Célèbre film de 1993, dans lequel Sylvester Stallone s’offrait pour une des dernières fois le rôle d’un justicier au regard éveillé, Demolition Man fut un film d’action comme seul Hollywood sait les concocter : avec suffisamment de fric claqué en explosions et destructions diverses pour rembourser la dette des pays du tiers monde. Si tout le monde se souvient bien, le film s’ouvre sur une séquence apocalyptique. Dans un décor de bas-fonds industrialo-résidentiels comme les Etats-Unis semblent en posséder des milliers, John Spartan, le meilleur flic d’élite de Los Angeles affronte et tente de capturer Simon Phoenix, la pire racaille de Los Angeles. Ca tire de partout, ça explose dans tous les coins, les bâtiments s’effondrent, les corps jonchent le sol c’est un film avec Stallone, quoi ! Finalement, Spartan parvient à capturer Simon Phoenix, mais de nombreux innocents ont péri dans l’échauffourée. En châtiment de cette bavure, Spartan est condamné, tout comme sa némésis Phoenix, à être cryogénisé jusqu’en 2032. Lorsqu’ils se réveillent, les deux hommes constatent que Los Angeles est devenue une métropole pacifique et aseptisée, d’où toute violence a été bannie. Spartan est réintégré dans le L.A.P.D. avec pour consigne de réfréner ses instincts belliqueux d’homme du XXe siècle. Phoenix, plus pragmatique, y voit l’occasion en or de reformer un gang criminel invincible et de dominer une société qui a oublié comment combattre le crime. L’unique homme, en cette année 2032, qui se souvient encore de la manière dont on tabasse les suspects et colle discrètement une balle entre les deux yeux des criminels est bien entendu John Spartan, qui est envoyé par le Conseil supérieur de la cité régler à sa manière le problème insoluble auquel fait face la paisible cité.
Dans le jeu également, tout débute par une séquence très explosive. On fait évoluer Spartan dans un décor urbain ravagé suivant les principes classiques des jeux d’action. Sur le chemin vers la fin du niveau et Phoenix, on se livre à des sauts accroché à un cable, on saute par-dessus des portions de bâtiment enflammées, on ramasse des armes (Magnum, Uzi, Riotgun, etc ) et des grenades et on crible de balles les maladrins qui tentent pathétiquement de se dresser sur votre chemin. L’action est très rapide : les multiples explosions et la bande sonore tonitruante filent décharge d’adrénaline sur décharge d’adrénaline, et la progression ne souffre d’aucun temps mort. A ce titre, on peut affirmer sans trop se tromper que le jeu porte bien son titre : tout le gameplay suinte le massacre et la démolition à grande échelle ! Changement de style pour le stage suivant. Après une vidéo tirée du film., on se retouve en 2032. Phoenix essaie de se procurer des armes dans le musée municipal et Spartan tente de l’en empêcher. On passe alors en vue aérienne pour un classique clone de Mercs. Les armes sont identiques et il faut sauver des otages. Là non plus, on ne fait pas dans le détail : les ennemis arrivent par dizaines et on fait de grands trous dans leurs rangs en tirant rafale sur rafale. Les stages se déclinent successivement selon l’un ou l’autre format. Dans tous les cas de figure, cela ne s’arrête pas une seconde de canarder dans tous les sens, et c’est tout ce qu’on demande à un soft s’appelant Demolition Man !
Réalisation technique :
Demolition Man possède de la gueule graphiquement, c’est indéniable. Cependant, en y réfléchissant bien, cette impression positive tient surtout au fait que l’atmosphère du film est parfaitement retranscrite et que les explosions et les corps déchiquetés fusent dans tous les sens, bien plus qu’à de quelconques prouesses de programmation. Les sprites sont quand même assez petits et on a connu nettement plus mieux sur la console. Quant aux décors, ils restent un peu brouillons et souffrent de l’inévitable effet granuleux des jeux Megadrive qui veulent en faire trop. Reste que dézinguer tout ce qui bouge, décors compris, pour le simple plaisir de faire apparaître des étincelles et des flammes partout à l’écran contrebalance l’esthétique moyenne de Demolition Man. Cette impression positive ne concerne cependant que la séquence action traditionnelle. Le clone de Mercs est beaucoup moins convaincant. Les sprites sont trapus et grossiers et le côté cartoonesque des décors tranche avec le réalisme du jeu d’action. Le parti pris graphique rappelle un peu celui de True Lies, la finesse en moins. Sans compter que les ralentissements durant cette phase de jeu virent parfois à l’intolérable.
La bande sonore est également en demi-teinte : les musiques sont correctes, s’adaptent bien au rythme ébourriffant du jeu, mais les bruitages sont quelconques et désagréablement crachotants pour le Mega-CD. Point noir du jeu : la jouabilité est très loin d’être optimale. Le tir multidirectionnel s’avère comme toujours plutôt imprécis, de même que les sauts. La situation est encore pire dans la séquence de commando, où on a l’impression en permanence de tirer au hasard. Heureusement, l’imprécision des commandes se retourne souvent à votre avantage, et les ennemis trépassent quand bien même le projectile les a manqués de quelques millimètres. Au niveau de la difficulté, le jeu souffre également de quelques problèmes. Alors qu’on progresse relativement régulièrement, on se retrouve parfois face à une situation d’une extrême difficulté sur laquelle on coince un bon bout de temps avant de trouver la bonne marche à suivre.
En bref : 12/20
Malgré ses nombreux défauts techniques et sa jouabilité imparfaite, Demolition Man reste assez sympathique dans sa phase action, surtout grâce à sa violence et son rythme très soutenu. Les niveaux qui ressemblent à Mercs sont en revanche ratés et ennuyeux au possible. Cependant, Demolition Man n’est pas non plus le jeu d’action du siècle, surtout quand on songe qu’il est sorti en 1995. Techniquement et ludiquement, on est très loin d’un Terminator sur la même console, et on se lasse très vite de ce jeu d’action qui manque un peu de classe. Dommage pour une fois que les vidéos tenaient la route sur Mega-CD