Hit incontournable de l’été 92 sur pratiquement toutes les consoles existantes, Chuck Rock fut adapté environ un an plus tard sur Mega-CD, dans la grande veine du « Y a des hits sur la Megadrive, servons-nous plutôt que de faire travailler notre imagination ! » chère aux éditeurs, tendance qui allait, sur le long terme, coûter sa popularité à la première console CD de l’histoire. Pour vous présenter un peu le père Chuck, héros de jeu vidéo de sont état, il est le parfait prototype du beauf qui reste vautré toute la journée devant sa TV en asphaltant de la bière, en version préhistorique bien entendu ! Toute ressemblance avec des individus réellement existant serait purement fortuite ! C’est d’ailleurs lors d’une de ces interminables après-midi éthyliques que la vie de Chuck va basculer, lorsque sa tendre moitié Ophelia (qui, elle, est le pendant préhistorique de Pamela Anderson) est enlevée par le sinistre Gary Gritter alors qu’elle étendait le linge à l’extérieur de la grotte conjugale. Le temps d’éteindre la TV et d’enfiler un slip en feuilles de palétuviers et Chuck se lance aux trousses du malandrin.
Mais la mission de sauvetage ne sera pas évidente, car Chuck n’a pas vraiment le profil du Cro-magnon musculeux rompu à la vie au grand air. Non, Chuck est un petit bonhomme courtaud, avec une grosse panse à bière, une gueule prognathe de vieux taré et trois poils sur le crâne. Malgré ce physique peu engageant, notre brave primitif est un des guerriers les plus redoutés de son époque, car il est passé maître dans l’art de flanquer de furieux coups de bide aux contradicteurs récalcitrants. Et un unique impact avec les redoutables bourrelets de Chuck est toujours suffisant pour expédier ad patres la totalité des étranges dinosaures de cette époque. Parlons-en de ces dinosaures : ils n’ont que peu à voir avec ceux découverts depuis un siècle par les paléontologues internationaux. Dans la préhistoire version Chuck Rock, on rencontre pêle-mêle des minuscules lézards dotés d’une mâchoire gigantesque, de petits tricératops capables de se diviser en plusieurs minuscules clones d’eux mêmes, des reptiles humanoïdes aux bras ballants, des chauve-souris gonflables, des mammouths tireurs de rochers, des araignées rondouillardes, des hérissons troglodytes et beaucoup d’autres bestioles bien déjantées, mais toujours agressives.
Certaines d’entre elles aideront néanmoins Chuck dans sa progression. On rencontrera des brontosaures qui serviront de taxi pour traverser des marécages putrides, des crocodiles dont la queue servira de catapulte si Chuck leur jette une pierre sur le museau, des ptérodactyles qui transporteront notre homme sur de courtes distances ou encore, des serpents rétractables : certaines de ces créatures de l’ère mésozoïques avaient déjà perçu le plaisir qu’il y avait à servir l’être humain. Chuck aura à franchir la jungle, une caverne, une grotte sous-marine, des montagnes enneigées et un cimetière des dinosaures pour parvenir à secourir sa bombe sexuelle personnelle. Sans compter qu’à travers les niveaux, Chuck pourra également assouvir son amour absolu pour la boustifaille en récoltant le maximum de bonus alimentaires générateurs de score !
Réalisation technique :
Chuck Rock reste identique à ce qu’il était sur megadrive, à savoir un jeu aux graphismes très réussis et bourrés de couleurs. Le personnage principal est hilarant, de même que les étranges bêbêtes qui peuplent ce monde préhistorique hors du commun. La jouabilité est correcte, même si le système d’attaque assez particulier réclame une progression assez précautionneuse. Quant à la bande sonore, le support CD lui confère évidemment une qualité supérieure mais on ne peut pas dire que les musiques soient réellement plus réussies que sur megadrive (ce qui ne les empêche pas d’être au demeurant fort sympathiques).
En bref : 15/20 : Chuck Rock était un très bon jeu sur Megadrive malgré sa durée de vie assez courte, et il n’en va pas autrement sur Mega-CD. Je sens déjà poindre la traditionnelle question au sujet des jeux Mega-CD : « qu’apporte de plus cette version CD ? » Hé bien pour une fois, on peut dire que l’éditeur ne s’est pas fichu de nous. On notera évidemment les thèmes musicaux de qualité CD, un petit dessin animé d’introduction court mais rigolo, mais le principal apport réside dans de nombreux niveaux ajoutés au jeu original (presque deux fois plus !). Si l’utilité du support CD reste discutable dans cet ajout (la cartouche original ne devait pas faire plus de 8 megas-bits à la base après tout , ces niveaux rallongent néanmoins la durée de vie du jeu de manière assez conséquente. Bien réalisé, amusant et assez long, Chuck Rock CD est donc la version la plus réussie de ce grand classique du jeu de plates-formes.