Développé par Aspect, édité par SEGA.
On l’oublie un peu vite du fait de sa ludothèque assez pauvre (moins de quatre cent jeux en sept ans), mais la Game Gear a accueilli quelques perles, notamment plusieurs épisodes uniques de la licence reine chez SEGA, Sonic the Hedgehog. Déjà auteur des Sonic 2 et Sonic Chaos de la Game Gear, Aspect récidive avec ce Triple Trouble, suite directe de Chaos (d’ailleurs au Japon, ces deux jeux se nomment Sonic & Tails, preuve de leur filiation).
LA COURSE À L’ÉCHALOTE
Encore une fois, le docteur Robotnik s’est mis en chasse des Émeraudes du Chaos, et est parvenu à ses fins. Malheureusement pour lui, les tests de sa nouvelle arme ultime, le Chaos Destroyer, se sont mal déroulés et les émeraudes sont retombées sur Emerald Island, leur foyer. Sonic et Tails font tout pour les retrouver, mais Robotnik a persuadé Knuckles, le gardien des Émeraudes, qu’ils étaient les coupables du vol. Parallèlement à cela, le chasseur de trésors Nack la fouine part lui aussi à la recherche des Émeraudes, non pas pour leur pouvoir, dont il ignore tout, mais pour leur valeur pécuniaire. C’est donc tout ce petit monde qui se retrouve à explorer l’île afin de retrouver les précieux joyaux.
LA ZIZANIE
À l’instar de ses prédécesseurs, Sonic Triple Trouble est un jeu de plates-formes en deux dimensions où, comme dans Sonic Chaos, vous pouvez incarner au choix Sonic ou Tails. Si les deux se dirigent de la même manière, ils ont tout de même des capacités propres, sur lesquelles nous reviendrons sous peu. L’aventure comporte six niveaux de trois actes chacun. Le dernier acte ne fait que vous opposer à un boss.
Vous commencerez votre parcours à Great Turquoise, le traditionnel stage de mise en jambes où seuls quelques piques et animaux mous du genou peuvent vous ennuyer. Ensuite, place au grand huit au cœur du Sunset Park, au jeu de trampoline dans la verdure touffue de Meta Junglira, à la course en snowboard sur les pistes de Robotnik Winter ou encore aux recherches sous-marines dans les couloirs labyrinthiques de Tidal Plant. Enfin, il sera temps d’affronter les derniers sbires de Robotnik, et votre Némésis elle-même, dans les entrailles de l’Atomic Destroyer.
Vous dirigez Sonic ou Tails au moyen de la croix directionnelle, et utilisez l’un ou l’autre des boutons de la Game Gear pour une seule et unique action : sauter. Lors d’un saut vers l’avant, votre personnage se roule en boule, ce qui lui permet de se débarrasser de ses ennemis. Il peut aussi se rouler en boule au sol (bas lorsque vous courez). Enfin, Sonic peut effectuer une attaque spéciale en maintenant bas appuyé puis en pressant l’un des deux bouton d’action avant de relâcher. L’autre attaque spéciale s’exécute en appuyant sur haut plus le bouton d’action, et son effet est différent selon le personnage : elle donne à Sonic une accélération momentanée, et permet à Tails de s’envoler vers des hauteurs autrement inaccessibles.
Comme toujours, les anneaux que vous récolterez durant votre parcours vous permettent de survivre aux attaques adverses. Cependant, à la différence des autres Sonic, vous ne les perdez pas tous d’un coup si vous vous faites toucher : selon le stage dans lequel vous vous trouvez, vous n’en perdrez que vingt ou cinquante. Si vous vous faites toucher alors que vous n’avez plus d’anneaux, par contre, vous mourez. Vous recommencez alors en début de niveau, à moins que vous ayez activé les checkpoints sur votre parcours. Vous pouvez malgré tout refaire le plein de vies en trouvant des 1-Up. Vous trouverez en outre des grands anneaux (qui équivalent à dix anneaux normaux), des chaussures qui vous rendent plus véloce pour un court laps de temps ou encore une invincibilité, temporaire elle aussi.
Enfin, si vous touchez un écran affichant une émeraude alors que vous avez au moins cinquante anneaux en votre possession, vous atteindrez l’un des niveaux bonus, qui diffèrent selon le monde dans lequel vous vous trouvez. Soit il s’agit d’un labyrinthe vu de profil, soit d’une course en avion vue de dos. Quoi qu’il en soit, le but ultime est de collecter l’Émeraude du Chaos qui se trouve dans chaque stage bonus, et pour ce faire vous devrez affronter en fin de parcours le fameux Nack.
LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ
Sonic Triple Trouble se montre d’entrée de jeu assez alléchant. Bien entendu, il n’affiche pas des graphismes aussi beaux et fins que sur Mega Drive, mais pour un épisode huit bits, la qualité est au rendez-vous. C’est d’autant plus évident lorsqu’on le compare aux Sonic Chaos et autres Sonic Blast sortis sur le même support, ce dernier épisode étant qui plus est paru après.
Bref c’est beau, et c’est en plus très correctement animé et vif, ceci engendrant hélas quelques clignotements malvenus. La bande-son est également nerveuse à souhait, mais là encore bien en deçà, qualitativement parlant, des thèmes mythiques des épisodes seize bits, bien évidemment.
À jouer, Sonic Triple Trouble est tout aussi efficace que ses congénères, par contre. Malgré tout, et c’est là le principal point noir de cet épisode, la difficulté est très basse. La faute à des ennemis assez peu agressifs, à un parcours quasiment balisé où les surprises se font rares, et aussi au fait que l’on ne perde plus tous les anneaux d’un coup lorsqu’on se fait toucher. Voilà un préjudice plutôt rédhibitoire, puisque le faible nombre de niveaux ne suffit pas à rétablir une durée de vie raisonnable.
Malgré tout, étant donné que l’on peut désormais s’adonner à Sonic Triple Trouble sans dépenser un rond, et au regard de sa qualité globale, ce manque de profondeur n’est plus vraiment un problème.