Développé par Sunsoft, paru aux États-Unis en juin 1990.
Celles et ceux qui, un jour ou un soir, poussèrent la porte de leur magasin de jouets / jeux favori, repérèrent cette boîte bleu foncé assez sobre avec juste un nom marqué en grand au milieu, ces mêmes personnes qui rentrèrent chez elles, ouvrirent la boîte et en extirpèrent cette petite cartouche soigneusement rangée dans son petit boîtier plastique lui-même enveloppé dans un petit sac de protection, puis qui introduisirent la cartouche – après l’avoir sortie de tout ce qui précède – dans leur console chérie et… allumèrent celle-ci…
Tous ces gens, vous qui me lisez peut-être, connurent alors une grande émotion : le logo à la chauve-souris tournoyant et cette musique sinistre, annonciatrice d’un jeu…
pas mal !
Ah ! ah ! ah ! Je vous ai bien eus, hein ? Je casse l’ambiance grave après avoir fait monter la tension. Suis-je un fouteur de merde ?
Cette grave question pourra peut-être faire l’objet d’un sujet (« objet d’un sujet », franchement…) dans les forums un jour ou l’autre mais, pour l’heure, concentrons-nous si vous le voulez bien sur ce jeu tiré, comme on pourrait s’en douter, de l’excellent film de Tim Burton sorti un an auparavant, en 1989.
Scénario
Je pourrais vous renvoyer directement au film puisque ce jeu suit fidèlement celui-ci. En effet, vous commencez votre chasse aux criminels dans les rues de Gotham City après quoi vous effectuerez un passage dans les charmantes usines chimiques AXIS, au terme duquel vous rencontrerez ce cher Jack (interprété par l’inoubliable Jack Nicholson !!!) pour un petit combat assez basique.
En vrac pour la suite, signalons un passage au musée d’art, un tour en Batplane pour deux véritables niveaux de shoot de derrière les fagots, sans oublier la cathédrale et la confrontation avec The Joker himself (inoubliable Jack Nicholson bis !!!) en apothéose d’un jeu bien foutu !
Il n’y a par contre aucun niveau vous mettant aux commandes de la Batmobile. Des jeux ultérieurs viendront combler cette lacune.
Sauter et canarder
En effet, Batman mêle adroitement jeu de plates-formes et action / tir. Et en matière de plate-formes, croyez-moi, il faudra parfois viser au pixel près !
Certains passages se révèleront bien ardus et, le personnage principal présentant une légère inertie, il s’agira d’être bien posé au moment d’appuyer sur A. Notamment lorsque vous vous faites canarder de devant et derrière en même temps (éviter plusieurs projectiles tout en bondissant et en essayant d’atterrir sur et non à côté d’un bloc, c’est coton) ou encore quand des ennemis vous tombent dessus dès que vous avez posé une patte – heu… un pied – sur la plate-forme, vous obligeant à sauter fissa-fissa sur la suivante, jusqu’à en atteindre une avec un ou deux blocs à côté vous permettant de souffler un peu.
Pour ce qui est du coup de feu, vous aurez affaire à de nombreux adversaires qui vous attaqueront non seulement en vous flinguant mais aussi en vous fonçant carrément dessus. (Pourquoi eux ils peuvent faire ça et ne pas être blessés / endommagés alors que si nous on le fait c’est tout le contraire ? C’est vraiment trop injuste !)
Heureusement, vous pourrez dégommer des blocs qui en disparaissant laisseront la place à différents types d’armes comme le tir court (ridicule : j’ai jamais vu un flingue tirer un projectile qui s’arrête net à courte distance…), l’onde (qui se propage en vague) ou encore le batarang, qui revient vers Batman après que vous l’ayez lancé.
Vous trouverez aussi des boucliers qui tournoient autour de vous et peuvent détruire les ennemis, ainsi que des bombes annihilant tout adversaire à l’écran (rares, évidemment). Sans oublier une petite crasse : un item qui vous fait régresser dans votre armement. Ce petit vicelard est parfois tellement sournoisement positionné que vous n’avez d’autre choix que de le toucher sous peine de risquer de faire une longue chute.
Techniquement
On a tous en mémoire la batcave bourrée de matos high-tech, la batmobile, etc. Qu’en est-il du jeu ?
Eh bien, pour cette bonne vieille année 1990 (bonté divine, que c’est loin…), Batman le jeu fait vraiment honneur à Batman le film. Les sprites, il est vrai, sont petits et peu détaillés, mais suffisamment visibles. Rappelons-nous qu’il s’agit d’un des premiers jeux disponibles pour Game Boy. De plus, cette taille réduite permet d’en obtenir davantage simultanément à l’écran, cela sans clignotements et ralentissements aucun. L’action est fluide. On regrettera toutefois le relatif vide de l’arrière-plan.
La maniabilité est excellente. Une fois le personnage bien en main on avance rapidement, on arrive à faire des merveilleux enchaînements et on se surprend parfois à traverser un niveau en sautant de plate-forme en plate-forme, presque sans s’arrêter pour réfléchir, de manière instinctive (il faut bien contrôler l’inertie de Batman, cependant).
Les musiques sont un régal ! Le processeur limité de la Game Boy s’en tire vraiment bien et les mélodies restent en mémoire même après avoir éteint la console.
Quant aux bruitages, ils sont plus qu’honorables, sans être extraordinaires.
Je termine en signalant les petites scènes (images fixes) qui sont intercalées entre les niveaux et qui suivent au plus près l’intrigue du film.
Avez-vous déjà dansé avec le diable au clair de lune ?
Que la réponse à cette question soit oui ou non, je ne peux que vous encourager à découvrir ce très bon run ‘n gun qui faisait vraiment honneur à la Game Boy à ses débuts. Tous les ingrédients sont réunis ici pour vous faire passer un agréable moment vidéoludique : maniabilité au poil (l’inertie mise à part), graphismes honnêtes (on va me répondre que Gargoyle’s Quest, aux graphismes particulièrement élaborés, date aussi de 1990, mais je pense que ce dernier est une exception plutôt que la règle), musiques sublimes et entraînantes, difficulté bien dosée et progressive, niveaux bien construits, sans compter le plaisir de marcher sur les traces du film (sauf si vous n’aimez pas celui-ci bien sûr ; mais alors les chances sont grandes que vous ne lisiez même pas ce test).
Verdict : 8/10