Ca vous est déjà arrivé de ne plus avoir vos notes au moment de rédiger un test pour le projet Veda ? Non ? Et bien moi si, aujourd’hui… Et si je me lance quand même dans la rédaction du test de The Battle of Olympus sur Game Boy, c’est parce que je suis sûr de ne plus retrouver ces notes égarées. Pourquoi ? Tout simplement parce que je les ai jetées. Enfin, j’ai jeté le recto de la feuille dont je n’avais plus besoin, sauf que j’ai oublié le verso où j’avais écrit quelques commentaires sur l’adaptation Game Boy de ce jeu NES. Bref, va falloir espérer que mes connexions neuronales soient encore en bon état et que je puisse me souvenir de suffisamment de détails pour vous faire profiter de ce jeu.
Roméo et Juliette, enfin presque…
The Battle of Olympus a un scénario basé sur la Grèce antique. Un jeune homme du nom d’Orphée est amoureux d’une jeune femme nommée Hélène, et nos deux tourtereaux ont décidé de poser leurs valises dans la jolie bourgade d’Elis. Malheureusement, un serpent pointe le bout de sa queue et trouve cette chère Hélène très appétissante. Orphée était parti faire un tour à la taverne du coin et l’avait laissée toute seule. Hélène se fait mordre par le serpent et est alors immédiatement transformée en statue, et ce pauvre Orphée se met à pleurer comme une madeleine pendant trois jours et trois nuits. C’est sûr qu’après ce qu’il s’était enfilé à la taverne, il avait assez de réserve hydrique pour pleurer au moins tout ça…
C’est alors qu’Aphrodite, déesse de l’amour, vient expliquer à Orphée que l’âme d’Hélène est en fait prisonnière d’Hadès, maître des Enfers, et lui suggère d’aller la libérer. Faut pas lui dire deux fois au père Orphée, qui prépare son attirail pour trouver l’entrée secrète du Tartare, repère d’Hadès.
Mais la route sera longue et semée d’embûches, et il faudra d’abord explorer 8 régions avant de voir apparaître l’entrée du Tartare. Heureusement que les autres dieux viendront en aide à Orphée depuis leur temple, à raison d’un temple par région. En effet, après avoir rendu visite à Zeus en Arcadie, celui-ci demandera aux autres dieux de vous aider en vous donnant des objets. Ce ne sera pas de trop, vu qu’Orphée est un peu parti avec sa bite et son couteau. Bon d’accord, il a bien une épée/massue en bois et un bouclier, mais vous admettrez que c’est un peu rudimentaire. Plus tard, il pourra utiliser le bâton de fenouil (qui crache des flammes une fois Prométhée libéré), une épée, et enfin l’épée d’Héphaïstos, qui a la propriété de pouvoir lancer des éclairs, ceux-ci faisant diminuer la barre de vie d’Orphée tant qu’il n’a pas acquis le bracelet de puissance (tiens, on a pas vu cet objet dans un autre jeu déjà ?). Le bouclier évoluera également, puisqu’il pourra d’abord contrer les flèches, puis parer le feu.
De nombreux autres objets sont également disséminés dans le jeu, comme les sandales d’Hermès pour sauter plus haut et marcher au plafond la tête en bas, la pomme d’or qui diminue de moitié les dommages faits à Orphée, la clé du jardin de Phthia, la harpe qui permet de passer d’une région à une autre quand utilisée près du mausolée du soleil, l’ocarina de Poséidon pour voyager sur les océans à dos de dauphin, deux pierres sacrées pour trouver des entrées cachées (dont celle du Tartare), et un flacon (sur lequel je reviendrai ultérieurement) qui permet de stocker du nectar et de régénérer le niveau d’énergie d’Orphée. S’ajoutent à ça de l’ambroisie qui a la propriété d’allonger la barre d’énergie d’Orphée, et trois nymphes qui possèdent chacune un fragment d’amour et une lettre laissée par Hélène (comme si elle avait eu le temps d’en écrire tiens…).
Notez que certains de ces objets devront être obtenus moyennant finance, c’est-à-dire qu’il faudra amasser un certain nombre d’olives laissées par les ennemis vaincus. Il faudra également avoir tué suffisamment de salamandres pour pouvoir se faire fabriquer le bouclier anti-feu. Quelques boss vous bloqueront la route, que ce soit vers un objet à récupérer ou vers une nouvelle région.
Une adaptation d’une adaptation
Effectivement, The Battle of Olympus Game Boy est l’adaptation de la version NES, elle même adaptée de la légende grecque dont je vous ai fait part. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que The Battle of Olympus sur NES est un bon jeu, certains le considérant même meilleur que Zelda II (les sots…), dont il s’est largement inspiré. Alors, quid de cet opus Game Boy ?
Force est de constater que l’adaptation est plutôt réussie et fidèle au jeu original, malgré quelques différences que j’ai pris le soin de noter (puis de jeter) pour vous.
Mais commençons par le jeu dans son ensemble. Les jeux d’aventure de la sorte sont plutôt rares sur Game Boy, surtout ceux de bonne qualité. L’exercice était donc périlleux, mais Radical Entertainment (chargé de l’adaptation du jeu pour le compte d’Imagineer) a réussi son pari. Le jeu est agréable à regarder et ressemble fortement à la version NES, également sur le plan musical, et l’animation est plus que correcte. L’agencement du jeu est similaire, c’est-à-dire que l’aventure se poursuit dans le même ordre que sur NES. Trouver son chemin ne sera pas forcément toujours évident, et il faudra faire l’effort de parler avec tous les personnages pour résoudre les énigmes et trouver les objets nécessaires à la poursuite de la quête, ce qui est la grande force du jeu. Si le jeu NES avait été critiqué pour sa maniabilité trop rigide, elle l’est finalement encore plus dans cet opus Game Boy, mais on finit aussi par s’y habituer et maîtriser les mouvements d’Orphée.
Au chapitre des petites différences sans grande importance, on notera des niveaux plus courts (moins d’écrans), sans doute pour une histoire de mémoire dans la cartouche, mais cela ne fera en fait que raccourcir certains parcours avec ou sans ennemis et n’a pas une grande influence sur le jeu en lui-même. De même, certaines grottes intermédiaires ont été supprimées, et en y réfléchissant bien, elles ne servaient pas à grand chose. Il manque également quelques ennemis, mais je pense que c’était nécessaire pour limiter les ralentissements. J’ai également constaté que se rendre dans certaines régions à dos de dauphin se fera de manière différente, c’est-à-dire que deux « correspondances » ont été inversées. J’ai été assez déçu de voir que la Toccata de Bach avait été supprimée des temples des dieux, qui garderont la musique de la région où ils se trouvent, mais on retrouve cette mélodie dans le tout dernier niveau, avant l’affrontement final avec Hadès. Le thème musical du jeu NES de ce dernier niveau à quant à lui complètement disparu.
Pour ce qui concerne les améliorations franches, on notera l’absence de lettres minuscules dans un système de mots de passe déjà suffisamment compliqué comme ça (qui n’a jamais mal recopié un mot de passe sur NES hein, qui ?), et la traduction en 4 langues en plus de l’anglais. J’ai fait le jeu en français et je dois dire que la traduction est relativement bonne. Il est juste dommage de trouver des lettres minuscules au milieu des lettres majuscules dès qu’il faut faire passer un accent grave, circonflexe ou aigu.
Par contre, le manque de couleurs se fera ressentir à plusieurs reprises, comme dans les labyrinthes de Péloponnèse et de Crête. Distinguer les nuances entre les décors de fond ne sera pas forcément aisé et on se perdra plus d’une fois, en tout cas plus que sur NES.
Et puisqu’on en est à parler des défauts, je suis bien obligé d’évoquer le plus gros : la difficulté. Le jeu était relativement difficile sur NES et il l’est encore plus sur Game Boy, et il est bien difficile de croire que ce serait le fruit du hasard. Les ennemis sont en effet plus coriaces et il faudra les frapper plus longtemps avant de les occire, sans compter que les boss sont plus difficiles à tuer que sur NES (sauf le boss final Hadès, paradoxalement) en raison d’un choix de patterns différents. Du coup on perd trop souvent de l’énergie et on meurt facilement, surtout au début du jeu, et ces phases d’action en rebuteront plus d’un. La seconde tactique consiste à éviter les ennemis, mais ce sera fort compliqué tant qu’Orphée n’aura pas les sandales d’Hermès. Et puis comment faire le plein d’olives pour acheter certains objets si on passe son temps à éviter les ennemis ? Parlons-en de ces olives tiens… Quand on meurt, on perd la moitié de son stock, et comme on meurt souvent en route, on arrive avec trop peu d’olives au moment de faire des achats. Certains tarifs exorbitants ont été revus à la baisse vers la fin du jeu, mais c’est une maigre consolation.
Et puis il y a cette histoire de nouvelle cachette du flacon qui permet de transporter du nectar et de recharger son énergie quand on est à la peine. Je n’ai pas réussi à mettre la main dessus, tandis que les indices laissent penser qu’il devrait être au même endroit que sur NES. Au lieu de cela, on tombe sur le temple local, et le flacon reste introuvable. J’ai douté de son existence et ai continué l’aventure sans, avant de regarder sur le net une fois le jeu terminé. Et bien il est effectivement caché ailleurs, à un endroit où j’ai cherché… Je sens venir la question du « comment c’est possible ?? ». Tout simplement parce qu’un tout petit détail (mais un détail important) a été programmé avec les pieds, à savoir que faire apparaître des trous ou des objets en frappant des éléments du décor ne fonctionne souvent qu’après de nombreux essais… Comment je devine qu’il faut taper au moins 10 fois avant que ça marche moi ? Grrrr…
J’en veux pour preuve le walkthrough du jeu disponible sur le net, où le testeur avoue ne jamais l’avoir trouvé, ainsi qu’une portion d’ambroisie. Dans les deux cas, c’est dû à ce foutu bogue de programmation…
Augmenter la difficulté intentionnellement, c’est passer à côté de l’essence même du jeu. The Battle of Olympus est un jeu d’aventure où il faut parler avec tous les personnages pour résoudre des énigmes, trouver les objets, et ainsi avancer dans le jeu. C’est là que doit résider la difficulté, pas dans les phases d’action. C’est d’autant plus dommage que l’adaptation est par ailleurs de très bonne facture. Même s’il n’arrive pas au niveau du jeu original NES, The Battle of Olympus reste un bon jeu Game Boy qui saura divertir agréablement une fois les premières difficultés surmontées.