Final Fantasy Crystal Chronicles est un jeu vidéo GameCube publié par Square Enixen 2003 .

  • 2003
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Final Fantasy Crystal Chronicles

3/5 — Très bien par

Sony a été le grand gagnant de la brouille légendaire entre Squaresoft et Nintendo. A compter du septième épisode, les Final Fantasy sont devenus des exclusivités Playstation. Jusqu’à cette fameuse années 2003 qui voit débarquer, coup sur coup, deux titres de la juteuse licence sur des machines estampillées Big N : Final Fantasy Tactics Advance sur Game Boy Advance puis Final Fantasy Crystal Chronicles sur Game Cube. Deux titres en marge de la saga principale néanmoins, mais qui comptent bien se vendre sur le nom devenu culte pour un bon nombre d’adeptes du RPG.

BONJOUR MONSIEUR LE BANQUIER, J’AI BESOIN D’UN PRET DE 3000€

L’épisode Game Cube part pourtant avec un sacré handicap, puisqu’il est prévu pour le multi-joueurs. Une bonne chose en soi, mais la mise en place est laborieuse. Rendez-vous compte : il vous faut posséder bien entendu le Game Cube et le mini-CD du jeu, mais ce n’est pas tout ! Il vous faudra également autant de Game Boy Advance qu’il n’y a de joueurs, ces derniers (les GBA, pas les joueurs, hein) servant alors de manettes. Et il vous faudra enfin autant de câbles de connexion GBA/GC. A la sortie du jeu et pour quatre participants, le passage à la caisse pouvait ressembler à une sodomie à sec.

Cependant, il faut bien reconnaître que ce système était viable. D’une part parce que seul, FFCC devient rapidement chiant, et d’autre part parce que d’autres jeux ont réutilisé le concept en l’améliorant. Enfin d’autres jeux… Un autre jeu. The Legend of Zelda : Four Swords Adventures, pour ne pas le nommer. Bref. Revenons à notre cher mouton, et penchons-nous un peu sur ses autres spécificités, à commencer par son cadre.

DANS LA VALLEE, YO-OH, DE MANA, LA LALALA

La première chose qui frappe une fois passées les douleurs rectales, c’est probablement l’univers du jeu. Il est indéniable que Final Fantasy Crystal Chronicles s’inspire de ses aînés, mais pas de ceux auxquels on pourrait penser. En l’occurrence, la filiation la plus évidente concerne les Seiken Dentetsu, autrement dit les Mana. De la même façon que les premiers épisodes de cette autre grande série de Square avaient été rebaptisés Final Fantasy Gaiden au Japon ou Final Fantasy Adventure aux Etats-Unis, on a l’impression que ce Crystal Chronicles est un nouveau faux-positif.

Dans la série de Koichi Ishii, il est question d’un Arbre Mana qui maintient la vie en produisant le fameux mana. Ici, on parle d’arbres à myrrhe, cette substance permettant de ne pas succomber au Miasme, une terrible peste qui s’est répandue sur le monde entier. De nombreux éléments de gameplay ont également été repris, à commencer par l’orientation action-RPG.

De fait, vous ne dirigerez qu’un seul personnage à la fois, qui appartient à l’une des quatre races de ce monde : les Clavats, grosso modo des humains ; les Lilties, des espèces de nains avec une tête de mulot ; les Selkies, plutôt orientées baston ; et les Yukes, de grands dadais branchés magie. Notez que vous pouvez choisir le sexe de votre héros, mais il n’existe que des filles chez les Selkies et que des euh… gars ? chez les Yukes.

Le but de votre avatar est donc de parcourir le monde dans sa roulotte. Mais plutôt que de se rendre au pèlerinage de la Vierge Noire et de cambrioler au passage toutes les maisons du bled où il s’arrête, son but est de récolter les gouttes de myrrhe qui permettront à son village de survivre pendant un an.

Y’A MEME PLUS LA PLACE DE METTRE UNE BANANE DANS LA CARAVANE

Final Fantasy Crystal Chronicles est donc un action-RPG, c’est-à-dire un jeu de rôle où les combats contre les ennemis se déroulent directement sur l’écran d’exploration plutôt que sur un écran dédié. Votre quête se déroule sur cinq ans. Chaque année, vous devrez vous rendre puis triompher de trois donjons à ciel ouvert gardés par un boss chacun. Une fois le boss vaincu, vous pourrez glaner la goutte de myrrhe tant espérée et, dès que vous avez obtenu trois gouttes, vous passez à l’année suivante.

Les différents lieux, qu’il s’agisse des donjons ou des villes, sont représentés sur un atlas sommaire et reliés entre eux par des lignes. Votre progression sur cet atlas ne sera entrecoupée d’aucun combat, uniquement de scènes cinématiques où vous pourrez parfois gagner un objet plus ou moins utile. Cet atlas est composé de plusieurs zones regroupant chacune deux ou trois donjons et souvent une ville. Pour passer d’une zone à l’autre, vous pourrez parfois utiliser un bateau, mais dans la majorité des cas, vous devrez franchir un mur de miasme. Le seul moyen d’y parvenir est de posséder de la myrrhe de la bonne couleur.

Vous transporterez en effet tout au long de votre quête un calice contenant de la myrrhe. Cette myrrhe peut être affiliée à un élément (terre, eau, air…) et donc à une couleur. Pour changer d’élément, il faut entrer dans un donjon (son ou ses élément(s) est (sont) indiqué(s) sur l’atlas) et se positionner sur un point dédié. Lorsque vous avez déjà triomphé d’un donjon, vous pouvez changer directement d’élément depuis l’atlas, sans avoir à vous emmerder à refaire le donjon.

Les donjons en eux-mêmes sont recouverts de miasme. Le calice vous confère donc une zone de protection qui entoure votre avatar tant qu’il porte le réceptacle. Le problème, c’est qu’il est difficile de se battre avec les mains pleines de myrrhe. Vous pouvez décider de ce fait de poser le flacon pour dégainer votre épée, mais dès lors, vous ne devrez pas vous éloigner du calice sous peine de voir votre jauge de vie fondre comme neige au soleil. Il existe un twist, cependant : en permanence, un Moogle (les célèbres mascottes de Final Fantasy et Seiken Dentetsu) vous accompagne, et vous pouvez lui ordonner de porter le calice pendant que vous vous battez. L’avantage, c’est que la bestiole vous suit partout. L’inconvénient, c’est qu’elle se fatigue vite : dès que le danger est écarté, elle commence à se plaindre et, si vous ne lui reprenez pas la coupe, elle n’arrivera pas à suivre bien longtemps votre course vagabonde. Lorsque vous jouez à plusieurs, cet inconvénient est gommé : l’un des joueurs se charge du calice tandis que les autres peuvent marraver à tout va, à condition de rester à proximité.

En solo, vous disposez donc d’un bouton pour attaquer (A), d’un pour porter/jeter un objet (B), d’un troisième pour commander votre Moogle (X) et d’un dernier pour obtenir le menu (Y). A plusieurs, les boutons A et B ont les mêmes fonctions, mais les deux autres n’existent pas (rappelons que le GBA ne possède que deux touches de façade). Pour ouvrir le menu, vous passerez donc par la touche Select. Enfin, les gâchettes L et R permettent de choisir l’action que vous voulez mener.

En effet, le menu vous permet notamment de décider quelles actions vous pouvez mener : une attaque à l’épée, l’utilisation d’un sort ou la consommation d’un objet. Pour ces deux derniers, vous devrez au préalable avoir obtenu le sort ou l’objet dans le donjon, soit en tuant un ennemi, soit en ouvrant un coffre au trésor.

Pour lancer le sort, il faut maintenir la touche d’attaque enfoncée et viser la cible au moyen du cercle qui apparaît alors. Vous pouvez même « superposer » de cette façon plusieurs sorts pour en obtenir de plus puissants : mettez deux sorts de feu l’un sur l’autre et vous obtenez un Braiser +. Enfin, en passant par le menu, vous pouvez créer de nouveaux sorts. Si les deux sont placés de manière contiguë, le jeu vous proposera de les fusionner. Encore une fois, le jeu multi vous épargne bien des tracas puisqu’il suffit que l’un des joueurs place un sort de feu et que l’autre place un sort de vie pour réaliser la magie Sidéral par exemple.

BEAU ET CON A LA FOIS

A n’en pas douter, Square-Enix a le mojo. En matière de réalisation technique, il n’existe pas beaucoup de boîtes qui leur arrivent à la cheville. Lorsqu’on regarde Final Fantasy : Crystal Chronicles, volet secondaire paru sur une console que personne en interne ne maîtrisait jusque là, on ne peut que rester ébahi devant la qualité et la richesse des graphismes, la fluidité des animations, l’onirisme de la bande-son. Il se dégage du titre une atmosphère à la fois grave et poétique que ne renierait pas Hiroyuki Ito, le directeur de Final Fantasy IX, avec lequel ce volet annexe possède certaines similitudes d’esprit.

Mais si Crystal Chronicles est beau, il n’est vraiment pas pratique. La jouabilité a clairement été étudiée pour quatre personnes, ce qui entraîne deux écueils : il faut soit ouvrir un crédit pour se procurer les quatre machines qui serviront de manettes, soit jouer seul. Et jouer seul oui, c’est un problème en soi. Parce que le Moogle qui vous suit est une plaie, parce que les sorts avancés sont une plaie, parce que du coup les ennemis qui résistent aux attaques physiques sont une plaie, parce que même les déplacements sur l’atlas sont une plaie tant ils sont entrecoupés de scènes cinématiques inutiles et verbeuses à en vomir…

Bref, une fois n’est pas coutume, ce Final Fantasy secondaire est aussi agréable à l’œil que désagréable à la main. Il semblerait que la firme qui tourne carré, depuis qu’elle a fusionné avec l’autre ténor du RPG japonais, a bien du mal a retrouver l’alchimie qui faisait les bons jeux de rôles d’antan. Maintenant, nous devons nous contenter soit de films légèrement interactifs, soit de concepts comme celui-ci, concepts qui ne sont pas encore viables. Ah, il est beau le progrès…

Final Fantasy Crystal Chronicles