Ah là là, Killer 7. Le jeu vidéo qui en est un sans en être un. Le concept au creux de ma main, moi qui ne suis qu’un pauvre gamer de base qui s’est contenté si longtemps de la 2D toute sa vie ou presque. Voilà qu’on me propose une expérience unique : deux mini DVD d’un non-jeu. Me voilà intrigué, tiens. Force est d’avouer que ce que l’on m’a dit ou ce que j’ai lu un peu partout s’avère vrai : c’est une expérience plus qu’un simple jeu. Killer 7, c’est un peu comme une toile de maître. On est tout content d’en avoir une et de la montrer à tous ses convives mais on ne l’apprécie pas forcément.
Malgré tout, Capcom a décidé d’en faire un jeu vidéo. Soit. Suivons-les dans leur délire. Killer 7 fait partie d’un plan décidé avec la Gamecube, créer 5 jeux originaux exclusifs à la console. Parmi ces jeux, P.N.03, Dead Phoenix, Resident Evil 4, Viewtiful Joe et Killer 7. On sait ce qui est advenu de ces « exclus »: P.N.03 est mauvais, Dead Phoenix mort-né (un comble pour cet animal), Viewtiful Joe est devenu une franchise, Resident Evil 4 est une monumentale tuerie et Killer 7 est un ovni qui n’a pas trouvé son public. Surtout ces trois derniers jeux se sont vus portés sur PS2. Enfin bon…
Alors je voudrais bien vous raconter le scénario du jeu, mais vous le raconter viendrait à en briser tout l’intérêt, en effet tout est basé sur le scénario plus que le gameplay. Y jouer n’est qu’une excuse au scénario. Ils auraient pu en faire un livre, vous savez celui « dont on est le héros ». Sans scénario, ce jeu n’existe pas et n’a pas lieu d’être. J’irais presque jusqu’à rajouter qu’avec son scénario, ce jeu n’existe toujours pas et n’a toujours pas lieu d’être. Jouer à Killer 7 m’a mis face à une interrogation assez farfelue. Ces déplacements sur des rails, l’impossibilité de choisir son chemin autre qu’en avant ou en arrière, ce gameplay qui ne dépasse pas 3 boutons à tout casser (le reste des touches utilisés par Killer 7 est pur rajout inutile) alors qu’on a une manette à 72 boutons. Et si Killer 7 était un jeu 2D finalement ? Et ce classicisme, voire cet anti gameplay est-il un hommage aux jeux 2D bien moins pourvus niveau possibilités de jeu qu’un univers 3D (soi-disant) ? Je crois que je ne le saurais jamais…
J’ai acheté Killer 7, parce qu’il m’intriguait, mais je ne savais pas du tout comment je le vivrais. En tout cas, il donne le ton dès l’allumage de la console, des cris étranges, une esthétique inquiétante, des images dont on peine à voir l’intérêt à première vue (et même à dernière vue) et beaucoup de globules rouges. Alors on démarre le jeu. On a le choix entre un certain nombre de personnages, chacun possédant sa capacité bien spéciale pour nous sortir des pièges en tout genres. Et on se rend compte des partis pris graphiques. Et les couleurs nous pètent à la gueule, c’est flashy, c’est agressif, c’est anguleux. Impossible de rester insensible. Mais ces différentes franches de couleurs et ces angles droits à tous bouts de champ ont leurs défauts. L’aliasing est très prononcé. Enfin bon…
La question de l’esthétique bouclée, vient le gros morceau qui divise réellement les foules. Le gameplay. Comment dire… J’ai toujours l’impression que dans les jeux auxquels je joue j’agis, je crée. Là, j’ai la désagréable impression de subir. Pas de possibilité de choisir son chemin, bloqué sur un rail, un bouton pour avancer (??) un bouton pour viser et un autre pour tuer. Ne cherchez pas la complication, vos balles sont illimitées, bourrinez. Pourquoi chercher à faire du crédible alors que l’on a un scénario à découvrir plus qu’une expérience de jeu ? On passe assez rapidement tous ces niveaux, ponctués d’énigmes élémentaires, d’ennemis qui rient et qui vous sautent à la gorge et on découvre petit à petit le pourquoi des 7 personnages. Enfin bon…
Finalement jouer à Killer 7, c’est comme aller voir un film d’action doublé d’un scénario volontairement incompréhensible. Et en ressortir en ce disant qu’on a toujours rien compris. Mais soit on en redemande et l’on a droit à des multitudes de goodies ou autres suites pour éclaircir le puzzle (ou en faire un grand n’importe quoi indigeste, j’espère que vous voyez ce dont je veux parler), soit on fait avec et garde sa propre interprétation quitte à être loin de la vision de l’auteur, mais on aura compris ce qu’on voudra bien. Moi j’y suis ressorti frustré. Parce que je n’ai rien compris et que ce jeu m’a fait chier. Alors les fans vont me sauter dessus en disant que j’ai loupé tout l’intérêt du jeu, que je suis un pauvre mec qui devrait rester avec son GTA et son Nintendogs et pas jouer dans la cour des grands. Que finalement je suis un con. Bah voilà. Ce jeu m’a permis de me rendre compte que je suis un con ! Merci Capcom.