Si le joueur européen peut se demander qui a eu l’idée saugrenue d’inventer un personnage en forme de boule rouge si semblable à Pac Man, son compère américain sait, lui, qu’il s’agit de la mascotte de 7 Up outre-Atlantique. En effet, le fameux soda de Pepsi était représenté par sa capsule ambulante chez l’Oncle Sam, tandis que nous découvrions de notre côté Fido Dido, le surfer cool et dégingandé. Bref, Cool Spot est donc avant tout un Advergame, un jeu publicitaire, quoi. Oui, mais un jeu publicitaire développé à l’origine par David Perry, le légendaire programmeur d’Earthworm Jim, avec qui Spot entretient quelques ressemblances.
DON’T YOU LET ME BE THE COOL
Cool Spot fait l’impasse sur le moindre scénario. Tout juste comprend-on que l’on va devoir aider Spot à délivrer ses compères, enfermés dans des cages. Pourquoi ? Par qui ? Nul ne le sait et, à vrai dire, personne ne s’en préoccupe vraiment. Traverser des environnements de la vie de tous les jours, mais à une échelle gigantesque pour une petite capsule de soda, voilà déjà une fin en soi.
COOL ET LE GANG
Cool Spot est basiquement un jeu de plates-formes. Votre progression est tout sauf linéaire, puisqu’il s’agit de trouver un certain nombre de Spots avant de pouvoir délivrer votre ami prisonnier. Les Spots sont ainsi répartis un peu partout dans tous les recoins de stages bien souvent labyrinthiques, et vous devrez faire vite pour trouver votre chemin, puisque votre parcours est qui plus est chronométré. Heureusement, des mains clignotent à l’écran pour vous signaler le chemin principal à suivre.
L’aventure au complet comporte huit niveaux, mais pratiquement deux fois moins d’environnements puisque de nombreux décors reviennent deux fois durant la partie. Ainsi, vous commencerez et terminerez votre périple sur une plage, et traverserez également deux fois le pont d’un navire pirate ou les combles d’une maison visiblement laissée à l’abandon. Rassurez-vous malgré tout, le cheminement n’est pas le même, seul le fond d’écran est identique. Les deux autres stages représentent un laboratoire de chimie et un endroit à mi-chemin entre la rigole d’un caniveau et la chambre d’enfant avec moult mobiles suspendus au plafond.
Cool Spot va donc devoir survivre dans cette jungle immense pour sa petite taille (un peu comme les décors de « Micro Machines » ou de « Chérie, j’ai rétréci les gosses ») et y tailler sa route, affrontant au passage divers animaux (crabes, vers, araignées, rats, grenouilles…), évitant les pièges (piques, tapettes à souris, plates-formes instables, etc.) et sautant par-dessus un nombre impressionnant de précipices. En contrepartie, il n’y a absolument aucun boss à défaire, même pas en fin de partie.
Pour triompher de toutes ces épreuves, le petit héros peut effectuer d’immenses bonds lorsque vous appuyez sur le bouton 1, et tirer des bulles lorsque vous pressez la touche 2. Il devra également collecter des Spots (qui valent un pour-cent de votre score de cool attitude) ou des logos 7 Up (qui en valent 7%), afin d’atteindre le pourcentage de points nécessaire pour délivrer ses amis (soit 60%). S’il parvient aux 85% de cool attitude, il aura le droit d’accéder au niveau bonus, où il pourra encore faire le plein de points. Il faut dire que les points permettent aussi de glaner des vies supplémentaires, alors il serait dommage de s’en priver !
TOO COOL TO FOOL
Pour un titre Game Gear, Cool Spot est relativement séduisant. La première chose qui surprend lorsqu’on attaque une partie, c’est probablement la grande richesse des animations. En outre, le héros se montre très maniable, à défaut d’être très précis, et la partie sonore demeure acceptable pour peu que l’on fasse fi du rendu médiocre de la console.
Les graphismes sont très corrects, les sprites assez importants et les décors plutôt riches en détails et en couleurs. Malheureusement, la vue semble avoir été « rapprochée », du fait de la résolution limitée de la portable, ce qui rend assez difficile l’appréciation des distances.
Or, dans un jeu où il est question de sauts au-dessus du vide en permanence, cela rend les choses inutilement compliquées. Le fait est qu’avec son énorme densité d’ennemis au centimètre carré et son aspect dédalesque qui donne au chronomètre des allures d’épée de Damoclès, Cool Spot était déjà suffisamment emmerdant sans que cette limitation de la vue ne vienne en rajouter une couche.
Pour autant, l’aventure est tout de même assez courte. Lorsqu’on connaît vraiment bien le parcours à suivre, il ne faut pas plus d’une heure ou deux pour boucler les huit niveaux, quand bien même ils se montrent bien moins linéaires que ceux de la majorité des jeux du genre.
Bref, pour synthétiser, Cool Spot serait un jeu tout à fait acceptable s’il n’était pas aussi frustrant par moments. En l’état, il reste un titre somme toute correct, bien plus en tout cas que les autres jeux à vocation publicitaire. Allez, pour pinailler, on pourrait aussi signaler qu’il manque quelque peu de charisme, tant de par son héros que par la banalité de ses ennemis.