vraiment se concentrer pour déterminer ce qui s’agite sur les trois petits écrans du bas. Le fait que ces séquences filmées soient parfois en noir et blanc ou assez psychédéliques n’arrange pas les choses, et quand on triture l’image pour lui donner un cachet arty, ça ne ressemble la plupart du temps à rien ! Niveau son, c’est du tout bon évidemment, support CD oblige, mais pour bien en profiter, il faudra tout de même comprendre l’anglais parlé par les bouseux de Californie… et aimer INXS évidemment !
En bref : 08/20 :
Make my video était une expérience originale, totalement novatrice pour l’époque. Même quand on y joue aujourd’hui, on est surpris et intrigué par ce drôle de logiciel, qui ne ressemble à rien de connu. Evidemment, à cause des capacités limitées du Mega-CD, le visuel en lui-même n’est pas très confortable, mais on s’en sort quand même. Le principe est basique, les commandes sont très simples à piger et il y a moyen de faire pas mal de choses différentes avec les clips. Néanmoins, après quelques tentatives amusantes, on commence très vite à s’ennuyer et on passe à autre chose. Réaliser des clips, c’est marrant une heure, mais pas davantage… d’autant plus que vu la définition de la vidéo, même le clip le plus génialement inventif de l’univers restera malgré tout un clip moche ! Le plus grand regret provient aussi du fait qu’il n’y ait que trois chansons disponibles pour pouvoir exprimer votre créativité (et pas les meilleures : Heaven sent, Not enough time et Baby don’t cry. Devil inside et Original sin, c’était du pâté ???). A essayer quand même, par curiosité.