Ghosts ‘n Goblins, apparu pour la première fois, sur arcade, en 1985, résonne encore dans la tête de nombreux joueurs. Par son ambiance médiévale particulière et son bestiaire folklorique, il scotcha nombre de personnes devant l’écran. Vous incarnez Sir Arthur, le légendaire chevalier. En tant que seigneur respecté, il n’a pas la vie paisible d’un paysan. Sa notoriété et son royaume font de nombreux envieux, notamment de la part des forces des ténèbres. Un beau jour, lors d’un dîner champêtre, sa douce femme se fait enlever par une imposante gargouille rouge. N’écoutant que son courage, il enfile son armure puis s’en va annihiler toutes les créatures du mal.
Ghosts ‘n Goblins se présente comme un Shoot them all en 2D, sans profondeur de l’écran. C’est-à-dire que tous les personnages se trouvent sur un même plan, il n’y a donc pas d’esquive possible par un déplacement vers l’arrière plan (qui n’existe pas). Alors, Arthur doit agir vite et avoir d’excellents réflexes, afin de buter les monstres avant qu’ils ne le touchent. Le roi reste continuellement sur le qui-vive, en alerte, et toujours prêt à attaquer de tous côtés. Le jeu nous propose donc une action rapide et sans réels temps morts. De plus, comme il est impossible de bouger latéralement, les niveaux se construisent à la manière des stages basiques de plates-formes. Des trous par-ci par-là, quelques ascenseurs et des échelles joignant différents étages diversifient l’action pour éviter une éventuelle monotonie.
Ghosts ‘n Goblins offre un challenge prenant de par la construction du parcours (mélange entre shoot them all et plates-formes), mais très difficile à relever. D’abord Arthur a des capacités physiques moindres que la majorité des démons. Si les zombis n’opposent que peu de résistance et font de très faciles cibles, il en va autrement des gargouilles qui surprennent par leur rapidité. A l’inverse de notre preux chevalier, qui est légèrement raide et rigide, elles savent voler et esquiver n’importe quelle attaque. Arthur, quant à lui, ne peut voler et encaisse très mal les coups. Il perd une vie au bout de seulement 2 touches. La première lui ôte son armure, ainsi il se retrouve en caleçon sans défense, ensuite la seconde le transforme illico en squelette. Pour renvoyer toutes les créatures de l’ombre qu’il croise, Arthur lance des armes tranchantes (dagues, haches, couteaux …), qui ont approximativement les mêmes caractéristiques, et qui ont une cadence de tir bien faible en comparaison du nombre d’ennemis en présence. En fait, à y réfléchir, les armes ne sont pas réellement à mettre en cause, mais plutôt devrions nous critiquer la trop grande force des bêtes infernales. La plupart se meut beaucoup plus rapidement qu’Arthur, par conséquent il est impossible de fuir. De plus, certains monstres ne réagissent pas suivant un plan défini. Ainsi les gargouilles sont particulièrement imprévisibles, car elles peuvent foncer sur le valeureux roi en un instant. Cette technique redoutable fait mouche à presque tous les coups et agace grandement.
Ghosts ‘n Goblins énerve à cause de son imposante difficulté, mais n’ennuie jamais le joueur grâce à son accrocheuse ambiance heroic-fantasy. Les histoires d’outre-tombe ont toujours du succès, alors les développeurs ne se sont pas privés d’emprunter les légendes médiévales pour construire un univers convaincant. Toutes les féroces bêtes fantastiques imaginées par les artistes du Moyen Age prennent beaucoup de plaisir à blesser le courageux Arthur. Le premier niveau met immédiatement dans l’ambiance, il débute par l’exploration d’un cimetière où des morts-vivants sortent des tombes, puis se poursuit dans une noire forêt hantée par des spectres inhospitaliers, pour se terminer par un affrontement contre un cyclope. Le deuxième stage se déroule dans un village abandonné qui rappelle Gargoyle’s Quest. Pourquoi ce jeu ? car il s’agit d’un jeu lié à la série des Ghouls ‘n Ghosts et qu’il est développé sur Gameboy. On note une plus forte ressemblance entre Ghosts ‘n Goblins sur GBC et Gargoyle’s Quest, qu’avec le premier épisode sur arcade. En effet, le hardware de la GBC et celui de la borne d’origine étant assez différents, les graphismes de la version portable s’éloignent de ceux de la borne (tout du moins, dans les premiers niveaux). La petite console se défend tout de même et réussit à retranscrire l’ambiance particulière du jeu. Cependant, nous aurions aimé un produit plus adapté à la machine. Plus Arthur progresse dans l’aventure, plus les décors se dégradent, pour atteindre la laideur dans le dernier niveau. Si cela ne gênait pas en arcade, car dépasser le troisième stage y requiert une sacrée somme, sur une console, avec de l’acharnement et le temps nécessaire, la fin semble accessible. Alors, nous aurions préféré un travail plus soigné qui aurait amélioré les graphismes et les aurait rendus agréables. Franchement, la console en était largement capable. Par contre, les différences se ressentent moins du point de vue sonore. Les musiques ont été retravaillées, devenant ainsi plus rapides et plus rythmées et peut-être de meilleure qualité. Disons plutôt plus entraînantes, mais toujours dans un registre lugubre. Enfin, les bruitages semblent aussi anecdotiques que sur la borne d’arcade. Leur présence sert seulement à se repérer dans le feu de l’action.
Ghosts ‘n Goblins sur GBC, au final, demeure une adaptation convenable du jeu d’arcade. La portable se défend bien au niveau technique et surtout elle redonne correctement l’ambiance provenant des contes fantastiques médiévaux, avec un bestiaire maléfique fourni. La difficulté a été légèrement revue à la baisse (ouf), la présence de mots de passe et de continues infinies simplifient également la vie. Cependant, beaucoup trop de passages restent encore irritants et risquent d’en rebuter plus d’un. Dommage que la difficulté soit atroce pour un jeu destiné à une console.