Souvenez-vous, en 1991 sortait El Viento, un jeu d’action un peu loupé visuellement mais dégageant une atmosphère suffisamment unique pour s’imposer comme un mythe en devenir. L’héroïne de ce soft mêlant grand banditisme, magie et démons antédiluviens se nommait Annet. La jeune fille était un spécimen d’héroïne japonaise dans la plus pure tradition du genre, avec des cheveux à la couleur improbable, des vêtements plutôt légers, une maîtrise innée des arts martiaux et de la magie, et un mélange de naïveté et de détermination dans le regard. Comme pas mal de joueurs attendaient une suite à leur jeu fétiche, Wolfteam ne tarda pas à leur en fournir une, mais après avoir changé à la fois de machine et de style de prédilection.
Se déroulant apparemment peu de temps après les évènements d’El Viento, le scénario plonge cette pauvre Annet une fois de plus dans une mouise terrible. Voguant paisiblement sur les océans avec son vieil ami Earnest Evans, Annet accoste sur une île tropicale où un messager vient immédiatement la chercher pour l’emmener voir la reine de l’île. Cette dernière, fort courtoise de prime abord, complimente Annet sur son succès face aux légions du démon Ashtur et demande si elle peut examiner le pendentif de la jeune fille. Inutile de vous préciser qu’après avoir roulé de grands yeux mouillés de naïve pathologique à la sauce manga, Annet file le bijou à la souveraine qui laisse alors éclater un petit rire triomphant de pétasse et lâche ses hommes de main sur la pauvre Annet. Cette dernière se trouve sans transition plongée dans le premier stage, occupée à fuir le palais en massacrant à l’épée tous les sbires de la reine. A quoi sert le pendentif ? Pourquoi la reine désirait-elle l’examiner ? Annet avait-elle bien compris la question et n’a-t-elle pas confondu avec la simple curiosité formelle qu’on manifeste dans toutes les bonnes familles ? Chez quel coiffeur pervers la jeune héroïne se rend-t-elle tous les mois pour en ressortir avec une tête de youka mal arrosé ? Autant de questions qui resteront sans réponse. La séquence de présentation étant intégralement en japonais, je n’y ai pas entravé grand chose. C’est juste que j’ai la vague impression que le pendentif doit contenir une très ancienne magie, que Annet va découvrir quelque chose qui dépasse de beaucoup ce simple pickpocket royal et que ce glandu d’Earnest Evans va décider à un moment où à un autre d’interrompre son bronzage intégral sur le pont du bateau pour venir prêter main forte à sa copine, ce qui prendra plus que probablement la forme de deux ou trois conseils aussi lénifiants qu’inutiles. Si ça se trouve, Annet est juste en train de nous faire un burn-out par rapport à son job de sauveuse du monde et se prépare à tout bousiller au sein d’un paisible royaume insulaire.
En attendant, Annet Futatabi (aussi appelé Annet Again aux States) ressemble à une sorte de Golden Axe féministe dans lequel Annet va devoir combattre à l’épée des hordes de guerriers à la solde de l’ennemi, démolir des conteneurs pour y trouver quelques bonus d’énergie, affronter un gros bill à la fin de chaque stage et faire appel – à volonté, il suffit que la jauge se recharge – à ses nombreux pouvoirs magiques (souffle du dragon, esprit de mort, ouragan, …) pour blesser, voire tuer tous les ennemis présents à l’écran en une seule fois. Heu… dites monsieur Wolfteam, on pourrait pas avoir un truc comme El Viento à la place ?
Réalisation graphique :
Du bon travail malgré des décors un peu fouillis et des personnages de petite taille. Le style général d’Annet Futanabi est beaucoup plus typé manga que celui d’El Viento. L’utilisation des couleurs est nettement plus inspirée que pour son prédécesseur et le design général des décors et des personnages est plutôt attrayant. Si les combats se déroulent à un rythme assez soutenu, les mouvements des personnages ne sont pas particulièrement détaillés et on se contentera de souligner quelques sympathiques effets de déformation lorsqu’on utilise les pouvoirs magiques.
Jouabilité/difficulté
Annet se maîtrise très bien. Les coups sont assez précis et contrairement à un Golden Axe, le personnage n’est pas obligé de foncer en ligne droite lorsqu’il accomplit une attaque en courant. Annet Futatabi est néanmoins assez difficile puisqu’on ne dispose que d’une seule malheureuse vie (et de quelques continue tout de même…) pour boucler l’aventure.
Son
Un générique manga éblouissant durant la séquence d’intro et des mélodies relativement entraînantes mais pas forcément impérissables durant les stages. Malheureusement, Annet pousse un petit cri d’amazone dès qu’elle porte le moindre coup à un adversaire. Au bout d’une heure à entendre des « Yah! Yah! Yah! » dès qu’on fait quelque chose, on est prêt à se passer de musique pour ne plus avoir à subir cela…
En bref : 9/20
Annet Futatabi séduit quelques instants grâce à l’aura d’El Viento et à la superbe séquence d’intro qui plonge directement le joueur dans l’ambiance. On constate malheureusement bien vite que le jeu reste tout de même très limité : il s’agit finalement ni plus ni moins d’un clone pas vraiment inspiré de Golden Axe, sans possibilité d’utiliser différentes armes et présentant un nombre peu élevé d’ennemis différents. Ce ne serait pas encore trop grave si Wolfteam n’avait pas stupidement oublié d’inclure un mode deux joueurs. Condamné à jouer en solo et à s’ennuyer très vite, le joueur, tout fan d’El Viento qu’il soit, délaissera bien vite ce petit Beat them up sympathique mais sans grande envergure.