Le plus brillant des épisodes de Batman au cinéma, réalisé par le grand Tim Burton en 1992, avait logiquement donné lieu à une rafale d’adaptations diverses sur les consoles du début des années 90. Si la Super NES se dota, avec quelques mois de retard, d’un beat them up primitif mais très bien réalisé, la Megadrive disposait en temps et heure d’un jeu d’action des plus classiques mettant en scène l’homme chauve-souris. Sur cette version Mega-CD, on retrouve au pixel près la version Megadrive de Batman Returns. Mais pour une fois, Sega a gratifié le portage CD d’une réelle innovation, à savoir un shoot them up routier en 3D qui aurait été irréalisable sur la console 16bits.
En ce qui concerne la partie action, pas de surprise pour ceux qui connaissaient la version Megadrive, et pas beaucoup de motifs d’étonnement pour les habitués de jeux d’action : des niveaux inspirés du film, certains plutôt originaux (la maison en ruine où on progresse sur un plan incliné par exemple), de l’équipement bien connu (bat-boomerang, bat-grappin, nuée de chauve-souris, ), des adversaires charismatiques (Catwoman, le Pingouin et toute sa clique de clowns et autres acrobates tueurs), mais pas le moindre extrait du film ou vidéo originale. Faute de mieux, ces ajouts auraient pourtant été les bienvenus.
Batman Returns à la sauce Sega reste donc ce qu’il était à l’origine, à savoir un jeu d’action/plates-formes relativement intéressant, mais à la jouabilité douteuse et à la réalisation graphique à côté de ses pompes. Hormis une bande sonore vaguement remise en état, la véritable nouveauté apportée par le support CD repose donc sur ce fameux mélange de shoot them up et de course automobile où, au volant de la célèbre batmobile, il faudra abattre les convois motorisés du gang du Pingouin.
Réalisation technique :
L’animation est de qualité, et voir Batman planer, utiliser son grappin, ou même simplement marcher avec sa cape claquant contre lui, est du plus bel effet. Par contre, plutôt que de profiter du portage pour remédier aux nombreuses critiques concernant le ratage des graphismes (critiques quasi-unanimes à l’époque), Sega a préféré laisser les choses en l’état. Car ces fameux graphismes, ils étaient tout simplement vomitifs, n’ayons pas peur des mots ! En essayant de retranscrire au mieux l’ambiance gothique ténébreuse du film de Tim Burton, Sega s’était royalement planté, et n’était arrivé qu’à produire des décors brumeux et incertains, et des structures d’avant-plan floues et granuleuses avec d’horribles couleurs lavasses. La bande sonore elle-même, qui aurait logiquement du être le point d’orgue du support CD (surtout quand on se souvient à quel point la bande originale du film était superbe) est très décevante : les bruitages sont aussi médiocres qu’à l’origine et les musiques, si elles ont été retravaillées pour le support CD, ne marquent curieusement pas autant l’esprit que sur la version Megadrive.
En bref : 08/20 :
En tant que jeu de plates-formes, Batman Returns reste rigoureusement identique à ce qu’il était sur Megadrive, à savoir un jeu qui possède quelques qualités, mais que sa réalisation médiocre et sa difficulté mal dosée rendent finalement assez inintéressant à l’usage. Reste le véritable ajout de cette version Mega-CD : les courses en batmobile. Aux commandes du célèbre véhicule en vue arrière, on fonce au milieu des gratte-ciel gothiques et des friches industrielles de Gotham City en mitraillant les motos, voitures et camions blindés du grotesque gang du Pingouin. Pas mal fichue graphiquement, très rapide et proposant une profusion de zooms que la Megadrive n’aurait jamais pu se permettre, cette facette du jeu n’en reste pas moins relativement peu passionnante et d’une difficulté très marquée. Au final, Batman Returns est un jeu plus que moyen à la base, dont le passage sur support CD, en dépit d’un ajout bien réel (ce qui n’était finalement pas très courant dans les premiers jeux Mega-CD), ne s’imposait absolument pas.