Parlour Games est ce qu’il convient d’appeler un bon vieux jeu des familles. C’est du moins dans cette catégorie que Sega l’avait classé, en affichant fièrement un « Family » dans le coin de cette boîte Master System au design on ne peut plus particulier. Et s’il est un jeu familial au sens propre, Parlour Games est un des seuls à pouvoir se jouer à quatre. Il s’agit en fait d’une simulation de billard, de fléchettes et de bingo, genre que l’on trouve habituellement plus souvent sur PC que sur consoles de salon.
La queue et les boules
Commençons si vous le voulez bien par le billard, première des trois options présentées par la charmante hôtesse du casino (elles sont d'ailleurs toutes charmantes dans ce jeu, enfin pour du 8 bit 80's). Le mode billard se divise lui-même en quatre catégories :
Basic Game : conseillé aux débutants, il consiste tout simplement à mettre des boules dans les trous. Un point est donné pour chaque boule mise dans un trou, et la partie s’arrête quand un des joueurs a atteint le nombre de points que vous pouvez définir en début de partie.
Nine Ball : seulement 9 boules sur le tapis, et il faut mettre la boule numéro 9 en dernier après avoir mis les autres dans l’ordre (1, 2, 3, etc.). C’est donc le joueur qui met la boule numéro 9 dans le trou qui gagne, même s’il n’a rien foutu avant. Eh oui, parfois la vie est injuste… On sélectionne également le nombre de sets nécessaires pour la gagne avant de commencer.
Five Ball : sorte de version courte du Nine Ball où il faut mettre la boule numéro 5 en dernier, mais chaque joueur choisit en début de partie s’il prend le High Side (boules de 6 à 9) ou le Low Side (boules de 1 à 4) avant d’avoir le droit de tirer la boule numéro 5. Par contre il n’y a ici aucune séquence à respecter, on prend n’importe quelle boule de son « Side ».
Rotation : dans ce mode de jeu, il faut atteindre un nombre de points défini à l’avance en rentrant les boules dans l’ordre croissant. Le premier à atteindre cet objectif a gagné la partie. Si une autre boule que la boule à rentrer tombe dans un trou, le joueur adverse récupère le nombre de points attribué à cette boule. Canarder dans tous les sens peut donc coûter très cher.
Pour tirer dans les boules, une ligne de tir imaginaire apparaît à l’écran. Elle donne la direction dans laquelle partira la boule blanche. Il est également possible de déterminer le point d’impact de la queue de billard sur la boule blanche, ainsi que la force du tir. Si le Five Ball ne peut se jouer qu’à deux joueurs ou contre la console, les autres modes de jeu peuvent se jouer jusqu’à quatre joueurs par alternance. Contre la console, il faudra choisir si vous jouez en mode amateur ou en mode professionnel.
One hundred and eiiiiiiiighty !!!
Pour les fléchettes, il y a également quatre modes de jeu :
Le 301 et le 501 : on part avec 301 ou 501 points et il faut arriver à zéro pile, en additionnant les scores des trois fléchettes lancées à chaque tour. Dans la vraie vie, il faut finir par un double, c’est à dire le cercle extérieur, et donc par un nombre pair, mais la console laisse le choix. Il est possible de commencer et finir par un double, de commencer et finir par un simple, ou de commencer par un simple et de finir par un double.
Round the Clock : il faut faire une séquence de 1 à 10 dans l’ordre, donc 1, 2, 3, etc. et le premier rendu à 10 a gagné.
_Double Down _: ça ressemble un peu à Round the Clock, sauf que l’ordre des nombres à viser est imposé par l’ordinateur et se termine toujours pas le Bull’s Eye, le point rouge au centre. Chaque joueur commence avec 40 points. Si le premier nombre de la liste est touché avec au moins une des trois fléchettes, le nombre de points correspondants est attribué (double ou triple en cas de double ou de triple) et le joueur peut passer au nombre suivant sur la liste. Si aucune des trois fléchettes n’atteint le nombre fixé par la console, le score du joueur est divisé par deux et le nombre à atteindre sur la cible sera le même au prochain tour.
Avant de pouvoir lancer les fléchettes, il faudra en choisir le poids, le nombre de joueurs entre un et quatre, et le niveau de la console (amateur ou professionnel) le cas échéant. Pour lancer les fléchettes, il faut d’abord positionner le joueur face à la cible, puis déterminer la force du tir et le moment où le joueur lâche la fléchette.
Bingo !
Cette partie du jeu est sans doute la plus compliquée à comprendre, et n'a d'intérêt qu'en multijoueur. Si j'ai bien saisi les règles du jeu, chacun commence avec 100 dollars et se constitue une grille de bingo avec des chiffres. Chaque joueur choisit combien il mise et une sorte de machine à sous sort un nombre. Si celui-ci est sur une grille, le joueur qui la possède a la possibilité de faire tourner certaines parties de sa grille dans le sens des aiguilles d'une montre (ou dans le sens inverse) pour essayer d'aligner le plus de nombres possibles sur sa grille. Une fois le jeu fini, il touche un dividende prédéfini en fonction de sa mise et des nombres alignés sur sa grille (3, 4 ou 5). C'est le joueur qui a gagné le plus d'argent à la fin de la partie qui a gagné.
Ou pas bingo
Pour être honnête, je me suis toujours demandé ce que faisait ce genre de jeu sur console, puisque les simulations de billard ou fléchettes sont bien plus agréables à jouer avec la souris de l'ordinateur. Je ne vois pas vraiment non plus d'intérêt à jouer au bingo sur console, puisque ça coûte bien moins cher de s'acheter un set de jeu et que c'est beaucoup plus pratique, surtout si le jeu est destiné à toute la famille (et donc aussi aux enfants) comme le mentionne la boîte. Vu les règles du Bingo présent sur la cartouche, je ne suis pas sûr que les enfants puissent vraiment en comprendre toutes les subtilités.
Le jeu de fléchettes est trop difficile à maîtriser, avec son système de lancer à double paramètre (force + moment où le joueur lâche la fléchette) en plus du positionnement du joueur. Il devient alors très compliqué de viser correctement, et encore plus de faire un double ou un triple, alors que la console y arrive quand elle veut bien entendu.
Quant au billard, il reste relativement correct et peut se jouer assez instinctivement.
Même si la réalisation n'est pas le point le plus important pour ce genre de jeu, elle peut venir gâcher la fête si elle est de mauvaise facture. Elle est assez honnête pour un jeu de 1987, et on notera l'effort fait pour varier les musiques et ne pas tomber dans la lassitude. Pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau animation, mais c'est le genre qui veut ça. Par contre, les décors auraient pu être un peu plus fouillés et ce vert dégueulasse aurait pu être évité pour la partie fléchettes.
L’intention (réunir toute la famille autour de la Master System) était sans doute bonne, et le jeu reste dans l’ensemble correct grâce aux différents modes de jeu, mais il est clair que l’intérêt qu’avait cette cartouche en 1987 est aujourd’hui largement dépassé. Si vous voulez faire une partie virtuelle de billard, de fléchettes ou de bingo, préférez votre ordinateur et les jeux actuels : ils sont bien meilleurs et le gameplay est bien plus agréable.