Une terrible menace pèse sur la grande cité d’Eauprofonde, une menace qui se tapit dans les profondeurs de Montprofond en la « personne » du terrifiant Beholder (« Spectateur » ou « Tyrannoeil » en français, une créature sphérique dotée de neuf pédoncules oculaires, de pouvoirs magiques terrifiants et d’une intelligence surhumaine) Xanathar. Les seigneurs d’Eauprofonde prennent rapidement la décision de recruter une compagnie de quatre aventuriers courageux, afin de défaire les forces du mal dans leur antre. Vous pouvez configurer cette équipe vous même, selon les règles AD&D 2è édition. Dans le cas contraire, la compagnie par défaut sera constituée d’un guerrier, d’un voleur, d’un mage et d’un prêtre. Ayant commencé à explorer les égouts d’Eauprofonde, la petite équipe constate avec angoisse que leur accès au monde extérieur s’est éboulé derrière eux. Leur seule issue se situe droit devant eux, dans les profondeurs ténébreuses de l’antique cité. Le Mega-CD manquait de RPG jusqu’alors ? Eye of the Beholder y a remédié, et avec classe en plus. N’oublions pas que durant la première moitié des années 90, il s’agissait d’un des RPG de type « donjon » les plus renommés.
Voilà donc votre petite équipe forcée d’explorer un redoutable réseau de galeries truffées de pièges à destination des aventuriers un peu trop curieux, et peuplé des traditionnels gobelins, vers des profondeurs, morts-vivants et autres elfes noirs. Si, au détour d’une galerie humide, on croise relativement souvent cette populace destinée à être inscrite au grand tableau de chasse de la compagnie, Eye of the Beholder ne repose pas sur cette énervante habitude qu’ont les RPG console de générer des rencontres aléatoires en nombre infini. Un étage nettoyé de toute présence hostile le reste dans la plupart des cas, du moins tant que l’on ne quitte pas la zone. Les dédales font surtout la part belle aux pièges et aux mécanismes vicieux, aux portes scellées, aux murs en trompe-l’il et autres dalles à actionner en déposant un objet lourd dessus. Tout cela évoque fortement une version primitive de Lands of Lore. Après la parution des deux premiers Eye of the Beholder, Westwood Studios rompit son contrat avec SSI pour divergences artistiques et lança sa propre série des RPG - les Lands of Lore justement - ceci pouvant expliquer cela
Les rôlistes en herbe retrouveront tous les éléments habituels des jeux de rôle qui suivent les règles d’Advanced Dungeons & Dragons : les attirails de crochetage des voleurs, les sorts de mage et de prêtre à mémoriser pendant la nuit. Eye of the Beholder inclut en outre l’obligation pour vos personnages de s’alimenter de temps à autre pour ne pas mourir d’inanition.
Réalisation technique :
Evidemment, le seul horizon de la compagnie d’aventuriers sera une succession de murs (rocheux ou en briques), de sol (caillouteux ou boueux) et de portes (en fer ou en bois). Eye of the Beholder est donc par définition un peu monotone visuellement. Cependant, les donjons possèdent suffisamment de légers détails (qu’il s’agisse de grille d’égouts, de runes sur les murs, d’interstices ou de pancartes, pour que l’on s’y retrouve un peu plus facilement que dans un Shining in the Darkness par exemple, aux parois éternellement identiques. Heureusement d’ailleurs, car la carte n’est disponible que si on parvient à la trouver dans un coffre ou sur le cadavre d’un ennemi. Quant aux déplacements, ils sont en image par image pure et dure, sans même l’illusion d’un déplacement comme dans Shining in the Darkness ou Lands of Lore, et finit rapidement par perdre le sens de l’orientation. Alors que la version originale ne proposait pas de musique, ce portage Mega-CD fournit des thèmes d’inspiration médiévale mais relookés à la sauce techno ! Pas foncièrement désagréable mais un peu perturbant quand on est occupé à crapahuter dans un donjon humide ! Les bruitages, tout comme dans Lands of Lore, sont efficaces et contribuent à l’ambiance oppressante du jeu. On met un certain temps à s’y retrouver dans les différents menus, pas toujours très instincitfs mais une fois qu’on a compris le truc, tout se passe bien. Il est par contre dommage qu’on ne puisse pas se déplacer dans le donjon avec la croix directionnelle. Il faut utiliser les différentes touches de direction situées en dessous de la fenêtre de jeu, ce qui a tendance à être un peu lourd à l’usage.
En bref : 15/20
Eye of the Beholder est un RPG mythique qui conviendra tout autant aux néophytes qu’aux joueurs chevronnés. L’univers AD&D est toujours aussi efficace, la progression est intéressante, surtout en raison des nombreux pièges qui nécessitent un minimum de réflexion, et le jeu possède tout ce qu’il faut pour captiver le joueur de base. Certes, par rapport à des merveilles comme Chrono Trigger, Phantasy Star IV ou Secret of Mana, Eye of the Beholder reste limité et accuse tout de même son âge vénérable, mais il est rare de rencontre un RPG donjon aussi réussi sur console. Une très bonne adaptation d’un très bon jeu, quoique un peu lourde à manuvrer et musicalement surprenante !