Mortal Kombat : Deadly Alliance est un jeu vidéo GameCube publié par Midwayen 2002 .

  • 2002
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Mortal Kombat : Deadly Alliance

3/5 — Très bien par

Bon, on va pas se mentir : je n’ai jamais aimé Mortal Kombat, ni son univers grandguignolesque, ni son gameplay limité, ni ses mises à mort à peine dignes d’un giallo de Bava. Nanardesque par excellence, la saga est au beat’em up ce que les films d’Uwe Boll sont au cinéma. Et c’est avec un même plaisir malsain que j’aborde chaque nouveau chapitre. Après tout, même Shakespeare affirmait que le laid est beau…

Cinquième volet de la licence si l’on excepte les rééditions et remakes comme Ultimate MK3, MK Trilogy et MK Gold, Deadly Alliance est le premier à laisser au vestiaire la numérotation d’origine. Toujours chapeauté par Ed Boon (le Ed Wood du jeu vidéo, la ressemblance phonétique y étant sans doute pour quelque chose), il profite du moteur RenderWare, déjà assez ancien à l’époque mais qui servira encore pour les épisodes Armageddon et Deception.

SHANG TSUNG ET QUAN CHI SONT SUR UN BATEAU

A la fin du précédent volet, Scorpion parvient à emmener Quan Chi avec lui dans le Néant (le Netherealm outre-Atlantique). Mais le petit galopin parvient à s’en extraire au moyen d’une pierre volée au dieu Shinnok, et il découvre dans la foulée le tombeau d’une véritable armée momifiée qui obéissait jadis au seigneur d’Outre-Monde connu sous le nom de Roi Dragon. La blague, c’est que l’invincible armada est présentement sur pause, aussi Quan Chi décide-t-il de former un pacte avec le sorcier Shang Tsung en échange d’un nombre illimité d’âmes dont il pourra user à son gré. Tout dieu qu’il soit, Raiden ne peut rien faire pour les arrêter, alors il reprend forme humaine et fait appel à ses fidèles alliés terriens pour défaire l’alliance avant que l’armée ne soit ressuscitée.

MON ROYAUME POUR UN PIED DE BICHE

Mortal Kombat : Deadly Alliance est un beat’em up en trois dimensions. De la vraie 3D à la différence de Mortal Kombat 4, où l’on ne pouvait que vaguement se tourner autour comme deux chiens en rut. Non ici les arènes sont circulaires et l’on peut s’y mouvoir sur toute la surface. Et quand bien même elles n’ont pas de rebord, il est impossible d’en tomber (pas de Ring Out à la Soulcalibur, donc) puisqu’elles sont entourées d’une sorte de champ de force. La dernière fois que j’ai vu ça, c’était dans Iron & Blood sur Playstation et… Comment dire ? Ce n’était pas vraiment une référence.

Mais bref, faisons taire nos préjugés et intéressons-nous aux modes de jeu. Ils sont nombreux pour un MK mais un peu légers pour un beat’em up de cette génération. Nous retrouvons le classique mode Arcade : prenez un perso et tatannez les autres jusqu’à voir la fin du jeu ; le mode Versus pour défier le seul de vos potes qui acceptera de jouer à ça (ça y est, vous avez perdu un ami) ; le mode Practice pour s’entraîner ou pour se préparer mentalement à l’épreuve que vous allez subir ; et un mode Konquest qui pourrait se comparer vaguement au mode Maître d’Armes de Soulcalibur 2.

Il s’agit d’une suite de combats scénarisés permettant de débloquer des Krédits. Ces Krédits se dépensent dans la Krypte pour obtenir des tas de bonus. Et ne soyons pas mesquins, ces bonus sont non seulement très nombreux mais aussi très intéressants. On trouve de manière assez classique des personnages secrets, de nouveaux décors et de nouveaux costumes, mais aussi de manière un peu moins banale des vidéos ou des croquis préparatoires. Et surtout, pour les fans les plus acharnés, on trouve la collection complète des premiers comics Mortal Kombat, qui avaient été publiés de manière erratique aux Etats-Unis et étaient devenus quasiment introuvables de ce côté-ci de l’Atlantique !

Bref. Revenons-en au jeu. Au départ, vous aurez accès à treize personnages. Vous pourrez en débloquer neuf autres via les Krédits, et deux de plus (des variations de personnages existants) en terminant le mode Konquest. Au final, ce sont donc vingt-quatre combattants qui vous attendent, et si cela vous paraît encore trop peu, sachez que chacun d’entre eux ou presque dispose de trois styles de combat : l’un généralement axé sur l’attaque, l’autre plus défensif et le dernier muni d’une arme blanche. Ceci étant, certains styles sont vraiment particuliers : par exemple, Kano sait faire de l’aïkido, et lorsqu’il utilise ce style de combat, il ne fait que des choppes ! D’autres styles se jouent uniquement avec les pieds par exemple, même lorsque vous appuyez sur un bouton de poing. Vous pouvez passer de l’un à l’autre au moyen de la gâchette de gauche.

Pour le reste, vous vous déplacez au stick ou à la croix, les quatre boutons de façade (A, B, X et Y) étant utilisés pour les coups de base. La gâchette de droite permet de parer les attaques adverses et la gâchette du dessous, Z, est utilisée pour les coups spéciaux « de base ». Disons qu’il s’agit d’une attaque plus puissante que les coups simples, propre à chaque style. Les véritables coups spéciaux se réalisent au moyen de combinaisons du genre arrière, bas plus B ou arrière, arrière plus Y, etc. Les Fatalités sont bien évidemment de la partie. Ceci étant dit, il n’y a plus de mises à mort propres à certains décors (comme le bain d’acide ou le pont dans les premiers épisodes), même si certains environnements peuvent vous blesser.

L’AXE DU MAL

Comparé aux précédents épisodes de la franchise, il faut bien reconnaître une nette amélioration graphique. Cependant, si on le met en face des autres beat’em up en trois dimensions de la même époque, Mortal Kombat : Deadly Alliance fait bien pâle figure. Les personnages sont modélisés de manière minimaliste (on dirait des poupées de cire), les effets d’ombrages sont très bizarres, les décors manquent de variété et de détails… Et ça, c’est juste le côté technique de la chose. Parce que si vous n’avez pas accroché au design ridicule des précédents opus, ce n’est pas celui-ci qui vous réconciliera avec la franchise.

Pour le reste, l’animation est un peu hachée, mais ce n’est pas trop gênant. En fait, plus que des saccades, on a surtout l’impression que les personnages se meuvent parfois très lentement, et parfois à une vitesse telle que l’on ne comprend pas ce qui se passe. On dirait qu’il manque des frames, un peu comme lorsqu’on réalisait le coup de pied du dragon avec Liu Kang dans le premier Mortal Kombat.

En matière de jouabilité, la principale innovation de ce volet, à savoir les trois styles de jeu, est aussi l’un de ses plus gros défauts. L’avantage est bien entendu la grande variété que cela engendre, mais en contrepartie, l’inutilité d’un grand nombre de styles et les heures de pratique que cela entraîne pour espérer maîtriser ne serait-ce qu’un seul personnage, rendent la chose pénible. C’est d’autant plus dommageable que les combos inter-styles sont non seulement possibles, mais grandement encouragés. Pour une fois qu’on peut faire de vrais combos dans un MK, c’est un acte manqué.

Malgré tout, et même si cela doit m’arracher la gueule, je vous avoue que cette Alliance Mortelle est bien plus attrayante que ses ancêtres. Pour qui veut s’y investir, les nombreux styles sont autant de variations sur un même thème permettant, théoriquement, à tous de s’y retrouver. Et les nombreux bonus à débloquer valent presque le coup à eux seuls.

Le fait est qu’il n’y a pas des tonnes de beats 3D sur le Cube de Big N. Voire même de jeux de baston au sens large. Une fois que l’on a fait le tour des deux indispensables de la machine, Soulcalibur II et Capcom Vs. SNK 2EO, on peut peut-être s’intéresser à cette alternative d’un goût douteux mais qui parvient néanmoins à redorer légèrement le blason de la série.

Mortal Kombat : Deadly Alliance