Au cœur de l’hiver, lors d’une journée froide et triste comme cette saison les offre si facilement, Luigi, le frangin de Mario, reçut une lettre qui le réchauffa et le mit de bonne humeur. Un message, qui sonnait pourtant comme une publicité mensongère, annonçait que lui, Luigi, avait gagné un magnifique et gigantesque manoir. Il ne put contenir toute sa joie et accourut vers son frère pour lui montrer son miraculeux gain. Très téméraire, Luigi préféra dépêcher son frérot afin de préparer les lieux et organiser une petite fête. Quel flemmard ce Luigi ! Le soir venu, il partit rejoindre Mario, mais en chemin, il s’égara au cœur d’une forêt noire et lugubre. Grâce à son croquis, il trouva néanmoins la position du-dit manoir, lequel au milieu de l’orage avait un air menaçant. Quand il arriva au seuil de la bâtisse, tremblant comme une feuille, il poussa doucement la porte grinçante, une faible torche à la main, avant de se faufiler à l’intérieur. L’obscurité des couloirs et des pièces pesait sur le pauvre Luigi qui était mort de trouille. Des frissons lui parcourraient le dos et il regrettait déjà d’avoir gagné cette demeure lugubre. Malgré tout, il continua son exploration jusqu’à se retrouver piéger dans une froide pièce par des… des fantômes ! Les formes transparentes, aussi lisses qu’un ballon gonflable, se ruèrent sur notre malheureuse victime tout en jouant de sa peur. Acculée dans un coin, elle crut que sa fin fut proche. Néanmoins, sorti de nulle part, un vieillard harnaché d’un aspirateur vint à la rescousse et réussit à faire fuir les spectres.
Vvvviiiiiiiiiiiiiiiizzzzzzzz ! (bruit d’un aspi)
Cette personne d’un certain âge est le professeur Karl Tastroff, spécialiste en l’étude des revenants et autres histoires de l’au-delà. Il explique à Luigi comment utiliser l’Ectoblast 3000, l’appellation scientifique du fameux aspirateur. Pour capturer un fantôme, il doit s’en approcher, ensuite l’éblouir avec sa lampe torche. S’il est suffisamment proche, le spectre se figera quelques secondes tout en montrant son cœur. A cet instant, il ne reste plus qu’à aspirer les monstres pour les retenir prisonniers dans la machine. Cependant, les bougres ne se laisseront pas faire. Ils se débattront comme des poissons retenus par l’hameçon d’une canne à pêche. Avant de pouvoir capturer l’ectoplasme, il faut donc le fatiguer en tirant dans le sens opposé de sa fuite. Petit à petit, sa force s’évaporera et quand elle sera nulle, il sera happé par l’Ectoblast.
Certains esprits ne se laissent pas attraper facilement, car ils ne montrent pas aisément leur faiblesse. Alors, Luigi devra étudier la situation, fouiller la pièce, et dénicher des indices afin de résoudre quelques énigmes qui mettront en évidence le cœur des spectres, autrement dit leur point faible. Par exemple, la diva ne daignera se lever que si le vent la décoiffe, ou encore le chien sortira de sa niche lors quelqu’un lui apportera un os, etc. Toutes ses actions sont possibles grâce à l’interaction de l’aspirateur avec le décor. Cet outil électroménager modifié ne sert pas qu’à éliminer les méchants, car comme tout aspirateur normal… il aspire. Mais si, véridique ! Avec lui, le frangin de Mario peut récolter des pièces, des billets et plein de pognon caché dans les meubles du manoir. Et tout le monde sait qu’une telle maison regorge de vieilleries en tous genres. Très vite, Luigi deviendra aussi maniaque qu’une ménagère afin d’aspirer tout ce qu’il trouve. De cette manière l’exploration se révélera être aussi passionnante qu’une chasse aux trésors. Autre que l’argent, notre preux téméraire avalera de la poussière, beaucoup de poussière, des nappes, mais aussi des éléments comme le feu, l’eau et la glace. L’Ectoblast, super appareil, aspire non seulement des fantômes élémentaires, mais il peut également les recracher, donnant ainsi des pouvoirs utiles à notre héros. Pouvoirs qui permettront de résoudre nombre d’énigmes.
Booooooooh ! (hurlement d’un fantôme)
Luigi’s Mansion se présente comme un Survival Horror, un peu à la manière de Resident Evil. Néanmoins l’atmosphère du mini-DVD diffère complètement du jeu gore de Capcom, et se rapproche plutôt de l’humour du film Ghotsbusters. Les salles de l’étrange maison sont représentées par des décors en 3D lisses et très agréables. Bien que l’environnement soit en 3 dimensions, le joueur n’a pas accès à la caméra, comme dans les Survival Horror de l’époque, le champ de vision est prédéfini. La caméra reste relativement loin de Luigi et le joueur voit donc l’ensemble de la pièce. C’est pour cette raison que les décors figurent des textures lisses avec énormément d’arrondis. A vrai, en jouant à Luigi’s Mansion, on se croirait presque dans un film d’animation. D’ailleurs, on prend autant de plaisir à regarder une autre personne jouer, qu’à prendre en main soi-même la manette.
L’ambiance qui s’échappe de ce produit se rapproche en fait d’un dessin anime. Les fantômes ressemblent à ceux présents dans Ghostbusters puisqu’ils sont aussi moqueurs et farceurs. Leur physique, à l’image de leur caractère, présente des formes translucides sans aucune agressivité. Leurs corps laissent partiellement traverser la lumière avec des effets qui paraissent tellement naturels. A vrai dire, la GameCube traduit avec une telle fluidité l’ensemble des mouvements des personnages et des éléments du décors, que l’on n’oublie que nous sommes dans un jeu vidéo, mais que l’on pense que nous sommes en train de visionner un film d’animation.
L’aspect sonore demeure plus discret. Le jeu ne comporte pas réellement de musiques. Le manoir diffuse des bruitages inquiétants classiques des films d’épouvantes, comme des portes grinçantes ou un plancher qui claque. Luigi, tout tremblant, tente de se rassurer en sifflotant le thème principal de l’aventure. Il n’en devient que plus attachant.
Haaaaaaaaaaa ! (cri de Luigi)
Luigi’s Mansion offre un spectacle visuel attrayant et distrayant. Qu’en est-il de l’aspect ludique ? La chasse aux fantômes ne procure ni des sensations fortes, ni des frayeurs. Le joueur s’amuse pourtant en regardant les spectres farceurs, relativement gentils, qui se marrent en faisant peur à notre pauvre Luigi. Il sursaute aux moindres bruits et ses poils s’hérissent comme ceux d’un chat. De plus, il tremble comme une feuille quand il entre dans une pièce noire tout en émettant des gémissements. Diriger un personnage aussi sensible change des habituels héros indestructibles. C’est une bonne surprise et également rafraîchissant !
Luigi’s Manson nous laisse cependant sur notre faim. En effet, ce jeu est beaucoup trop court. Toute l’aventure se déroule durant la nuit, et réellement, elle peut se terminer en une seule nuit ! Lorsque survient le générique de fin, nous sommes donc surpris de l’apercevoir si tôt. Bien que le jeu soit court, il laisse de bons souvenirs, car il possède une âme, une atmosphère que diffusent les fictions qui abordent l’au-delà avec humour.