Prince of Persia est un jeu vidéo Game Gear publié par Broderbunden 1992 .

  • 1992
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Prince of Persia

2/5 — Presque bien par

Préambule : _Les versions Master System et Game Gear de Prince of Persia sont absolument identiques. Seule la résolution de l’écran change, ce qui n’apporte ni ne retire rien au joueur.

Qui dit jeux absolument identiques, dit tests absolument identiques._

My name is Prince

Prince of Persia est un jeu de plates-formes, à la difficulté certes incroyable mais censé être faisable en moins d’une heure. Sur les versions ordinateur, le défi est relevable grâce à une maniabilité exemplaire au joystick/joypad : un bouton d’action, on se déplace à droite et à gauche en inclinant la manette du côté voulu, on saute en la poussant vers le haut et on se baisse en la tirant vers le bas.

Le problème est que sur Game Gear, il y a deux boutons. Par définition, l’un d’entre eux sert, dans les jeux de plates-formes, à effectuer des sauts.

Broderbund a donc eu le choix entre garder la jouabilité que tout le monde connaît et apprécie, ou s’orienter vers une maniabilité ‘console’ au petit bonheur la chance en gardant la maniabilité des autres jeux de plates-formes. Une de ces solutions est une solution stupide. Pour être plus précis, la seconde solution est stupide. Pour être encore plus précis, même le pire des crétins ne choisirait jamais la deuxième solution et même si, par le plus grand des hasards, un imbécile de classe mondiale la choisissait, il aurait le réflexe d’assurer une certaine cohérence dans les commandes.

Maintenant que ceci est mis au clair, poursuivons notre test.

Un jeu qui donne des boutons

Vous vous déplacez donc en utilisant la manette, utilisez le bouton A pour accomplir les actions (sauf prendre les objets, qui a été attribué à la direction ‘bas’ de la manette) et vous sautez vers la droite ou la gauche (première option) en appuyant sur le bouton B durant une seconde avant de choisir la direction avec la manette, ou (seconde option) en courant dans la direction voulue et en appuyant sur ‘B’ quand le prince a pris suffisamment d’élan… Bien sûr, corollaire logique : pour sauter verticalement on appuie sur ‘B’… Ah non, on pousse la manette vers le haut, en fait.

Le texte d’introduction des micro-ordinateurs, expliquant pourquoi vous devez sauver la princesse en moins d’une heure, a disparu, laissant la place à un menu d’options. Sympa. Je vais y jeter un œil pour voir si je ne peux pas changer les commandes, ou au moins simplifier le jeu, le temps que je m’y habitue… Bon, il n’y a que deux options : le temps alloué et votre total de points de vie. Pour le temps alloué, vous avez le choix entre 60 minutes (le temps standard), 30 minutes (humm, cela doit être le mode difficile car pour finir Prince of Persia en 30 minutes, il faut être un dieu), et 15 minutes (cela doit être le mode facile pour les dé… euh, attends… 15 minutes ? Sachant que je ne suis même pas sûr que l’on puisse le faire en 30, pourquoi mettre 15 ?) ! Bon… pas grave, je vais me donner quelques points de vie supplémentaires, ce sera toujours utile. Donc, quels sont mes choix ? 3 points de vie, ça c’est le nombre standard. 2 points de vie… ouch ! Cela doit être pour les pros. Le dernier choix c’est… 1 point de vie ! Genre je me casse un ongle, je meurs ! Non mais c’est bon quoi, pourquoi pas 0 pendant qu’on y est ?

C’est bon, finalement on ne va pas toucher aux options. Et puis bon, ce n’est pas comme si je ne connaissais pas les niveaux. Allez zou, prince gambadant, vers la princesse et au-delà !

J’ai découvert Prince of Persia sur PC en 1993 chez un ami. Puis j’y ai joué sur mon Amstrad. Puis à nouveau sur PC lorsque j’ai eu mon premier. En gros, durant quatre ans j’en ai bouffé du Prince of Persia. À tel point qu’en 2010, lorsque je m’y suis remis pour tester les versions CPC et ST, je n’ai eu aucun problème à faire les premiers niveaux de mémoire sans mourir. Tout ça pour dire que je ne suis pas une brêle lorsque je joue à Prince of Persia.

Ici, il m’a fallu quinze minutes pour passer le premier niveau. Je crois que même lors de mes premières parties, il y a 17 ans, je n’étais jamais mort un si grand nombre de fois dans le premier niveau.

Il n’y a pas que les commandes qui ont changé ; le comportement du héros aussi. Bon, par rapport à la version ordinateur ce n’est qu’une petite différence, mais elle change tout : sur Master System, le héros doit prendre plus d’élan pour sauter. Dit comme ça, cela ne semble pas la mer à boire ; et pourtant, cela suffit largement à ruiner le jeu. Des passages qui passent au millimètre près dans la gestion des sauts sur les versions ordinateur, eh bien ici ils ne passent plus. Le jeu n’est pas pour autant impossible. En effet, pour compenser cela, le héros est désormais capable de sauter beaucoup plus loin sans élan. Ainsi, au lieu d’avoir des passages où l’on joue au grand acrobate, on se retrouve à bien se positionner sur une plate-forme pour effectuer un saut sans élan, qui nous mène à une seconde plate-forme. Sur celle-ci, il faut à nouveau se replacer correctement pour refaire un saut sans élan… Bref, au lieu d’avoir des étoiles plein les yeux en regardant le parcours de malade que l’on vient de réussir à réaliser, on se retrouve à avancer poussivement, sans plaisir… et encore, sous réserve que l’on ne se trompe pas de bouton et que l’on attende bien une seconde une fois le bouton appuyé pour sauter. Sinon notre héros se jette joyeusement dans le vide, pour aller s’écraser lamentablement plus bas.

Dans quelle sauvegarde d’état j’erre ?

J’ai testé le jeu sur émulateur. Voyant que je n’arrivais pas à passer le niveau 2, j’ai décidé de tricher en sauvegardant l’état du jeu à mi-chemin du second niveau, afin de m’entraîner à réussir ces saletés de sauts… Puis j’ai compris, après une dizaine d’échecs, que cela ne servait à rien. Une fois le niveau passé, il en reste encore douze ; et entre jouer à Prince of Persia sur Master System ou me faire arracher toutes mes dents sans anesthésie à l’aide d’une pince rouillée, je choisis la seconde option, beaucoup plus agréable et moins douloureuse que cette torture horrible que m’inflige ce jeu.

Tous est-il à jeter dans ce Prince of Persia ? Non, juste la maniabilité débile et le menu d’options pour joueur masochiste. C’est dommage, d’ailleurs, car le jeu possède une option excellente ne se trouvant pas dans les niveaux sur ordinateur : un système de mots de passe vous permettant de recommencer la partie depuis un niveau déjà tenté, avec le temps restant au moment où vous l’aviez débuté. Par exemple, si en jouant vous avez fini le niveau 3 avec 47 minutes au compteur, vous recevrez un mot de passe vous autorisant, plus tard, à commencer directement au niveau 4 avec 47 minutes restantes, au lieu de tout vous retaper du début.

Mais hélas, cela ne suffit pas pour transformer un jeu injouable en hit.

Moi, doux ? Tu veux rire ?

Graphismes : Rien à dire, ils sont très beaux. Il y a toujours le problème des décors répétitifs, mais c’est valable pour toutes les versions et cela ne nuit pas au jeu.

Son : La musique n’a rien de transcendant et les bruitages sont à peine passables. Mais on ne joue pas à Prince of Persia pour la bande sonore.

Animation : Rien à dire. C’est rapide, c’est fluide, c’est beau. Il manque juste un scrolling pour que le bonheur soit parfait ; mais là encore c’est un défaut valable pour toutes les versions du jeu.

Difficulté : Injouable avec ces commandes de bœuf !

Richesse : Oui, les niveaux sont aussi riches que dans les autres versions ; ce sont les mêmes.

Ergonomie : Ergo-quoi ? Non mais sérieusement, quel est l’intérêt de ruiner un système simple et efficace pour déplacer le héros ?

Scénario : La princesse en détresse… encore…

Longévité : J’ai tenu trois heures (enfin, pour être honnête, deux heures trente sur Master System et trente minutes sur Game Gear, une fois que j’ai vu que c’était exactement la même merde… pardon, je voulais dire le même logiciel), et encore, parce que j’ai été patient…

En bref : Si vous êtes fan de retrogaming, jouez à Prince of Persia, mais sur une version ordinateur ; vous ne le regretterez pas. Mais ne restez pas ici, cela ne sert à rien.

Prince of Persia