Longtemps cantonnés à des personnages benêts et à des histoires simplistes, les dessins animés de Walt Disney ont vu arriver à la fin des années 80 de nouveaux héros moins immaculés, plus amusants bien souvent, et qui ont connu une renommée d’autant plus importante qu’en dehors du long-métrage où ils tiennent la vedette (qui, à lui seul, leur confère une certaine aura), ils se sont vus déclinés en de nombreux produits dérivés, dont le jeu vidéo, bien entendu, qui commence à ressembler à un vrai dessin animé interactif à l’aube des nineties.
C’EST L’HISTOIRE DE LA VIE…
Le Roi Lion suit l’histoire du lionceau Simba, fils du roi Mufasa, chassé de son royaume à la mort (accidentelle ?) de son père. Le royaume ne va toutefois pas tarder à se trouver un nouveau monarque en la personne de Scar, frère malingre mais rusé du précédent seigneur des lieux (et qui a donc spolié son propre neveu, si vous suivez toujours). Les lieux en question vont rapidement sombrer dans la décadence, à l’image de leur nouveau suzerain. Mais ça, Simba n’en a cure, lui qui va être contraint de grandir dans la jungle, recueilli par Timon et Pumbaa (respectivement une mangouste et un phacochère). Grâce à leur amitié, l’héritier déchu va oublier ses rêves de gloire. Mais peut-il renoncer à régner, lorsque son peuple est en péril ?
HAKUNA MATATA !
Loin de ces préoccupations traitées dans le long-métrage, The Lion King sur Game Gear est un simple jeu de plates-formes en deux dimensions, dans la lignée des précédentes productions estampillées Disney. L’aventure comporte dix niveaux, qui représentent de manière interactive la plupart des moments-clés du film. Quatre de ces stages se concluent par l’affrontement d’un boss (dont, par deux fois, un étrange orang-outan dont on ne se souvenait pas).
Ainsi, le joueur retrouve des passages tels que les cabrioles sur différents animaux de la savane (qui accompagnent dans le dessin animé la chanson « Je voudrais déjà être roi »), la course avec les gnous, la visite du cimetière des éléphants ou encore le retour de l’enfant prodigue. La majeure partie de l’aventure consiste à ajuster ses sauts et à faire avec les obstacles de level design (les singes qui vous propulsent un peu n’importe où, les éboulis, etc.), mais vous devrez aussi négocier vos rencontres avec divers ennemis quelque peu apathiques : scarabées, araignées, crapauds, hyènes…
Pour ce faire, le jeune lionceau dispose de plusieurs ressources appréciables. Il peut tout d’abord bondir toutes griffes dehors, ce qui lui permettra notamment de se défaire du premier boss. Mais cela ne fonctionne pas sur tous les adversaires, et tenter de rebondir sur un porc-épic ne vous conduira qu’à de douloureuses piqûres. Pour ces adversaires-là, Simba dispose d’une arme redoutable : son terrible rugiss… Pardon, son miaulement de chaton, tant raillé par les hyènes dans le film. Dans le jeu au contraire, cette technique permet de paralyser la plupart des opposants : il n’y a alors plus qu’à leur mettre un bon coup de griffe (que l’on réalise en utilisant le même bouton auquel on adjoint la direction avant) pour s’en débarrasser. Cependant, le cri ne peut pas être utilisé à tort et à travers, puisqu’il doit être rechargé (la « jauge de cri » se remplit toute seule avec le temps). En cours d’aventure, Simba grandit mais ses techniques de combat n’évolueront pas.
Vous trouverez, chemin faisant, quelques options telles que des recharges d’énergie, des vies supplémentaires (représentées par le symbole rupestre de Rafiki représentant le lionceau) ou encore des insectes. Si vous en gobez suffisamment, vous débloquerez l’accès au niveau bonus. Ici, vous dirigez Pumbaa vers la gauche ou la droite, afin de ramasser ce qui s’apparente à des boules de chewing-gum (!) tout en évitant les araignées qui vous tombent sur le coin de la gueule. Attention : le temps que le phacochère avale sa boule rose, il ne peut pas être déplacé et reste vulnérable aux coups.
JE VOUDRAIS DÉJÀ ÊTRE ROI…
À la manière d’Aladdin quelques mois plus tôt, The Lion King est particulièrement fidèle au dessin animé, visuellement comme conceptuellement. Il faut dire que les équipes de développement travaillent main dans la main avec les consultants de Walt Disney, qui se montrent aussi farouches en affaires que ceux de LucasFilm.
Bien entendu, on ne peut pas comparer cette version Game Gear, par essence limitée, aux conversions sur consoles 16 bits. Par exemple, la scène des gnous, si impressionnante sur Super NES, est ici vue de profil, avec des gnous qui défilent comme des canards au ball-trap. Les graphismes sont également moins fins, les couleurs moins nombreuses, les thèmes musicaux moins bien retranscrits… La seule concession qui n’a pas été apportée concerne les animations, qui demeurent quasiment aussi fluides que sur les supports plus puissants. Revers de la médaille, de nombreux clignotements font leur apparition, pouvant même parfois nuire au jeu.
En effet, si The Lion King souffre bien d’un défaut, c’est de ses problèmes de détection des collisions : il n’est pas rare que l’on se fasse toucher alors que l’on se trouve à bonne distance des ennemis ou, a contrario, qu’un choc manifeste ne provoque aucun dégât. Ceci dit, remettons les choses dans leur contexte. The Lion King n’est pas vraiment difficile, pas plus que la majorité des productions mettant à l’honneur les personnages de Walt Disney. De fait, les stages ont beau être nombreux et assez longs, les traverser dans leur intégralité ne devrait pas vous prendre bien longtemps.
The Lion King est donc peut-être le roi des animaux, mais pas celui des jeux de plates-formes. Son classicisme et ses petits défauts l’empêchent d’atteindre le plus haut statut, celui d’œuvre culte, que le film d’animation acquit dans le même temps.