Le contexte
Le jeu est sorti en 1991 et se présente comme un A-RPG des plus basiques, c’est-à-dire que l’on mène une quête en cherchant des indices, tout en combattant des ennemis en temps réel. C’est une adaptation du film portant le même nom (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, en français), sorti en 1988, film que je recommande et qui m’a emerveillé dans ma jeunesse. Steven Spielberg avait réussi à avoir les autorisations de faire jouer dans le film des personnages de la Warner (Bugs Bunny, Daffy Duck…) et de Disney (Mickey Mouse, Donald Duck…). Je me demandais comment c’était possible de faire jouer des personnages réels avec des toons ! Bon maintenant je sais, rassurez-vous…
Comme un bonheur ne vient jamais seul, le jeu commence dans le lieu de la première scène du film. Mais si, rappelez-vous ! Nous sommes dans les Studios MAROON où l’on peut voir Roger Rabbit tourner une scène de cartoon (dans une cuisine) avec Baby Herman. Seulement, on ne voit pas cette scène dans le jeu. On commence directement dans la cuisine avec Roger Rabbit (seul), et un téléphone qui sonne (oui, c’est cette bestiole noire qui fait du bruit ! Non ce n’est pas un réveil. Non ce n’est pas non plus un animal bizarre qui a avalé un réveil !). J’ai poussé le vice jusqu’à laisser sonner pendant 5 minutes, c’est qu’il a de la patience le gars derrière le combiné !! Bref, pendant tout le jeu, on va vivre une sorte d’histoire parallèle au film, en rencontrant les personnages principaux (Eddie Valiant, le détective, sera votre plus fidèle allié) et en visitant quelques lieux célèbres comme, donc, les Studios Maroon, mais aussi le Ink & Paint Club où se produit la chanteuse et femme de Roger, Jessica Rabbit, et bien d’autres…
« Mmm…quoi de neuf, docteur ?… »
« Mais nonnnn ici c’est Roger Rabbit, pas l’aauuutreuhhh ! »
« Ahhh…euh…oups ».
Roger Rabbit est un lapin (crétin ?) gentil, bien sympathique et tout et tout…, mais ce qui le différencie de Bugs Bunny, c’est qu’il a un sérieux problème d’élocution (mélange de zozotement et de tressautement labial) qui lui donne un air vraiment très con. Et de plus il est froussard ; sauf quand on touche à sa Jessica chérie. Et là, toongun dans une main, gant de boxe dans l’autre, mieux vaut ne pas être sur son chemin… D’ailleurs, que fait la plantureuse Jessica avec ce petit lapin niaiseux et ringard ??? L’intéressée répond qu’il la fait rire, cela suffit à son bonheur. Vous y croyez vous ? Bref parlons du scénario du jeu…
Le scénario ? Le jeu ne suit pas à la lettre la trame du film. On va dire que l’intrigue a été « simplifiée » pour le jeu. Au début donc, Marvin ACME, le proprio de Toonville en personne, convoque Roger Rabbit dans son bureau. Il lui explique que le juge DeMort (Judge Doom dans le jeu) veut faire main basse sur Toonville. Ce juge, qui est en fait un ancien toon refoulé, a pour but de raser tout simplement Toonville et de faire construire à la place… une autoroute avec des hôtels. Bref, il a demandé à Marvin de lui vendre la ville. En cas de refus, celui-ci aurait de sérieux problèmes. Mais Marvin avait prévu autre chose : à sa mort il aurait légué Toonville…aux toons ! Marvin a donc écrit ses dernières volontés dans son testament et il l’a remis à une personne de confiance : Jessica. Seulement, il a oublié de lui confier également le titre de propriété de Toonville ! Chose grave, car le testament n’a de valeur qu’en présence de ce titre. Roger a donc pour mission d’aller remettre le titre à Jessica. Or, derrière la fenêtre, quelqu’un espionnait la conversation entre nos deux bonhommes, et… je vous laisse le soin de decouvrir tout cela !
Techniquement, on évolue en vue de dessus en 1947 à travers la ville de Los Angeles (miniaturisée au possible). Premier regret, pas d’escapade dans Toonville, contrairement au film. L’histoire se déroule en 6 scènes, chaque scène étant composée, en gros, d’une énigme à résoudre avant d’affronter un mini-boss (souvent une des fouines du Juge DeMort). A noter que la première scène sert en quelque sorte à présenter l’intrigue, vous n’aurez quasiment rien à faire, seulement suivre les indications. On pourrait presque jouer les doigts de pieds en éventail tout en sirotant un bon jus de carotte… Les textes sont dans la langue de Shakespeare et bien évidemment, RPG oblige, les discussions offrent des indices pour progresser dans l’aventure. Cependant, même si on ne saisit pas tout, le jeu est suffisamment scripté pour ne pas que l’on s’égare. Je m’explique : selon les scènes, seulement certains lieux et bâtiments sont ouverts. Pas de panique, un password vous est en plus offert à chaque fin de scène.
Roger & Co. VS Game Boy
Le jeu date de 1991 et ça se sent. Les rues de L.A. sont terriblement vides, à l’exception des fouines rodant çà et là (dans la rue, dans les bâtiments, dans les poubelles, dans les égoûts, elles sont partout, c’est une véritable infestation !). Malgré tout, je peux vous dire qu’on se sent quand même seul au monde, et cette sensation va en s’accentuant au fil du jeu. Heureusement, la jouabilité est là : Roger est fort bien modélisé pour l’époque, et très bien animé aussi. On ne peut par contre pas se diriger en diagonale. La musique change selon que l’on soit en extérieur ou en intérieur. Les mélodies sont « gentilles », pas cartoonesques mais « gentilles », bien adaptées à l’univers du film et de son intrigue.
On débute avec 3 coeurs en guise de points de vie, et ça sera comme ça pendant tout le jeu. Les carottes disséminées un peu partout (et souvent gardées par des fouines) sont là pour vous requinquer en cas de blessure. Mais n’en abusez pas ! Je sais que c’est bon pour la vue mais il faut savoir qu’une fois une carotte mangée, elle ne réapparaît plus dans le niveau même si on recommence après avoir perdu une vie (enfin, perdre une vie n’est pas le terme exact puisqu’elles sont illimitées). Parlons maintenant de l’arsenal mis à disposition de Roger pour lutter contre les méchants. Imposant et varié, comme dans les cartoons me direz-vous ? Et bien non, Roger n’aura en tout et pour tout que 2 petites armes : un gant de boxe et un toongun qui peut contenir 9 balles au maximum ; mais heureusement on trouve des recharges à l’infini dans un des bâtiments de la ville.
Des défauts ?
« Oui, monsieur, et des gros… »
Tout d’abord la difficulté : elle est inexistante, si bien qu’en une petite heure (10 minutes par scène) le jeu est bouclé. La petitesse de la carte du jeu fait qu’il est rare que l’on soit vraiment bloqué dans l’intrigue. Ensuite, les sprites étant gros, on est souvent touché par les balles que tirent les fouines, et si plusieurs fouines sont dans une même pièce, cela peut devenir franchement chiant. Autre chose, les fouines remarquent votre présence par l’apparition d’un point d’exclamation au-dessus de leur tête si vous vous approchez d’elles. Conclusion : si vous tirez dessus alors qu’elles ne vous ont pas encore remarqué, la balle ou le gant de boxe, passent à travers… Enfin, le menu de l’inventaire est un peu bizarroïde, dans le sens où celui-ci contient une dizaine de cases, alors que dans tout le jeu on va trouver au maximum 5 objets qui les rempliront (chaussures qui marchent vite, sifflet, carte de laissez-passer…). Mais bon, comme dirait l’autre, mieux vaut posséder une grande bourse…
So what ??
Malgré ces quelques petits défauts, Who Framed Roger Rabbit ? est un jeu agréable pour qui veut se lancer au style A-RPG. Ceux qui ont adoré le film resteront, comme moi, un peu sur leur faim. Le jeu offre des moments sympas, comme une petite traversée de Sunset Boulevard en tramway, une course poursuite au volant de Benny le taxi à l’assaut d’une fouine pilote de voiture, une scène où il faut vous cacher dans le bureau d’Eddie Valiant… L’humour est présent dans les dialogues et vous aurez droit à des scènes cocasses comme dans la deuxième mission… Enfin, il faut savoir que le jeu se joue correctement sans bugs sur tous les émulateurs Game-Boy.
Verdict : 7/10
L’ambiance du film est, pour l’époque, bien rendue. Mais le jeu est beaucoup trop facile, dommage…
« Eddiiiieeee !!! Aide-moi, veee t’en fuupppppppllllllliiiieeeeee !!! »
Ah là là décidément, quel froussard ce Roger…