Dans ce soft aussi atypique que méconnu de nos jours, le héros de l’heure se nomme Kane. Kane est un jeune homme au regard sombre et pénétrant que le vieux Daikak, Sensei du temple de la montagne, a initié aux plus anciennes techniques de combat, afin qu’il devienne un jour le protecteur du temple. Par une sombre nuit d’orage, Daikak envoie son jeune disciple enquêter sur un mystérieux pillage ayant eu lieu au temple d’Izumo. Inutile de vous dire qu’au lieu d’un simple cambriolage, Kane va mettre à jour un vaste complot des forces du mal, qui ont sorti tout ce qu’elles avaient en rayon en matière de gros bœuf arrogant qui brame « Ohhhhh, ma force est plus grande que la tienne » à tout bout de champ. De temples en forêts obscures, Kane va suivre la trace de ses ennemis afin d’accomplir son destin. Au fur et à mesure que son enquête progressera, le jeune guerrier affrontera de nombreux séides des forces des ténèbres, qui l’attendront généralement à la sortie d’un temple pour un duel à mort en bonne et due forme. De fréquents allers-retours seront également requis afin d’aller quérir quelques parcelles de sagesse auprès de Daikak qui, comme tous les sensei, semble avoir tout compris avant tout le monde mais prétend être trop perclus de rhumatismes pour se bouger le fion lui-même. Spellcaster est donc un peu dirigiste puisque Daikak vous indiquera généralement la marche à suivre au lieu de vous laisser explorer la totalité de Japon par vous-même.
Spellcaster se divise en deux volets : le volet action et le volet aventure. Dans une mission standard, on choisit le lieu de destination vers lequel on souhaite voyager, et c’est parti pour les phases d’action. Dans ce premier cas, on se retrouve face à un jeu à progression horizontale, qui rappelle fortement Kenseiden et Lord of the Sword sur la même console. Kane attaque à l’aide de projectiles d’énergie plus ou moins puissants selon qu’il se concentre quelques secondes ou pas, et affronte divers types de guerriers ainsi que de petites créatures sournoises typées « cauchemar consécutif à une cuite au saké ». Quelques sauts de précisions au-dessus de précipices sont également demandés, histoire de contenter tout le monde.
Une fois le chemin vers l’objectif parcouru, on passe alors à la deuxième phase : un jeu d’aventure très basique. Face à un écran fixe représentant les lieux, Kane aura la possibilité de fouiller l’endroit, de regarder un objet en particulier à l’écran (à l’aide d’un pointeur en forme de main), de prendre un objet (les objets intéressants sont pris automatiquement, nul besoin de les chercher), d’utiliser un item (généralement un artéfact sacré découvert dans la mission précédente et à utiliser de manière très évidente) ou de discuter avec les indigènes s’il y en a. Ces sections, pour superflues qu’elles puissent paraître, sont néanmoins vitales pour la progression puisqu’il faudra souvent parler avec quelqu’un ou utiliser un item au bon endroit pour révéler de nouvelles destinations et progresser dans le scénario. En fonction des situations, il sera également demandé de prier certains dieux pour obtenir une faveur (demander au dieu de la mer d’envoyer une tornade pour détruire le navire de pirates, par exemple).
C’est le moment de la minute historique : Spellcaster est le portage à destination des publics américain et européen du jeu Master System Kujakuô. Les seules caractéristiques de cette version occidentale, outre la traduction en anglais, sont un léger relookage de certains personnages comme le vieux Daikak qui est maintenant à moitié à poil au lieu de porter de lourdes robes (ça fait plus « Bouddhiste détaché du monde ») et le héros qui porte une tenue de combat au lieu de ses robes d’étudiant (trop fiotte pour un esprit ricain, les robes d’étudiant).
Réalisation technique :
Une réalisation plus qu’honnête pour ce jeu aujourd’hui oublié. Le héros principal et ses adversaires sont de grande taille. Les mouvements et les combats contre les boss ne manquent pas d’allure et réjouiront tous les amateurs de manga avec plein de super-pouvoirs. Ces duels, visuellement réussis et plein de panache, figurent clairement parmi les meilleurs exemples qui soient d’un affrontement de fin de niveau réussi sur la console. Quant aux décors, on se retrouve dans le même cas de figure que Lord of the Sword. Les arrière-plans sont fournis, ne manquent pas de charme (notamment grâce à une bande sonore parfaitement adaptée à l’atmosphère du jeu) mais sont malheureusement très répétitifs. Dans Spellcaster, on traversera systématiquement des forêts et des temples en plein cœur de la nuit. Seuls quelques petits éléments décoratifs (barrière du temple, type de végétation) permettent de différencier les stages entre eux. La jouabilité n’est pas mauvaise – en dépit d’un personnage qui donne un peu l’impression de sauter en apesanteur – et les phases aventure sont une idée originale. Dommage qu’elles cassent un peu le rythme de l’action.
En bref : 14/20
Spellcaster est un jeu sympathique et assez original puisqu’il adjoint à son principe de base un mini aspect aventure, genre inhabituel sur cette console. Réalisé sans défauts majeurs, Spellcaster pèche malheureusement par une certaine répétitivité dans les phases actions, que son scénario classique mais bien ficelé parvient heureusement à contrebalancer. Les phases d’aventure, très simples, contribuent à maintenir l’intérêt en éveil mais cassent malheureusement un peu le rythme du jeu. Malgré ces côtés un peu boîteux, on s’amuse bien avec Spellcaster et c’est finalement le principal.