King Arthur est un jeu vidéo GameCube publié par Konamien 2004 .

  • 2004
  • Action

Test du jeu vidéo King Arthur

1/5 — Bof… par

Le fameux cycle arthurien a donné naissance à bien des adaptations, cinématographiques notamment. Si certaines, quoique bien peu fidèles à la légende, sont devenues mythiques (Sacré Graal !), d’autres sont poliment restées dans les limbes (Lancelot, Premier Chevalier). Parmi les dernières tentatives sur grand écran, on trouve Le Roi Arthur, un gentil blockbuster légèrement navetesque sur les bords, dont le seul haut fait d’arme est de mettre en scène Keira Knightley (la fausse Padmé Amidala de Star Wars ou la vraie Elizabeth Swann de Pirates des Caraïbes) en reine-archère-ninja courtement vêtue pour l’époque et le climat.

C’est le studio australien Krome qui a été choisi pour transposer ce film, puisqu’on ne peut pas vraiment l’appeler autrement, en jeu vidéo. Jusque là, le seul travail que cette équipe avait fourni était le diptyque consacré au Diable de Tasmanie et les Aventures de Jimmy Neutron. De bien beaux résidus de fausse couche là encore, et si nous nous résumons, nous avons donc un jeu qui s’inspire d’un nanar et qui est réalisé par une équipe de bras cassés. Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que je vais me faire chier, moi ?

SI JOSEPH D’ARIMATHIE A PAS ETE TROP CON, VOUS POUVEZ ETRE SUR QUE LE GRAAL, C’EST UN BOCAL A ANCHOIS.

Le gars Arthur, c’est un brave chevalier romain qui défend corps et âme le mur d’Hadrien contre les Bretons menés par Merlin. Il croit à l’empire, le gars Arthur, il croit à la justice et surtout, il croit à la retraite. Manque de bol, il va être envoyé par l’évêque du coin pour sauver une famille importante retenue en otage par les Saxons. Bon à partir de là, le gars Arthur, il va rencontrer (et pécho) Guenièvre, il va rencontrer (mais pas pécho) Merlin, ils vont tous sympathiser, ils vont dire merde à l’empire, ils vont dire merde aux Saxons, et puis ils vont se marier (enfin, juste Arthur et Guenièvre hein, sinon c’est pas une union, c’est une partouze) et devenir roi et reine des Bretons.

L’AUTRE DERRIERE C’EST PIERCE AUSSI, J’AI JAMAIS COMPRIS POURQUOI, ET LUI, JE CROIS QU’IL A PAS DE PRENOM, ON L’APPELLE CONNARD.

King Arthur est un jeu d’action. Ca y’a pas de doute. On aurait bien du mal à le classer dans les jeux de réflexion. Ou de stratégie. Ou de quoi que ce soit qui nécessite l’usage d’un ou plusieurs neurones. Oui, parce que King Arthur pour tout vous dire, c’est un gros hack’n slash des familles. Un hack’n slash composé de plusieurs niveaux, une vingtaine au total, répartis en six grandes zones. Bien entendu, ces différentes missions reprennent fidèlement la trame scénaristique du long-métrage.

Pour chaque mission ou presque, vous pourrez incarner deux personnages distincts, le jeu étant d’ailleurs praticable à deux. Dans l’absolu, cela ne change que l’aspect esthétique puisqu’Arthur ou Lancelot, Bors, Guenièvre, ou encore Tristan, ils se comportent à peu près tous de la même façon. Il existe trois types de mission : des missions d’exploration à pied, où vous devez vous rendre d’un point A à un point B en massacrant joyeusement tout ce qui se dresse en travers de votre chemin, des missions à cheval qui suivent le même principe mais vous permettent de galoper à dos de destrier, et des missions d’escorte. Durant celles-ci, vous devez protéger un ou plusieurs personnages (l’évêque, Bors, des villageois) qui n’en font qu’à leur tête, tandis que des dizaines et des dizaines d’ennemis surgissent de n’importe où et vous pourrissent. Il y a aussi un boss à battre à chaque fin de chapitre.

A pied, vous utiliserez le stick pour vous diriger, A pour réaliser une attaque rapide, X pour une attaque moyenne, Y pour une attaque puissante, B pour vous défendre, A et B en même temps pour les attaques spéciales, L pour achever votre adversaire comme les Fatality dans Mortal Kombat, R pour cibler l’adversaire le plus proche, le stick C pour choisir une autre cible, et Z pour changer d’arme, passant d’une arme de mêlée (l’épée en règle générale) à une arme de jet (le plus souvent un arc) et vice-versa. A cheval, les commandes sont relativement identiques, à l’exception de deux boutons : X permet de se cabrer, Y d’effectuer une ruade.

A la fin de chaque mission, vous gagnerez des points, que vous pourrez alors distribuer à diverses caractéristiques de votre personnage. Vous pourrez dès lors améliorer sa force de frappe, ses talents à l’arc ou encore sa résistance. Sur le papier tout au moins, car dans la pratique, la différence est minime.

C’EST « COTELETTES » QUE VOUS COMPRENEZ PAS ?

En matière de films médiévaux-fantastiques, la trilogie du Seigneur des Anneaux fait figure de mètre-étalon. Et même si le Roi Arthur se veut plus « historique » que fantaisiste, force est de reconnaître qu’il emprunte bien des gimmicks à l’œuvre de Peter Jackson. Par un curieux phénomène de vases communicants, le titre de Krome vient piocher lui aussi, non pas dans le triptyque cinématographique mais dans les jeux dérivés d’EA Games. De là à dire que King Arthur n’est qu’un sous-LotR, il n’y a qu’un pas. Pas que je ne franchirai sous aucun prétexte, puisque j’ai tout aussi peu d’empathie pour l’un que pour l’autre. Les deux sont des sous-Diablo sans grand intérêt.

Pour en revenir à celui qui nous occupe aujourd’hui, nous noterons une réalisation dans la moyenne basse des jeux à licence d’époque. Ainsi, les scènes tirées du film et compressées à la hache qui servent de cinématiques se fondent bientôt en une bouillie de polygones mal texturés, avec crénelage au possible, censée représenter les chevaliers vaillants et leurs barbares ennemis. Dans la pratique, tous ces petits canaillous se confondent par manque de détails, se déplacent comme des automates par manque d’animation et rendent rapidement l’action illisible.

Le seul point relativement positif qui se dégage de cette réalisation à la truelle concerne l’aspect sonore. Qui a apprécié le film retrouvera avec un certain plaisir les dialogues joués et les envolées lyriques et épiques du blockbuster.

Au delà du manque de talent flagrant de l’équipe de graphistes et animateurs, ce que nous retiendrons surtout du titre est la pénibilité de son gameplay. S’ils ne devaient s’essayer qu’à des jeux de ce calibre, les testeurs de jeux vidéo pourraient postuler pour la retraite à cinquante-cinq ans, voire moins. Il s’agira dans la majorité des cas d’écrabouiller comme un fou furieux les boutons de la manette jusqu’à ce que plus un ennemi ne reste debout. Ceci fait, vous aurez peut-être besoin d’une manette de rechange, voire de doigts de rechange.

Et si cela ne suffisait pas de vous convaincre d’abandonner l’idée même de jouer à ce jeu, abordons la difficulté du logiciel. Le joueur capable de marteler en cadence les touches de sa manette pourrait peut-être se sentir confiant si ce n’étaient deux gros écueils : tout d’abord, il n’y a pas de checkpoints. Sur certaines cartes longues comme un jour sans pain, vous allez trouver le temps long avant le prochain point de sauvegarde.

Et puis surtout, il y a les missions d’escorte. Les mecs de chez Krome ont été sympas au moins, dès la première mission ils vous font bien comprendre que ça va être chiant. Si encore, il ne s’agissait que de latter les vagues d’adversaires, mais non ! Il faut encore que la victime en puissance que vous tentez de protéger se déplace à la vitesse d’une tortue sans pattes, qu’elle s’arrête pour faire dieu sait quoi tant que vous n’avez pas éviscéré tous les pélos qui se ruent sur vous, ou encore qu’elle se jette d’elle-même (Bors dans la mission d’escorte du deuxième monde) sur le piège le plus stupide, le plus grossier, le plus évitable qui ait jamais été conçu, en l’occurrence un bête tas de rondins. Bête à pleurer, d’autant que vous devrez tout recommencer dès lors que la ou les personne(s) que vous devez protéger est (sont) abattue(s).

Aussi frustrant que repoussant, King Arthur n’est pas à mettre entre toutes les mains. Pour tout dire, je pense qu’il n’est à mettre entre aucune main, même pas celles d’une personne que vous haïssez : elle pourrait vous en vouloir en retour et vous le faire payer.

A l’heure actuelle, Krome a fermé ses portes.

Tu m’étonnes, John.

King Arthur