Seule contre tous :
Autrefois les Chozo dominaient l’univers et l’illuminaient de leur savoir infini. Ils appréciaient transmettre leurs connaissances aux civilisations moins évoluées et leurs créations étaient toujours en harmonie avec l’environnement de la planète. Ces êtres qui ressemblent aux oiseaux avaient atteint un niveau spirituel inégalé qui leur permettait d’entrevoir les chemins que pourraient prendre l’avenir. Avec ce pouvoir, ils avaient perçu le déclin prochain de leur civilisation. Pour remédier à cette tragédie, ils décidèrent de vivre renfermés sur eux-mêmes loin des autres peuples malveillants. Oubliant la technologie, ils coulèrent des jours paisibles en harmonie avec la nature sur plusieurs planètes reculées.
Leurs prémonitions prirent forme avec l’arrivée des Pirates de l’espace. Ce sont des nomades qui ont une très grande connaissance de la géographie intersidérale. Avides de pouvoir, ils cherchent par tous les moyens à atteindre la puissance nécessaire à leurs projets de conquêtes. Ils semblaient à leur portée quand ils mirent la main sur les Metroids découverts par la Fédération Galactique sur SR388. Afin de mener leurs recherches avec plus de sécurité, ils conquirent Zebes, une planète voisine et y détruisirent tout élément gênant, y compris les peuplades Chozos. Leurs plans funestes prirent fin quand Samus Aran, chasseuse de prime, atterrit sur Zebes et anéantit toutes leurs infrastructures souterraines. Les Pirates de l’espace ne s’avouèrent pas vaincus pour autant. Après le départ de Samus, ils reconstituèrent leur base et se mirent à la recherche d’une planète fournissant une source d’énergie intarissable. Il découvrirent ainsi Tallon IV qui fut récemment frappée par une météorite apportant avec elle un poison terrible, le phazon. Il provoquait d’horribles mutations à toute forme de vie entrant en contact avec lui, la plupart ne survivant pas à ce mal. Les Chozos qui avaient élu domicile sur cette planète ne purent éradiquer cette épidémie. Avant de quitter les lieux, ils construisirent un temple autour du cratère pour empêcher la diffusion du poison.
Dans la peau de Samus :
Quand les Pirates de l’espace débarquèrent sur Tallon IV, ils récoltèrent le phazon qui n’avait pas été emprisonné et entamèrent la sale besogne d’apprentis-sorciers. Ils injectèrent ce puissant mutagène dans le corps d’espèces indigènes et en observèrent les modifications. Ils commirent l’erreur d’installer un laboratoire en orbite basse qui fut détecté par Samus. N’hésitant pas une seconde, elle amerrit sur la station pour voir ce qui s’y tramait. C’est ici que l’aventure commence. A première vue, le bâtiment semble désert, aucun comité d’accueil ne vous attend. En confiance dans votre combinaison, vous avancez prudemment vers l’intérieur de l’infrastructure. Le ton est immédiatement donné quand vous entrez dans la première salle. Ici et là gisent des corps de scientifiques atrocement mutilés et au beau milieu de la pièce est allongé un énorme ver. En analysant les protagonistes de la scène grâce au mode scan de votre casque, vous en déduisez facilement que la salle a été mise à sac par ce gros monstre. Cette fonction spéciale du casque est très utile car elle analyse tous les objets intéressants et donne de précieux renseignements. Par exemple, elle fournit les indications nécessaires à l’ouverture d’une porte ou montre l’entrée d’un passage étroit. Le mode scan est également un outil très utile pour découvrir tout ce qui se trame derrière cette affaire. Avec lui, vous avez accès aux innombrables rapports confidentiels des Pirates de l’espace, vous plongeant ainsi totalement dans l’aventure. Enfin… pour ceux qui aiment lire, car lecture il y a.
Votre casque vous réserve d’autres surprises. Lors de combats où certains ennemis vous explosent en pleine figure, une gélatine peu ragoûtante gêne votre vision car elle s’est collée sur votre visière. Tout est fait pour qu’on entre réellement dans la peau de Samus. Quand elle sort de l’eau, on voit le liquide ruisseler avec de jolis effets de transparence et de distorsion ; par moment sous des éclairages spéciaux, on aperçoit même le reflet du visage de la chasseuse de prime ! Au cours de l’aventure, des améliorations seront disponibles, il y aura d’abord le viseur infrarouge puis le viseur radioscopique, chacun apportant son lot d’innovations. Bien évidemment certains passages et ennemis ne seront visibles que par tel ou tel viseur.
Un FPS original :
Pour ceux qui se posent des questions, la réponse est simple. Oui, nous voyons le jeu à travers les yeux de Samus. Nous avons donc affaire à un FPS tout en 3D qui, à première vue, tranche avec les anciens Metroid version plates-formes. En fait, le lien de parenté avec les autres Doom-likes est des plus éloignés. L’action ne se limite pas à de simples successions de bourinnage entrecoupées de 2 ou 3 objectifs à remplir. Non, le gameplay est plus proche des anciens opus de la série car le titre est avant tout un jeu d’exploration. Il faut bien scruter les environs, repérer les objets cachés et résoudre bon nombre d’énigmes. Le but principal est de récupérer les améliorations de votre armure et de vos armes pour pouvoir atteindre les lieux jusque là inaccessibles. Le scénario est assez tramé, vous êtes guidés dans votre quête par la voix de votre armure qui vous informe du prochain objectif, la progression est donc linéaire. L’accès à un endroit donné ne pourra se faire que si vous avez obtenu un certain upgrade. A première vue cela semble bien monotone mais détrompez-vous car le chemin qui mène à la victoire est extrêmement sinueux et parsemé de pièges. En plus, si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, il vaudrait mieux amasser le plus de réserves de vie ou de missiles possible. Bien évidemment, elles sont bien cachées et difficilement accessibles.
Metroid Prime se différencie également des autres FPS par le mode Boule Morphing que possède l’armure de Samus. A l’instar des autres volets, vous pouvez vous transformer en boule pour traverser des passages étroits et atteindre de nouvelles salles. Dans ce mode spécial, la vue change et la caméra s’éloigne pour se fixer à quelque mètres et vous permettre ainsi d’avoir une vue d’ensemble. Comme dans les anciens épisodes, la boule sert à se faufiler un peu partout et à découvrir des passages secrets menant à des améliorations bien sympathiques. Lors de la transformation en Boule Morphing, les sensations de jeu sont bien distinctes de celles d’un FPS et apportent beaucoup de variété. Que serait Metroid sans cette option ? C’est tout le charme de la série.
La maniabilité particulière du soft est un autre point qui le différencie des autres FPS. D’abord on voit tout de suite que lors de la transformation en Boule Morphing, les commandes ne sont plus celles d’un Doom-like. Puis même pendant les combats, l’agencement des boutons est singulier. Il est emprunté aux excellents Zelda sur N64. En pressant sur un simple bouton, on reste verrouillé sur la cible de notre choix quels que soient nos mouvements. De cette manière les combats ne deviennent jamais un énorme foutoir où l’on ne comprend plus rien. La bataille reste toujours claire et jamais confuse. Metroid Prime n’est pas qu’un simple shoot, il garde un aspect plates-formes essentiel à la saga. Là encore, les sauts d’une plate-forme vers une autre sont un jeu d’enfant. La vue à la première personne ne gêne aucunement les mouvements et la marge d’erreur est grande. Il faut presque le faire exprès pour louper un saut. Il faut avouer que les choses ne sont pas aussi roses au début. Comme Metroid Prime offre une maniabilité unique, il faut s’y habituer. Quand on est familier des FPS à la souris ou des anciens sur N64, le temps d’adaptation est assez long, il faut bien compter plusieurs heures. Après, tout roule comme sur des roulettes et c’est le bonheur assuré (avant aussi, mais avec quelques crises de nerfs).
Une atmosphère unique :
Initialement cet opus aurait dû sortir sur la N64, mais le projet prenant trop de temps, il fut finalement reporté sur la GC. On comprend pourquoi quand on voit le jeu tourner : tout est réalisé avec le souci du détail. Graphiquement c’est un ravissement pour les yeux. Que ce soit les décors ou les ennemis, tout est très soigné et esthétique. Malgré le passage à la 3D, l’ambiance de la série est intégralement restituée. Comme dans le premier Metroid, vous vous retrouvez perdu dans un complexe scientifique élaboré par vos plus fidèles ennemis. La progression se fait salle par salle et toujours plus profondément sous la surface de Tallon IV. L’environnement devient froid, austère, ou noir. Le réalisme des situations est très convaincant et rend le jeu encore plus oppressant. Les musiques sont là pour renforcer encore plus ce sentiment. Elles sont pour la plupart des airs d’ambiance mélancolique qui réussiront presque à nous rendre tristes. Par contre, lors de combats particulièrement intenses, on change complètement de ton avec des morceaux speeds et entraînants. Comme pour les graphismes, les bruitages essayent d’être les plus réalistes possible. On est submergé par des bruits d’explosion en tous genres ou par des hurlements de bêtes sauvages. La faune et la flore de la planète sont très agressives à cause des nombreuses mutations dues au phazon. Seules les créatures les plus robustes ont survécu à l’hécatombe et forcément, ce ne sont pas les plus amicales. Après avoir rencontré les monstres des glaces que sont les Sheegoth, on se rend mieux compte de la puissance destructrice du phazon.
Le jeu frappe par sa beauté mais également par sa fluidité. Il n’y a pas un seul ralentissement tout du long de l’aventure, pourtant les gros bestiaux ne manquent pas. On peut expliquer cela facilement par l’architecture du jeu. La progression se fait salle par salle et dans chacune d’elle, les sprites et les polygones sont définis au préalable. Il n’y aura jamais un trop grand nombre de sprites à l’écran, mais il n’empêche que les assaillants peuvent être nombreux et que l’on soit vite submergé. Si au début on avance sans trop d’embûches, par la suite cela se gâte. En plus des ennemis de plus en plus forts et nombreux, le monde à explorer est lui aussi de plus en plus vaste. Toutes les pièces ne sont pas accessibles dès leur première visite, les allers-retours entre les différentes zones seront donc fréquents. Il ne faut pas s’inquiéter, on ne s’ennuie jamais car les adversaires présents sur le parcours changent en fonction des découvertes qui améliorent le statut de Samus.
Pour finir :
Nintendo ne déçoit pas ses fidèles et met tout en œuvre pour que ses personnages-phares restent des références. Mario et Link ont formidablement réussi leur passage à la 3D, maintenant c’est au tour de Samus de les rejoindre. Metroid Prime est une énorme bombe ! Tout ce qui faisait la qualité de la saga se retrouve dans ce titre tout en 3D. L’ambiance, l’action, le gameplay… tout y est. La 3D apporte même un plus car l’immersion est totale. La série gagne en réalisme et cela est accentué par le nombre impressionnant de détails. Chaque élément révèle sa nature grâce au mode scan et rend ce monde hostile plus proche.