En 1993, Eternal Champions avait été propulsé dans l’arène Megadrive, sous le tir nourri d’un énorme battage médiatique qui le présentait comme le rival de Street Fighter II et peut-être même celui qui jetterait à bas le monopole qualité détenu par le jeu de Capcom. Malgré de très bonnes idées, le jeu avait pourtant déçu une large proportion de joueurs, sa jouabilité lourde et ses graphismes granuleux lui ayant ôté toute chance de devenir incontournable. A l’inverse, ce portage Mega-CD, ultime témoignage d’une machine en perdition, passa complètement inaperçu, alors même que Sega avait réussi à gommer la plupart des imperfections du jeu original.
Eternal Champions consiste en un tournoi organisé par l’entité connue sous ce nom, longtemps après que la race humaine ait disparu de l’univers. Dans le premier jeu, 8 grands guerriers venus des différentes périodes de l’histoire – des âges primitifs jusqu’au XXIVème siècle pour être plus précis – avaient été rassemblés pour s’affronter jusqu’à ce que seul le meilleur d’entre eux soit encore en lice. La particularité des ces combattants tient à ce qu’ils ont tous connu une mort violente et prématurée, alors qu’ils possédaient en eux la capacité de changer le cours de l’histoire. Le vainqueur du tournoi se verra offrir une seconde chance afin de reprendre le cours de son existence et, par l’infime modification qu’il apportera au continuum spatio-temporel, d’influer sur le funeste destin de l’humanité. La version Mega-CD ajoute à ce synopsis original la présence du pendant maléfique de l’entité, le Dark Champion, qui se satisfait parfaitement du néant en vigueur dans l’avenir et se tient à l’affût, prêt à éliminer le vainqueur du tournoi. Histoire d’augmenter ses chances de déjouer les caprices du destin, l’Eternal Champion a recruté quelques duellistes supplémentaires : Riptide la corsaire italienne, le pharaon Ramsès III, une prêtresse vaudou du nom de Raven, Dawson le chasseur de primes du Far-West, et quelques autres guerriers cachés à débloquer au fil des combats.
Au niveau des modes de jeu, Eternal Champions propose le menu familial de tout jeu de combat qui se respecte : mode solo, versus et grand tournoi. Le portage Mega-CD inclut en outre de nouveaux types de fatalités – lorsque l’adversaire est étourdi par une attaque très virulente – en supplément des fatalités « coup final » qui existaient auparavant.
Réalisation technique :
Sega a tenu compte des nombreuses critiques qui s’étaient exprimées à l’époque de la sortie d’Eternal Champions sur Megadrive, et a tenté d’y remédier… avec plus ou moins de succès suivant les secteurs. On constate effectivement que les décors ont été revus et corrigés, mais ces modifications sont plus de l’ordre du détail qu’autre chose. Ce sont principalement les couleurs qui ont été ré-agencées, de même que certains effets spéciaux comme les bancs de brume dans le stage de Xavier. Si Eternal Champions CD possède toujours cette caractéristique technique spéciale qui lui permet d’afficher un plus grand nombre de couleurs simultanément que n’importe quel autre jeu Megadrive (256 couleurs, comme sur Super NES), force est de constater que la résultat final n’est pas forcément plus probant. On remarque quand même un rendu général moins granuleux que sur Megadrive, mais l’évolution est plutôt légère. En revanche, l’animation a été améliorée et le jeu est beaucoup plus fluide et rapide que jadis. On ne souffre plus de ces très légers « arrêts sur image » d’une fraction de seconde lorsqu’on réussit à porter un coup avec succès. A vrai dire, les combats atteignent presque le rythme et la vitesse d’un Street Fighter II Turbo ! Si on ne retrouve pas tout à fait la perfection du hit de Capcom au niveau de la jouabilité, il est évident que cette dernière a également subi une fameuse remise à niveau. Les personnages semblent moins lourds qu’auparavant, et les coups s’enchaînent avec l’aisance qui faisait défaut à la version Megadrive. Il est à présent possible de frapper un adversaire en plein vol et à peine retombé au sol, de lui coller un direct suivi d’un balayage en moins de deux secondes. Ce genre de combo imparable était rigoureusement impossible à réaliser dans la version précédente. Cependant, les manipulations requises pour les coups spéciaux restent toujours aussi difficiles à réaliser et le mode solo offre un challenge incroyablement élevé. Seuls les experts en jeux de combat sauront gérer correctement les redoutables adversaires du mode solo. La bande sonore propose des thèmes metal technoïdes très intéressants dans l’ensemble (et différents de ceux de la version Megadrive), mais les bruitages sont restés identiques à ce qu’ils étaient sur cette machine. Et c’est bien dommage.
En bref : 16/20
En solo, Eternal Champions est un jeu destiné aux joueurs ayant une sérieuse expérience des jeux de combats, ceux que Goro a fait doucement sourire dans Mortal Kombat et qui se bouffent deux Bison et trois Sagat au petit déjeuner. Les débutants risquent fort de trouver la violence et la précision de leurs adversaires plutôt déroutante, voire même douloureuse ! Il ne leur restera plus qu’à se rabattre sur le mode Vs, principal garant de la durée de vie des jeux du genre. Et là, on peut dire que Sega ne s’est pas fichu de nous. En dépit d’une qualité graphique toujours un peu douteuse, toutes les autres caractéristiques du jeu ont été revues en profondeur. Avec sa toute nouvelle rapidité et ses collisions bien mieux gérées, Eternal Champions a fait peau neuve et peut à présent rivaliser avec les plus grandes références du genre. Seule la complexité des combats et la difficulté de maîtriser efficacement les différents personnages peut légèrement entacher ce soft d’un très bon niveau. Niveau décorum, n’oublions pas de mentionner de sympathiques vidéos qui permettent d’en apprendre un peu plus long sur le destin tragique des différents protagonistes. Bref, si vous faisiez partie de ceux qui n’avaient été que moyennement convaincus par la version Megadrive, cette adaptation Mega-CD pourrait bien vous réconcilier avec la série !