3ème volet des aventures de notre Indien fétiche sur les consoles Nintendo, Turok : Rage Wars est un jeu bien particulier. En effet, sur N64 c’est un jeu spécialement conçu pour le FPS multijoueur, mais petite Game Boy oblige, un tel titre ne pouvait voir le jour sur console portable. Ainsi on se retrouve devant un nouveau jeu d’aventure en 2D/3D isométrique. Après un 2ème opus excellent, voyons voir si la série a su se renouveler et offrir quelque chose de nouveau aux joueurs.
Exterminer, ou être exterminé
Comme vous l’aurez compris à la lecture de cette courte introduction, le scénario de Turok : Rage Wars est donc complètement inédit, mais pas vraiment original. L’organisation dinosoïde « Amaranthine Accordance » projette d’envahir et de dominer la Terre Perdue, et c’est à vous qu’il incombe d’empêcher cela et d’exterminer toute menace ennemie au travers des 4 missions du jeu. Chacune d’entre elles représente un moyen pour les méchants pas beaux de réussir leur plan démoniaque, mais elles n’ont pas de véritable lien entre elles, s’enchaînant sans transitions ; on pourrait presque dire que l’on a affaire à 4 mini scénarios. Et déjà là, mine de rien, on est en présence de l’un des principaux défauts du titre. 4 missions ? Oui, seulement 4… Et la durée de vie s’en ressent, surtout que vous n’aurez pas à retourner dans les précédents niveaux, comme c’était le cas par exemple dans le 1er opus. Pour compenser cette courte durée de vie, les développeurs ont cru bon d’effectuer un retour aux sources. Si le 2 s’était distingué pour son accessibilité, grâce à une difficulté bien dosée, Rage Wars réussit la prouesse d’être bien plus hardcore que Battle of the Bionosaurs, ce qui n’est pas peu dire. Et franchement, on (je) s’en serait bien passé ! Le jeu est tellement dur à certains passages que c’est à s’en arracher les cheveux. Si la simple vue de l’écran « Game Over » vous horripile, vous risquez de faire des cauchemars, car là pour le coup, vous allez le voir souvent, très souvent… Paradoxalement, ce « défaut » est la conséquence de l’une des qualités du titre, son IA. Celle-ci est très réussie, mais justement, sans doute trop. Les ennemis réagissent vite et bien, et surtout, ils visent juste. Une difficulté encore rehaussée par l’architecture du jeu en lui-même, car désormais l’action se déroule dans un mélange de 3D isométrique et de scrolling multidirectionnel. De ce fait, le danger arrive de tous les côtés, et les phases de plate-forme n’en sont que plus compliquées à négocier.
Un nouveau système de combat
Passer de la 2D à la 3D isométrique implique forcément de gros changements dans le gameplay. Si Turok est toujours aussi vif et réactif dans ses déplacements, il a néanmoins perdu pas mal de ses précédents mouvements. Vous ne pourrez donc plus ramper, grimper ni même nager, mais uniquement courir, tirer et sauter. Tous les décors s’affichant à l’écran, vous n’aurez plus à explorer les zones cachées qui vous entourent. Pire : vous serez même souvent tributaire du jeu, qui vous imposera un défilement ininterrompu de la zone à la manière d’un rail-shooting-gun ; frustrant. Comme dit un peu plus haut, vos ennemis ne vous laisseront que peu de répit. Du coup, la sélection de vos armes s’effectue désormais uniquement avec la touche Select. Pratique dans le feu de l’action car cela laisse la croix directionnelle libre pour esquiver, mais peu efficace dès qu’il s’agit de chercher une arme bien précise, car ce système force à parcourir la liste entière de votre arsenal, à condition en plus de ne pas sauter celle qui vous intéresse, sous peine de devoir vous retaper la liste en entier encore une fois… Toutefois, le jeu intègre quelques nouveautés fort intéressantes : désormais, certaines armes ont plusieurs types de munitions (par exemple, des balles normales et des balles explosives). Par l’intermédiaire du menu de pause, de nouvelles fonctions font également leur apparition : Rage Wars offre l’opportunité aux joueurs d’améliorer leurs armes, soit en les « upgradant », soit en les combinant. Vous pourrez ainsi en créer de nouvelles, qui ne seront déblocables que par cette méthode. Mais ce n’est pas tout puisque vous pourrez également customiser votre bouclier et choisir sa résistance parmi les 4 disponibles (contre le feu, les coups, les morsures et les balles), sans oublier de le recharger, à l’aide de recharges (ça alors ! ^^) qu’il faudra gérer et économiser comme votre denrée la plus rare. Assez bien fichu et apportant une petite touche stratégique, ce système est la véritable innovation marquante de cet épisode.
Une Game Boy Color très bien exploitée…
Quelque part, c’est compréhensible que les développeurs n’aient pas pu intégrer plus de 4 niveaux dans la petite cartouche GBC, surtout au vu de la qualité des graphismes. L’un des petits bémols que l’on peut reprocher aux jeux Game Boy Color c’est que souvent, les éléments à l’avant-plan sont très beaux et détaillés, tandis que l’arrière-plan est plus dépouillé et un peu plus clair. C’est d’ailleurs le cas pour Turok 2. Si le jeu n’en demeure pas pour autant très joli, l’avantage de la 3D isométrique est de gommer naturellement ce bémol puisqu’ici, toute l’action à l’écran constitue « l’avant-plan ». Les graphismes de Rage Wars sont parmi les plus beaux de la petite portable de Nintendo, avec un large panel de couleurs mais surtout, des décors animés qui rendent admirablement bien à l’écran, notamment l’effet de lumière des torches sur les murs ou encore les pièges qui s’ouvrent et se referment sous vos pieds, et j’en passe. Les détails ne manquent pas. C’est tout juste si on pourrait reprocher au personnage et aux monstres de sembler un peu « plats » une fois au milieu de tout cela, mais la décomposition de leurs mouvements nous fait vite oublier cette sensation. Les animations étant rapides et détaillées, le jeu interpelle et surprend vraiment par sa fluidité et son action intense. Que seraient de beaux graphismes sans un accompagnement sonore du même acabit ? Heureusement, de ce côté-là aussi le titre s’en sort avec les honneurs. Les musiques collent parfaitement à l’ambiance et aux thèmes de chaque niveau. Elles sont belles et variées, mais moins entraînantes, et surtout moins marquantes, que celles du 2. Les bruitages ont également été retravaillés afin de mieux coller à l’esprit du jeu ; ils sont bien plus agréables à écouter que ceux des précédents volets, qui étaient eux restés un peu trop classiques.
Difficile, mais bon
Turok : Rage Wars est un bon petit jeu, beau, maniable, soigné. En un mot : réussi. Trop ? Peut-être. D’autres grands jeux avant lui n’ont pu échapper au problème d’offrir un contenu répétitif, alors on peut lui pardonner ce défaut-là. Mais pour ce qui est de sa difficulté, c’est autre chose. Elle risque de réfréner les ardeurs des plus valeureux d’entre vous, et ce serait dommage, car le titre a de beaux atouts à faire valoir.
Bilan comparatif avec les autres titres de la série Turok sur le même support :
Le plus innovant et le plus réussi visuellement, mais aussi le plus difficile !