Bram Stoker's Dracula est un jeu vidéo Mega CD publié par Psygnosisen 1993 .

  • 1993
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Bram Stoker's Dracula

1.5/5 — Bof… par

En 1992 sortait l’adaptation cinématographique de Dracula réalisée par le grand Francis Ford Coppola. La même année paraissaient, sur pratiquement tous les formats possibles et imaginables, des portages vidéoludiques du mythe du vampire transylvanien. Contrairement aux versions 8-bits et 16-bits, simplement destinées à capitaliser sur le succès du film à travers un jeu d’action/plates-formes supplémentaire, la version Mega-CD promettait une réalisation technique jamais vue jusqu’alors. Je me rappelle que les premières images, qui dévoilaient un jeu intégralement digitalisé, étaient plus qu’alléchantes. Comme le veut la loi universelle des vexations, la déception en fut d’autant plus difficile à avaler.

Avant d’en arriver à cette douloureuse explication, il faut au moins reconnaître que Dracula CD garde au moins le mérite de tirer parti techniquement des possibilités du Mega CD. C’est toujours ce bon vieux Jonathan Harker, décidément taillable et corvéable à merci, qui évoluera à travers toutes les scènes du film, fidèlement reproduites en images digitalisées pour l’occasion. On oubliera l’installation progressive de l’ambiance que présentait le scénario d’origine : nécessité ludique oblige, Harker est prêt à en découdre dès le premier tableau de ce Beat them up simpliste. A peine arrivé en Transylvanie, Jonathan commence à rosser animaux de compagnie et serviteurs du comte. Faut pas s’étonner de l’accueil un peu froid qui lui est réservé au château après ça…

Harker peut donc flanquer des coups de poings et des coups de pieds, qui seront adaptés automatiquement en fonction de l’ennemi qui lui fera face : ainsi, le coup de pied retourné au visage face à un serviteur du comte deviendra un simple coup de savate face aux divers rampants tels que les rats ou les araignées. Harker évolue sur un plan unique de déplacement tandis que les ennemis arriveront par la gauche ou la droite, et du ciel en supplément dans le cas des corbeaux et des chauve-souris. Harker peut également sauter afin d’éviter certains obstacles (projectiles divers, ennemis de petite taille, livres qui jaillissent des bibliothèques du château) mais aussi pour négocier au mieux les quelques délicats passages de plates-formes que comporte la progression.

Réalisation graphique :

Même si aujourd’hui, l’effet de pixellisation inhérent au Mega-CD laisse toujours autant à désirer, Dracula CD mettait une fameuse claque à l’époque. Pour la première fois, les décors d’un jeu étaient identiques à ce qu’on pouvait voir dans les séquences vidéos intermédiaires, autrement dit, les décors étaient aussi pix… euh je veux dire réussis qu’un film. Soyons honnêtes : compte tenu de la puissance technique de cette console, le résultat était assez bluffant avec une ténébreuse ambiance gothique et des teintes bleues, grises et noires plutôt réussies. L’arrivée d’un nouveau décor donnait même lieu à une présentation tournoyante de l’endroit en 3D précalculée. En revanche, l’incrustation des sprites au sein de ces simili vidéos d’arrière-plan laissait franchement à désirer. Si la résultat est encore potable pour le sprite de Jonathan Harker (qui se déplace et frappe de manière réaliste mais possède d’autres mouvements, comme le saut, parfaitement grotesques), on est en revanche en face d’un ratage complet pour les adversaires. Qu’il s’agisse des rats, des fantômes ou des humanoïdes, toutes ces créatures sont ridicules, caricaturales et décorées de couleurs baveuses, ce qui leur donne l’air de sortir d’un jeu 16-bits très peu performant.

Jouabilité/difficulté

Un désastre ! Le personnage répond très mal aux commandes, avec un décalage qui empêche toute précision dans les coups. Rien que pour vous donner un exemple, un simple coup de pied en sautant est extrêmement dur à réaliser. D’une manière générale, les sauts sont plus qu’imprécis et la lenteur générale du personnage enlève toute souplesse à l’action. Ces faiblesses impardonnables rendent le jeu assez difficile : entendez par là qu’on meurt très souvent, le plus souvent à cause de ces commandes bancales.

Son

Dracula offre une ambiance sonore plutôt soignée composée de quelques lugubres thèmes d’ambiance parfaitement dans le ton du film. En revanche, les bruitages complètement loupés confinent au grotesque (on ne se lance pas du « squik » des rats, qui auraient toute leur place dans Parodius ou TwinBee…!).

En bref : 6/20

Dracula donne finalement plus l’impression d’être une vitrine technique pour le Mega-CD qu’un véritable jeu. Si on écarte l’éternel problème de définition des vidéos, il est vrai que Dracula en jette un max avec ses séquences tirées du film, ses décors en 3D précalculée et son atmosphère prenante. Malheureusement, le jeu derrière tout ce bel étalage d’apparats esthétiques est tristement vide. Basique, primaire, répétitif et vraiment pas maniable, Dracula est un échec total, tristement symptomatique de cette tendance des jeux Mega CD à faire passer la technique et l’esbrouffe avant le plaisir ludique.

Bram Stoker's Dracula