Episode un peu mal aimé de la série des Shinobi, Shadow Dancer avait d’abord été adapté sur Megadrive dans une version radicalement différente de celle d’origine, qui ajoutait le principe du sauvetage d’otages comme dans le premier Shinobi. Sur Master System, les développeurs ont préféré se contenter d’adapter le jeu original sans rechercher la prise de risques. On retrouvera donc les décors et les adversaires d’origine, ainsi que la magie élémentaire ninja pour dégager un écran un peu trop chargé en ennemis. Il existe néanmoins une différence notable avec la version arcade : le clébard, principal atout ludique de Shadow Dancer, est sagement resté au chenil, ne supportant visiblement pas sa promenade sur une console de basse extraction ! Pour des raisons d’ordre technique, Hayate le chien-loup ne marche pas fidèlement aux côtés de son maître tout au long des stages. Il est néanmoins possible de faire appel à lui pour liquider un ennemi qui se planque derrière une caisse et qu’il serait difficile de tuer sans se faire soi même abattre. On ne retrouve plus non plus la scène où le chien lutte avec l’adversaire et où on dispose de quelques secondes pour lui venir en aide et abattre le malfrat d’un shuriken bien placé. Non, ici, Hayate jaillit de nulle part, se rue sur l’ennemi et l’élimine directement avant de disparaître aussi sec.
Hormis cette petite faiblesse, Shadow Dancer sur Master System met toujours Joe Musashi aux prises avec une reformation du cartel Zeed et se montre remarquablement fidèle à la version originale, bien que de nombreux sous-niveaux aient disparu au passage. Même les stages bonus, où il faut abattre des ninjas qui sautent d’un bâtiment ou sauter soi-même du sommet d’un building en liquidant tout ceux qui arrivent par le bas ont été repris tels quels avec une qualité très appréciable.
Réalisation technique
Même si l’action est parfois un peu lente, on se prend une belle claque quand on voit avec quel brio Sega a adapté ce hit d’arcade sur sa petite 8-bits. Evidemment, il a fallu dégraisser certains décors, rogner sur la finesse des sprites, supprimer le chien mais quand on joue, on n’y fait même pas attention tant le résultat est impressionnant et proche de sa qualité d’origine. Ce sont les sprites qui sont les plus impressionnants, avec une taille rarement vue sur la console, mais les couleurs et la plupart des décors témoignent eux-aussi d’une sérieuse maîtrise des routine des programmation de la Master System. Même remarque au niveau du son : si les musiques n’ont rien de mémorable, les voix digitalisées lorsqu’on utilise la magie ninja sont d’une qualité jamais vue dans un autre jeu 8-bits. Musashi se maîtrise bien en dépit d’une certaine lourdeur mais c’est pourtant dans le domaine de la jouabilité que Shadow Dancer dévoile sa plus grosse faiblesse. La difficulté du jeu est littéralement épouvantable. Musashi meurt du premier coup lorsqu’il est touché (ce qui était déjà le cas dans les autres versions) mais en plus, la barre de difficulté est placée anormalement haut. Si les niveaux restent du domaine du « faisable » (prévoir antidépresseurs et drogues diverses à portée de main quand même !), les affrontements contre les boss sont de véritables supplices et c’est à se demander s’il est réellement possible de terminer ce soft…
En bref : 11/20
Shadow Dancer avait tout pour être un grand hit : ambiance au top, réalisation graphique époustouflante, aura « Shinobi », carences qui ne se faisaient pas trop sentir par rapport à la version arcade… Mais voilà, sa difficulté est élevée, très élevée, trop élevée. On rame pour franchir ne serait-ce que le premier stage et on pique crise de nerfs sur crise de nerfs en tentant d’exploser le premier boss. Une telle difficulté n’est pas normale. Elle va jusqu’à gâcher le plaisir qu’on prend à jouer. C’est à se demander si le jeu a bien été beta-testé, ou s’il a été conçu à destination des humains ?