Beat them all tardif de la Master System, Renegade est en réalité l’adaptation occidentale d’un antique jeu de baston nippon mettant en scène Kunio, un petit teigneux par ailleurs aperçu dans nombre d’autres jeux sur les consoles Nintendo et Nec. Autrement dit, Renegade va traiter de baffes, de pains, de tatanes, de savates, de coups de boule et de nombreux autres canaux de communications en vogue dans les banlieues défavorisées. D’un côté Kunio, de l’autre les punks, toxs, chevelus, gros balèzes et autres représentations communément admises du leader déviant suburbain kidnappeur de fiancées. C’est comme ça que ça marche, inutile de s’embarrasser de subtilités. Contrairement à un classique Double Dragon, Renegade ne se déroule pas suivant un scrolling continu mais selon le principe d’une succession de courtes scènes fixes durant lesquelles il faudra survivre à l’assaut de 4 ou 5 adversaires simultanément. Une fois l’écran nettoyé, on passe sans transition à l’environnement suivant.
Les possibilités d’action imitent en revanche celles de Double Dragon II. Le personnage donne un coup de poing à l’ennemi qui lui fait face, tandis que l’autre bouton sert à donner un coup de pied en arrière. Les commandes s’inversent évidemment lorsqu’on regarde dans la direction opposée. A noter qu’il n’est pas vraiment possible de changer de direction soi-même : le combattant fait systématiquement face à l’ennemi le plus proche de lui, quitte à tourner le dos à ses autres opposants. Il est également possible de réaliser une attaque en sautant (assez peu pratique, ceci dit), ainsi qu’une projection, un coup de poing en pleine course, et même de filer un coup de coude au malandrin qui aurait eu la mauvaise idée de vous étreindre.
Outre les phases à pied, quelques niveaux sortent de l’ordinaire comme cette course en moto sur l’autoroute où il ne faudra pas hésiter à désarçonner les motocyclistes adverses à grands coups de pieds dans leurs jantes… une sorte de Road Rash en vue de profil, en somme…
Réalisation technique :
L’aspect nippon d’origine a été gommé et c’est donc à un beat them all au design tout à fait occidental que s’apparente Renegade. Graphiquement, c’est assez curieux : il se dégage un incompréhensible capital-sympathie des décors et des petits personnages qui s’agitent à l’écran. Pourtant, ces mêmes petits personnages ne sont absolument pas originaux, ont une apparence un peu contrefaite et de toute façon, pour un jeu publié en 93, il n’y a franchement pas quoi applaudir ce design médiocre. Les mouvements sont amusants mais peu détaillés et on note quelques couacs visuels assez déplaisants (effacement de sprites, lenteur, etc.). Musicalement, rien à signaler : bruitages étouffés, mélodies un peu crispantes…la routine, quoi ! Enfin, la jouabilité offre pas mal de limitations. Vu que le personnage fait toujours face à son adversaire le plus proche et qu’on ne peut donc pas se retourner volontairement, on est parfois un peu paumé en commençant à jouer, d’autant plus que les réactions du personnage ne sont pas toujours des plus précises. Il faut un petit temps d’adaptation pour s’habituer à ce curieux phénomène. Par un phénomène non moins curieux, Renegade reste pourtant plutôt fun à jouer.
En bref : 12/20
Les graphismes sont un peu moches, il est facile, basique, la jouabilité est mal pensée, les commandes sont imprécises et le mode deux joueurs en alternance est aussi inutile et déplaisant que tous les modes deux joueurs du même style. Et pourtant, j’ai une certaine affection pour Renegade, un jeu de baffes qui s’avère malgré tout plaisant durant un après-midi. Est-ce le côté un peu cartoonesque et humoristique de l’action et des décors qui donne cette impression ? En tout cas, sans être aussi intéressant sur le long terme qu’un Double Dragon ou un Streets of Rage, Renegade reste quand même nettement plus drôle que Vigilante ou Running Battle et toute cette meute de jeux d’action sur plan unique de déplacement.