Parmi les shoot them up marquants des années 80, il en est deux qui ont servi de base à une longue succession de titres légendaires : Gradius, programmé par Konami, et R-Type, conçu par Irem corp. Outre le fait qu’il proposait des boss d’une taille rarement vue à l’époque et esthétiquement superbes, et que son système d’armement était pour le moins novateur, R-Type se signalait également par une difficulté astronomique. On le retrouve souvent en bonne position dans les classements des softs les plus ardus de l’histoire des jeux vidéo.
Question scénario, vous pilotez le vaisseau Arrowhead dont la mission est de sauver la planète bleue des griffes de l’empire Bydo. Bydo n’est pas un empire galactique classique : en réalité, il s’agit d’une arme conçue par les humains du XXVIème siècle : un immense container spatial renfermant de monstrueux hybrides biomécaniques. Conscients du danger représenté par ces créatures, les humains les ont expédiés au fin fond de l’univers mais, ayant traversé l’un ou l’autre trou noir, les Bydo se sont retrouvés projetés au XXème siècle, avide d’en découdre avec les ancêtres de leurs maîtres ingrats.
L’astronef Arrowhead, aussi légendaire parmi les gamers que peut l’être celui de la série Gradius, possède un armement évolutif particulièrement intéressant. Au départ, il en est réduit à un tir simple et à la possibilité de concentrer ce tir pendant quelques secondes pour tirer une vague d’énergie plus destructrice. Les power-ups obtenus en abattant les escadrilles ennemies sont de trois types : les bleus dotent le vaisseau d’un tir laser qui ricoche contre les parois, les rouges l’équipent de missiles à projection horizontale, et les jaunes de sortes de langues de feu qui filent en direction des parois et détruisent tout ce qui se trouve à ce niveau (batteries DCA, larves, etc.). A cet armement classique, on rajoutera la possibilité de se doter d’un, puis de deux modules de soutien situés de part et d’autres du vaisseau. Ces modules bénéficient des mêmes fonctionnalités que le tir principal.
Mais la principale caractéristique de R-Type tient à ce qu’on nomme « The Force ». Il s’agit d’un module de soutien plus imposant, que l’on peut décrocher et accrocher au vaisseau à volonté, à l’avant ou à l’arrière suivant la manière dont le vaisseau s’emboîtera avec le module. Accroché au vaisseau, « The Force » le dote de multiples tirs protecteurs à l’avant ou à l’arrière. Déjà très efficace de cette manière, l’arme ne prend toute sa dimension qu’une fois décrochée du vaisseau. Le joueur peut projeter ce module à l’autre bout de l’écran, en avant ou en arrière. Le module tire à la même cadence que le vaisseau ou les modules mais une fois arrivé à l’extrémité de l’écran, il revient lentement vers le vaisseau mais réagit au moindre de ses mouvements. En manœuvrant bien, il est donc possible de calibrer les déplacements de ce module pour que, par exemple, il tourne en cercles concentriques autour du vaisseau en canardant tout ce qui passe à sa portée. On peut de toute façon le rappeler à l’ordre d’une simple pression du bouton A. Cerise sur la gâteau : « The Force » est indestructible et peut donc détruire les ennemis par simple contact.
Réalisation technique :
Malgré son âge vénérable, R-Type reste sans conteste le meilleur shoot them up disponible sur Master System. Malgré des décors parfois un peu vides, on ne pourra rien reprocher à R-type au niveau graphique. Le vaisseau est d’une taille respectable, les environnements tiennent la route (sans être non plus d’une folle originalité, soyons honnêtes) et les boss sont gigantesques et définitivement superbes (la larve alien du premier stage ou le mollusque cyclope du second sont passés à la postérité). L’animation pose en revanche quelques menus problèmes. Le rythme de jeu est assez lent et on note tout de même un certain nombre de ralentissements et d’effacements de sprites… mais il faut voir aussi ce que R-Type affiche à l’écran, avec ses myriades de petits astronefs ennemis et ses boss pharaoniques. La jouabilité est bonne et, malgré la très grande difficulté, c’est un réel plaisir d’apprendre à manœuvrer efficacement le module «The Force ». Enfin, la bande sonore est tout à fait correcte pour un processeur Master System. Que demande le peuple ?
En bref : 18/20
Une légende, un mythe, un dieu vivant, adapté avec brio sur la 8-bits de Sega. Si on sent parfois la petite machine peiner pour afficher à l’écran les Léviathans spatiaux conçus par Irem, on est en tout cas convaincus qu’Irem a poussé la console dans ses derniers retranchements pour ne pas trahir le jeu original. Beau, passionnant et très difficile, R-Type peut également compter sur ce fameux module « The Force » dont l’utilisation délicate offre un challenge supplémentaire et positionne R-Type bien au-dessus des shoot them up standards. Le plus grand shoot them up de la Master System, et l’un des plus mémorables spécimens du genre de toute l’histoire, ni plus ni moins.