Double Switch est un jeu vidéo Mega CD publié par N/Cen 1993 .

  • 1993
  • Inclassable

Test du jeu vidéo Double Switch

2.5/5 — Moyen par

Deuxième jeu en FMV à être sorti sur Mega-CD, Double Switch reprend rigoureusement le principe du fameux Night Trap, à savoir la surveillance électronique d’un bâtiment couplée à certaines interventions qu’il faudra opérer au moment crucial afin d’empêcher les méchants de l’histoire de triompher. Dans Double Switch, il n’est cependant plus question de jeunes adolescentes en tenue légère et de pseudos-vampires assoiffés de sang, mais bien des résidents d’un manoir et de tueurs de la mafia. L’action prend place dans un vieux bâtiment néo-classique transformé en complexe d’habitations. Ce building renfermerait, selon la rumeur, un précieux artefact égyptien, que la mafia aimerait s’approprier par n’importe quel moyen. L’objectif est bien entendu de protéger les résidents de l’endroit des infiltrations successives des malandrins. Heureusement pour vous, parmi les locataires apeurés se trouve un petit génie de l’électronique, Eddie, qui s’est barricadé dans les caves après avoir truffé les différents lofts de caméras et de pièges. Ces pièges sont dissimulés dans des endroits aussi anodins que le feu-ouvert de l’appartement, un tapis ou un disjoncteur électrique, et peuvent tous être actionnés depuis le centre de commande où vous vous trouvez.

En gros, votre tâche sera de surveiller par caméra interposée les différentes pièces de l’immeuble dans lesquelles les bandits sont susceptibles de pénétrer. Le plan général de la construction est situé à gauche de l’écran et vous indique en permanence la position des locataires et des intrus dans le bâtiment. Une fois la vue centrée sur une pièce occupée par un ennemi, il faudra charger le piège requis au bon moment, afin que le sbire de la camorra se prenne les pieds dedans. Le jeu se déroule évidemment en temps réel : pendant que vous surveillez une pièce en particulier, les locataires des autres appartements et les mafiosi mènent leur vie indépendamment de vos actions. Il sera vital d’intervenir au bon moment ou plutôt, de mémoriser les déplacements de vos adversaires (qui ne varient pas d’une partie à l’autre) de manière à avoir toujours une longueur d’avance sur eux. Après son premier échec, la mafia ne se découragera pas pour autant et tentera de nouvelles actions, beaucoup plus déterminées que les précédentes. Il ne manque plus à cet imbroglio que l’arrivée inopinée d’une momie vadrouilleuse pour que le respectable bien immobilier prenne les allures d’une fiesta du samedi soir chez la famille Addams…

Réalisation technique :

Connaissant la faiblesse pathologique du Mega-CD pour offrir des FMV de bonne facture, on peut raisonnablement s’estimer très satisfait de Double Switch. Le rendu granuleux de l’image, qui massacre les trois quarts des jeux Mega-CD, se fait ici très discret, et on profite, une fois n’est pas coutume, de séquences filmées d’une qualité plus qu’honorable. Pour un jeu exclusivement basé sur la vidéo, c’est plus pratique, faut dire… Les acteurs s’en tirent correctement même si le principe de cette succession de brèves séquences leur interdit toute ampleur shakespearienne. Non, je déconne, on n’est pas en face de Ian McKellen ou Ian Holm et c’est évidemment très / trop théâtralisé comme d’habitude, mais n’oublions pas qu’il a fallu un certain temps pour que les acteurs impliqués dans des jeux vidéo se rendent compte qu’il n’était pas obligatoire d’en faire des tonnes. A noter aussi dans le casting, la présence de Corey Haim, jeune premier des années 80 un peu oublié aujourd’hui, et de Debbie Harry, chanteuse de Blondie, dans le rôle de la matrone du 1er étage. La bande sonore est également soignée, avec des musiques qui semblent tirées d’un film d’horreur de série B (Musiques que l’on doit à Thomas Dolby, claviériste synth-pop et mercenaire de studio assez réputé) et des dialogues parfaitement audibles à condition de disposer d’un niveau minimal en anglais. Reste le principe de jeu en soi qui, comme d’habitude aussi, se révèle assez simplet à l’usage. Durant les premières parties, on est positivement intrigué par cet étrange gameplay qui demande que l’on surveille toutes les pièces de la demeure et que l’on enclenche les pièges au bon moment pour capturer les malfrats. Mais une fois la surprise passée, on se retrouve comme dans Night Trap à subir sans fin ces vidéos dans un ordre prédéfini et à râler parce qu’on n’a pas songé à regarder le plan et qu’un bandit a réussi à couper le courant. La progression fonctionne par essais successifs et on ne parvient à avancer dans le scénario qu’en mémorisant les appartements dans lesquels il faudra intervenir dans le bon ordre. Cela passait à l’époque, quand on était encore émerveillé de pouvoir jouer à un « film interactif » mais aujourd’hui, ce système de jeu pour le moins répétitif ne suscite plus qu’une curiosité fatiguée.

En bref : 10/20

Comme d’habitude avec ce type de produits, le principe de Double Switch est original et très attrayant durant les premières parties. Comme d’habitude aussi, c’est fondamentalement limité et l’intérêt s’étiole très rapidement. On ne mettra pas en cause l’ambiance ou la réalisation du soft : tout a été très soigné mais ce gameplay qui oblige le joueur à progresser par tentatives successives et mémorisation des séquences ne fait pas long feu. On s’emmerde au bout de quelques parties à subir pour la énième fois les mêmes vidéos et à appuyer mollement sur le bouton au moment requis. Si vous étiez fan de Night Trap, Double Switch, moins kitsch, devrait tout de même vous satisfaire. Dans le cas contraire, il est à considérer comme une tentative maladroite de plus de créer un jeu exclusivement en FMV, à une époque où on ne jurait que par la sacro-sainte « interactivité ». A télécharger si vous souffrez d’un excès de bande-passante (presque 400 Mo, l’animal !),

Double Switch