The Pagemaster, si vous ne connaissez pas le jeu, ça parlera sans doute pas à grand monde, sauf si vous êtes anglophiles. En français, ça donnait « Richard au pays des livres magiques ».
A mi-chemin entre Roger Rabbit, L’histoire sans fin et Harry Potter (oui je sais, ça fait trois chemins, disons « à la croisée des chemins » alors), ce film/dessin animé avait pour interprète Macaulay « je-suis-tarte-et-j’en-suis-fier » Culkin, le chiard de ‘Maman j’ai raté l’avion’.
Mouais, une adaptation d’un film daubique, je passe mon tour. Attend bonhomme, y’a un truc que je t’ai pas dit : le jeu est signé Probe.
L’HISTOIRE SANS FOND
Richard est du genre trouillard. Mais presque avec un T majuscule même, tellement il a élevé la peur au rang d’art. Tant et si bien qu’un soir d’orage, il court se planquer à la bibliothèque municipale.
Il court, il glisse, il tombe…
… Et se retrouve dans un pays imaginaire où les héros et monstres de littérature ont pris vie. Accompagné par les trois livres, horreur, aventure et fantaisie, il va devoir vaincre ses craintes s’il veut retourner dans son monde.
QUI VEUT LA PEAU DE RICHARD TYLER ?
Arrivé sur Game Boy, Richard devient le héros d’un jeu de plates-formes tout ce qu’il y a de plus classique. Il va devoir traverser les trois mondes qui correspondent donc aux trois genres littéraires du film : Horror World, Adventure World et Fantasy World.
Chacun est composé de plusieurs niveaux (six chacun), reliés entre eux sur un atlas. Cimetière et maison géante pour le monde de l’horreur, plage et bateau pour celui de l’aventure et forêt et « truc-glauque-qui ressemble-à-rien » pour le monde de la fantaisie. Vous pourrez le plus souvent choisir entre deux niveaux, mais parfois la route vous oblige à passer par un endroit précis. Cela signifie que vous n’êtes pas obligé de parcourir tous les niveaux.
Richard est franchement simple à diriger puisque le seul bouton utile est le bouton de saut. Pour vaincre un ennemi (fantôme, zombie, pirate, vautour, diablotin…), il suffit de lui sauter dessus. Attention toutefois, certains n’en meurent pas, comme par exemple les pirates avec le long sabre. Point intéressant, suivant la position où regarde le héros, la vue se déplace dans cette direction. On est d’accord, cette phrase ne veut rien dire, aussi je vais donner un exemple. Si vous regardez vers la droite, l’écran vous montrera principalement ce qui est à droite de Richard. Jusque là c’est normal. Mettons que vous vous retourniez, eh bien l’écran « bascule » vers la gauche et vous montrera surtout ce qui est à gauche.
Ça c’est valable pour les niveaux standards, car certains défilent dans n’importe laquelle des quatre directions, voire dans les quatre successivement.
Au cours du jeu vous pourrez récupérer plusieurs items. Les clefs du monde de l’horreur, qui équivalent aux pièces du monde de l’aventure et aux sphères du monde de la fantaisie, se cumulent pour vous donner une vie au bout de cent (et vous en aurez besoin, vu que vous perdez une vie à chaque touche). Les cristaux et autres trésors ne font qu’accroître votre score, mais le plus important reste les cartes de la bibliothèque. Chaque niveau en abrite une, et il vous les faudra toutes pour entrer dans le dernier niveau et affronter le dragon qui sert de big boss.
Notez enfin les niveaux « bonus ». Dans ceux-là, il vous faudra ramasser divers trésors pour accroître votre score… tout en évitant les obstacles sous peine de mourir ! C’est la première fois que je vois un jeu où l’on peut être game over dans un endroit censé être une récompense !!!
COURAGE, TESTEZ !
On aurait pu s’attendre à une belle bouse, un énième portage raté d’un film qui n’en valait pas la peine. Oui mais voilà, derrière ce jeu se cache Probe Entertainment. Et les heureux papas d’Extreme G2, Die Hard Trilogy ou Alien Trilogy ont encore fait du très bon boulot.
Scénaristiquement, ça s’inspire de l’ambiance du film sans en suivre la trame pour autant. Mais après tout, il fallait bien en faire un jeu, et c’est pas une espèce de bout d’histoire aux ficelles grosses comme des cordes qui méritait d’être respectée à la lettre.
Bref, que cela n’empêche pas d’admirer la finesse des graphismes. Les sprites sont bien détaillés, les décors tiennent la route même s’ils sont redondants (chaque style de décor est repris pour trois niveaux) et sur un fond désespérément blanc.
Les animations sont incroyables ! C’est bien simple, je n’avais jamais vu ça depuis Mickey Mania, et je ne pensais pas que le Game Boy était capable de telles prouesses. On note par contre un léger clipping, mais rien de gênant, on en est pas encore aux ennemis qui disparaissent.
Même la musique est de qualité. Bon elle vous transportera pas d’alégresse non plus, faut pas pousser mémé, mais elle est sympatoche. Les bruitages ressemblent à ceux de n’importe quel jeu de plates-formes, à base de « BOING » et de « CHTONK » .
Et la jouabilité suit. Certes, il faudra un temps d’adaptation pour appréhender les sauts démentiels de Richard (on dit que la peur donne des ailes) mais ceci fait, on se rend compte qu’il se manie avec facilité, et ça n’en est que plus agréable.
Ne vous attendez pas non plus à un jeu facile. C’est sans doute un jeu pour enfants vu la cible visée par le film, mais la moindre erreur vous coûtera une vie, et c’est par l’apprentissage quasi par cœur des niveaux que vous progresserez dans le jeu.
Jeu qui vous tiendra compagnie durant quelques heures, donc, et sur lequel vous reviendrez sans doute de temps en temps. En tout cas moi, il m’a fait réviser mon jugement sur les adaptations de films.