Encore un blockbuster du cinéma hollywoodien adapté pour les consoles pour le meilleur et – surtout – pour le pire. C’est étrange mais alors que le film restait relativement sympa, Cliffhanger fait partie de ces softs dont on sent instinctivement tout le potentiel daubesque. Faut dire que la division jeux vidéo de Sony, à ses débuts, n’était pas réputée pour autre chose que son savoir-faire pour vider le portefeuille des joueurs avec des crasses à grosse licence.
Petite remise en mémoire des tenants et des aboutissants du film qui ramena Stallone sur le devant de la scène. Gabe, ancien guide de haute montagne dans les Rocheuses, est traumatisé de la vie depuis qu’il a accidentellement laissé mourir la copine de son pote Hal lors d’une balade sur les sommets. Alors qu’il repasse dans la région quelques temps plus tard, Gabe apprend que Hal est parti aider les survivants d’un crash aérien alors qu’une tempête de neige fait rage. N’écoutant que son courage (on répète après moi, avec la voix off des bandes-annonces de film Disney : « Une histoire d’amitié, de fidélité et de courage »), Gabe rattrape son ami et ils partent tous les deux sauver les naufragés des montagnes. En fait de naufragés, les innocents touristes se révèlent être un groupuscule terroriste qui, suite à un cambriolage de haut vol, ont été abattus par un avion du FBI et se sont écrasés dans une région difficile d’accès. Les bandits comptent bien utiliser l’expertise des deux hommes pour récupérer leur butin, qu’ils ont stupidement largué par dessus bord alors que l’avion était en perdition. Gabe et Hal sont fait prisonniers et, sous la menace de voir son pote être exécuté, Gabe est prié de jouer au voltigeur pour aller récupérer la malette pleine de dollars au sommet d’un pic rocheux. Manque de pot pour les bandits, Gabe se rappelle en cours de route qu’il est également Sylvester Stallone, et que tout son être lui hurle d’éliminer ses adversaires un à un avant de remettre l’argent aux autorités.
En pratique, cette version Mega-CD reprend la version 16-bits de base, à savoir un Beat them all bancal dans lequel Gabe traversera des paysages enneigés en lattant tous les membres – clonés en quelques dizaines d’exemplaires – du commando terroriste. Le personnage pourra utiliser quelques armes, comme des couteaux et des armes à feu, et cette interminable succession de pains dans les gencives sera agrémentée de quelques sauts au dessus de précipices et de quelques séquences de grimpette le long d’une falaise défendue par des tireurs embusqués. L’ajout de cette version CD repose sur les séquences de courses en 3D. Juché sur une sorte de surf des neiges, Gabe devra descendre une pseudo-pente à pleine vitesse en évitant ou en sautant par dessus des dizaines d’obstacles. S’il heurte l’un de ces obstacles, Gabe sera ralenti et risquera alors d’être rattrapé par l’avalanche qui gronde derrière lui. Un compteur permet de suivre en permanence les positions respectives de Gabe et de l’avalanche.
Réalisation graphique :
Pour des raisons de facilité, on divisera les commentaires suivant le volet Beat them all et le volet snowboarding. Pour le Beat them all, rien de bien terrible à se mettre sous la dent. Des sprites franchement ridicules, des paysages répétitifs (vous me direz qu’avec de la neige, il n’y a pas forcément moyen de donner dans la variété) et des mouvements raides et simplistes tout simplement pathétiques. La séquence en 3D est un peu pixellisée et répétitive mais sa rapidité très impressionnante permet de ne pas trop remarquer les défauts visuels. A noter que Cliffhanger propose de très nombreuses vidéos tirées du film (notamment l’intro, qui dure près d’un quart d’heure !) mais la qualité de ces vidéos est assez mauvaise, même compte tenu des capacités limitées du Mega-CD en la matière.
Jouabilité/difficulté :
Pour le Beat them all, le maniement est nul, tout simplement. Les coups sont épouvantablement limités, la gestion des collisions est foireuse et la lourdeur des mouvements enlève tout rythme aux bagarres. Le surf en 3D s’en tire beaucoup mieux : rapide, souple et vif, ce volet demeure bien plus amusant… durant une dizaine de minutes ! On se rend alors compte que la difficulté absolument démentielle de la course rend la progression quasiment impossible. Il y a sans doute moyen de s’accrocher et de vaincre cette séquence de glisse mais si c’est au prix de crises de nerfs répétées, le jeu n’en vaut sans doute pas la chandelle. D’autant plus qu’il ne s’agirait finalement que d’accéder à une nouvelle séquence baston pourrave, suivie d’une autre séquence 3D injouable…
Son :
La bande sonore est en qualité CD mais les thèmes en eux mêmes demeurent plutôt insipides, un peu moins pour le surf que pour le Beat them all. Quant aux bruitages, ils semblent une fois de plus avoir été bien délaissés durant le remixage de la version Megadrive.
En bref : 05/20
Mélangez un Beat them all minable indigne d’une console 16-bits avec une séquence de snowboarding en 3D excitante mais à la difficulté insurmontable. Assaisonnez de vidéos granuleuses et vendez le tout sous couvert d’une grosse licence hollywoodienne. Qu’est-ce que ça donne ? Du foutage de gueule, exactement. Je monte la note à 3/10, certains joueurs dotés de réflexes surhumains pourraient après tout réussir à franchir plusieurs séquences de surf avant de jeter l’éponge.