Suite à l’échec commercial de sa dernière console, SEGA s’est peut-être dit que les joueurs étaient fidèles à une et une seule marque, et que s’ils jouaient sur consoles Nintendo ou Sony, ils ne connaissaient forcément pas les produits du rival. Si mon histoire s’avérait véridique, elle expliquerait pourquoi l’ancien concurrent historique a littéralement inondé le marché de compilations de titres rétro, depuis les Sonic Mega Collection jusqu’aux SEGA Ages, en passant par les Genesis Collection. Parmi toutes ces opérations marketing, il en est une qui a un certain charme, puisqu’elle s’intéresse à des titres plus obscurs qu’à l’accoutumée.
MAIS J’AI TROUVE DANS MON CARNET A SPIRALE
L’affaire se présente sous la forme d’un court menu permettant, dans l’ordre, d’accéder aux jeux, de visualiser les manuels d’origine (lorsque le jeu n’est sorti qu’au Japon, il vous est précisé que vous n’allez rien y biter), et d’accéder au musée ou aux extras. Ces derniers permettent notamment d’obtenir des astuces pour les jeux, ou de regarder les crédits. Vous DEVEZ regarder les crédits si vous comptez débloquer tout ce qui se trouve dans le musée, et vous devrez même sans doute les regarder plusieurs fois.
Le musée, justement, abrite trois cent vingt bonus répartis sur quinze pages. Ces bonus sont pour une grande majorité des dessins promotionnels, croquis préparatoires ou captures d’écran de différents jeux de la franchise, mais aussi des vidéos promotionnelles, des musiques ou, le plus intéressant, des démos. Ces démos débutent toutes au dernier niveau de leur jeu respectif et disposent toutes d’un chronomètre. Si vous parvenez à terminer le dernier monde, vous pourrez recommencer le jeu du début tant que le chronomètre n’est pas arrivé à zéro. C’est là que l’on remercie Datel d’avoir institué ses fameux codes Action Replay, parce que grâce à ces derniers, il est possible de bloquer le chronomètre, et donc d’ajouter treize jeux aux neuf déjà présents de base.
Et tant qu’on cause des bonus à débloquer, il existe également deux titres qui n’ont rien à voir avec Sonic mais qui sont offerts en bonus : les deux Vectorman (j’aime beaucoup le test du premier sur Emu Nova, mais le testeur du second ne s’est pas beaucoup foulé l’anus). Pour le coup, nous sommes encore une fois, nous autres pauvres Européens, désavantagés par rapports à nos amis nippons. En effet, si les Vectorman sont excellents, ils ne sont que deux. La version japonaise de cette compilation intègre quant à elle quatre titres : Bonanza Bros. et surtout les trois Bare Knuckle.
TOUT MON BONHEUR EN LETTRES CAPITALES
Maintenant que nous avons bien examiné le paquet, déballons le cadeau pour découvrir les jeux qui nous sont proposés.
**Sonic : the Fighters **est une rareté sortie uniquement dans les salles enfumées, précisément sur borne Model 2. Il s’agit d’un jeu de combat développé par la section AM2 de Yu Suzuki, dérivé du premier Virtua Fighter. Autrement dit, malgré son enrobage polygonal et ses jeux de caméra, il ne se joue que sur un plan. Huit personnages de la franchise sont disponibles, auxquels s’ajoutent deux boss non-jouables.
Sonic CD est probablement l’épisode le plus abouti de toute la saga, maîtrisé de bout en bout. Aussi splendide que gigantesque, ce titre paru à l’origine sur l’extension Mega CD de la Megadrive, et sur PC, est le meilleur travail jamais fourni par la Sonic Team (Sega AM8).
Changement complet de registre avec Sonic R, un jeu de course développé pour la Saturn et le PC par Traveller’s Tales. Alors que tout le monde attendait un nouvel épisode du jeu de plate-forme, c’est ce titre qui vit le jour sur une Saturn aux abois. La déception fut donc importante à l’époque, même si dans l’absolu, ce n’est pas un mauvais jeu de course. Il n’y a pas beaucoup de circuits, mais chacun dispose de nombreux embranchements.
Que serait une compilation Sonic sans Sonic the Hedgehog 2 ? Pas grand-chose. Mais il s’agit là de la mouture Game Gear, un petit bijou signé Aspect Co. et qui ne dispose pas des mêmes niveaux que son homologue seize bits : il n’y en a que sept, mais ils sont tous inédits.
Sonic Spinball lui aussi nous revient en version huit bits. Le titre de flipper de Polygames souffre bien entendu de l’affichage restreint de la Game Gear, mais la physique de la « balle » reste impressionnante pour le support.
Sonic the Hedgehog : Triple Trouble, lui aussi développé par Aspect Co., est un épisode inédit mettant en scène Sonic et Tails, moins convaincant que le Sonic 2 du dessus.
Sonic Drift 2 est un jeu de course développé expressément pour la portable et, contrairement à son aîné, sorti aussi en occident. Mine de rien, ce « petit jeu » propose dix-huit circuits répartis sur trois championnats.
Tails’ Skypatrol est un étrange spin-off développé par SIMS Co., qui met en scène le renard avant sa rencontre avec Sonic, dans un shoot’em up mollasson où le décor vous en veut et où vous pouvez accrocher des tas de choses à l’anneau que vous transportez.
Dans la même mouvance, Tails Adventure, développé quant à lui par Aspect Co., est un jeu de plate-forme, mais plus orienté exploration que les jeux mettant en scène le hérisson.
Les deux jeux du menu qui restent à débloquer sont donc Vectorman et Vectorman 2, deux titres de plates-formes signés BlueSky, esthétiquement superbes et très fun à jouer. Hors-sujet complet, mais cela fait bien plaisir de les revoir.
Enfin, dans le musée, vous aurez droit aux démos de Sonic the Hedgehog et Sonic the Hedgehog 2 en version Megadrive, accompagnées de leurs suites Sonic the Hedgehog 3 et Sonic & Knuckles. Vous pourrez également retrouver les versions seize bits de Sonic Spinball, Sonic 3D Blast et Dr. Robotnik’s Mean Bean Machine, autrement dit, vous disposerez du contenu exact de la compilation Sonic Mega Collection.
Quelques titres Game Gear sont également au programme, comme le premier Sonic Drift, Sonic Labyrinth qui se présente en 3D isométrique comme Sonic 3D Blast, Sonic the Hedgehog, Sonic Blast et Sonic Chaos qui sont trois jeux de plate-forme inédits (y compris Sonic 1 qui, comme sa suite, diffère de son homologue seize bits) sur Game Gear, et la version huit bits de Dr. Robotnik’s Mean Bean Machine.
A L’ENCRE BLEUE, AUX VERTUS SYMPATHIQUES
Contrairement à la précédente compilation, celle-ci s’intéresse donc à des titres plus recherchés, moins connus et, de fait, plus intéressants. Bien entendu, tout ce joli monde n’a qu’un intérêt très limité à l’heure où il est si facile d’émuler les systèmes d’origine (après tout, il s’agit ici aussi d’émulation).
A vrai dire, le seul avantage que présente cette compilation vis-à-vis des émulateurs, c’est peut-être le confort d’utilisation : le Model 2, même à l’heure actuelle, n’est pas encore très bien géré, l’émulation Saturn c’est la croix et la bannière… Si vous voulez vraiment émuler, émulez cette compilation ! Il y a des tas de bonnes choses dessus, notamment en termes de bonus.
Il est juste dommage, et encore une fois c’est un problème commun à toutes les compilations, de manquer d’exhaustivité. Des perles rares, il y en a quelques unes encore qui n’ont pas été retrouvées. S’il est techniquement compliqué d’émuler SuperSonic the Hedgehog et sa trackball, rien n’empêchait théoriquement d’intégrer à la galette les versions Neo Geo Pocket, voire Game.com, de Sonic. Là pour le coup, le complétiste s’en repartait heureux.