Egalement appelé Darius II en arcade, Sagaïa est sans conteste un des tous meilleurs shoot them up de la 8-bits de Sega, dans la veine d’excellence dont peut se targuer Taito en matière de génocide d’aliens. Dans la continuité de l’épisode précédent, Sagaïa conte une noble lutte pour la survie de la part de l’espèce humaine. Après leur grande victoire sur l’armada Belser, les deux champions de l’humanité Proco et Tiat (anacyclique de « Taito Corp » ; voilà, avec Sagaïa, vous aurez au moins appris un mot savant !) poursuivent à présent les débris de la flotte galactique à travers le système solaire.
Au niveau de l’armement, Sagaïa ne propose que du classique mais attention : du classique réutilisé avec un talent évident et un souci du travail bien fait. A la base, le vaisseau ne possède qu’un tir simple et la possibilité de laisser tomber une bombe sur des cibles en contrebas. Sans être férocement originales, les améliorations de tir sont très nombreuses (double tir vertical, double tir horizontal, double bombe, laser, quadruple tir en éventail, etc.) et permettent de nombreuses stratégies différentes pour anéantir l’opposition alien. Comme la coutume l’exige dans la plupart des shoot them up, ces upgrades s’obtiennent en éliminant une escadrille entière d’ennemis similaires. Il est également possible de récupérer un bouclier protecteur qui prend la forme d’une aura colorée autour du vaisseau. Ce bouclier permet d’encaisser quatre tirs avant d’être détruit. Quand à l’armada Belser, si les ennemis standards ressemblent à n’importe quel autre petit truc métallique de n’importe quel autre shoot them up classique, les boss et les sous-boss – des versions naines des boss du premier jeu, en fait – sont des hybrides de mécanique et de poissons ou de mollusques. L’apparence de ces vaisseaux compte d’ailleurs pour une grande part dans l’esthétique particulièrement réussie de Sagaïa.
Une autre originalité apportée par Sagaïa (mais également présente dans l’épisode présent) tient aux différents itinéraires que l’on peut emprunter. Le jeu est composé de 7 stages (Soleil, Mercure, Venus, Lune, Terre, Mars, Jupiter) mais presque tous ces stages peuvent être traversés par deux chemins différents. Au final, Sagaïa/Darius II offre donc une bonne quinzaine de niveaux, tous plus difficiles à négocier les uns que les autres.
Réalisation technique :
Il est rare de tomber sur un jeu Master System qui fasse la nique à ses cousins sur 16-bits. Graphiquement, Sagaïa est réellement extraordinaire. Les effets de déformation dans le premier stage – à la ThunderForce III - et les scrollings différentiels dans les stages suivants sont tout simplement a-hu-ri-ssants pour une console de si faible puissance. Nombre de shoots Megadrive n’arrivent même pas à obtenir un résultat équivalent. Le reste de la réalisation est à l’avenant : le scrolling est impeccable (malgré de tous petits défauts graphiques et un défilement pas spécialement rapide), la bande sonore est entraînante (mais qualitativement faible) et la jouabilité est d’une relative bonne tenue (on regrettera cependant une cadence de tir un poil trop lente et une difficulté excessivement élevée).
En bref : 17/20
Un shoot them up parmi les meilleurs qui soient sur la Master System. Avec ses ennemis plutôt gracieux, ses effets spéciaux et ses niveaux alternatifs, Sagaïa domine sans problème tous les autres spécimens de la machine, à l’exception peut-être de R-Type. Le mode deux joueurs a disparu sur ce portage, et le choix du vaisseau revêt donc des considérations purement esthétiques. S’il n’y avait qu’un seul reproche à faire, ce serait au niveau de la difficulté. Sagaïa est d’une difficulté terrifiante, avec une progression qui ne vous pardonnera pas la moindre maladresse ni le moindre moment d’inattention. Ceci dit, le jeu n’est pas non plus injouable mais il est clair qu’il ne s’adresse pas aux joueurs occasionnels. Un régal pour les acharnés du shoot them up en tout cas.