« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » (Baudelaire).
Désolé pour cette digression romantique, mais je viens de me faire une partie de Blanche-Neige et les Sept Nains sur Game Boy Color, et tout me semble paix, harmonie, amour et compassion…
Du chef-d’œuvre…
Bien, reprenons notre sérieux. Que tous ceux qui ne connaissent pas le chef d’œuvre de Disney « Blanche-Neige et les Sept Nains » lèvent la main !! Personne ?? Bien. Que tous ceux qui connaissent ce jeu lèvent le doigt !! Ah ouais, ça en fait du beau monde !!
Blanche-Neige et les sept Nains n’est ni plus ni moins que le tout premier long-métrage de Walt Disney - et un de ses meilleurs - sorti en 1937… Oui, il a l’âge de vos grands-parents !! Pour plus d’informations, je vous laisse lire l’article sur Wikipedia, qui est juste faramineux.
Je sais pas pour vous, mais ce dessin animé m’a profondément terrifié quand j’étais jeune, ne serait-ce que les dessins un peu vieillots, les bois hantés, le chasseur mystérieux, le miroir parlant, la reine démoniaque, les nains lubriques ou pire encore, Blanche-Neige et ses pommettes roses, sa choucroute et sa bêtise aggravée.
Faire un jeu sur l’univers de Blanche-Neige était une bonne idée, surtout lorsque l’on voit la qualité des ¾ des jeux tirés des longs-métrages Disney ; il suffit de se remémorer Aladdin, Pinocchio, Le Roi Lion, la Belle et la Bête sur Super NES pour que vos yeux s’illuminent. Je peux encore citer plein d’autres exemples… Tiens, toujours sur Game Boy Color, en 2000, est sorti Alice au Pays des Merveilles, un jeu de très bonne facture ; alors pourquoi pas Blanche-Neige ?? Quand j’ai vu qu’un jeu BN existait (c’est-à-dire il y a une semaine), je me suis dit : « Énorme, on va incarner le prince et tuer du monstre, ou les sept nains et tuer du monstre ». Tant qu’on ne joue pas Blanche-Neige, tout va bien… QUOI, ON JOUE BLANCHE-NEIGE ?????
…à la daube
Dans ce jeu, vous l’aurez compris, on incarne Blanche-Neige, l’amie des animaux. Je sais pas si vous l’avez remarqué, mais toutes les héroïnes Disney sont les amies des animaux… Enfin bref, vous la déplacerez dans un univers de plates-formes en 2D des plus affriolants ; car oui, je le reconnais, les fonds d’écran sont jolis et colorés (c’est d’ailleurs la seule qualité du soft).
La particularité de ce jeu - et je ne plaisante pas - c’est que l’on ne peut ni attaquer (normal, on joue une gourdasse), ni se baisser. Pire encore : en mode facile, on ne peut pas sauter (évitez-le comme la peste, ce mode). On ne fait qu’avancer à travers des niveaux, sans foutre une gifle ni tirer les plumes à un vilain piaf, et rentrer dans certains passages. Votre unique but dans ces niveaux est de récupérer un certain nombre d’objets, indiqués en bas de votre écran, objets qui varieront selon les niveaux : dans le premier, vous devrez cueillir des fleurs ; dans le deuxième, attraper des papillons… Le plus drôle reste celui où Blanche-Neige doit collecter des notes de musique (un concept ma foi fort abstrait), ou encore celui où elle doit attraper des lapins (eh oui, il faut bien faire à bouffer pour les sept machos…). Le tout est chiant et d’une facilité déconcertante : il vous suffit d’avancer, de sauter, et vous êtes sûr de tomber sur les objets. L’absence d’ennemis et d’obstacles rend le jeu totalement insipide ; tout s’offre à vous naturellement. Et pour couronner le tout, il n’y a pas de limite de temps. Petite précision : Blanche-Neige ne peut pas cogner, mais elle peut tomber de quinze mètres sans se fouler une cheville ; à croire qu’elle cache bien son jeu…
Les mini-jeux
Heureusement pour le soft, ce qui l’empêche d’obtenir un zéro pointé c’est la présence de mini-jeux, qui arrivent à lui apporter un semblant de fraîcheur - et surtout, d’action. Ces mini-jeux se situeront entre deux passages de plate-forme, histoire de se changer un peu les idées. Et en effet, vous pourrez constater au vu de cette liste qu’ils sont relativement variés :
le casse-tête, où vous devez reconstituer une image ;
le labyrinthe, où il s’agit d’éviter les méchants corbeaux, rats et fantômes, et de trouver la sortie ;
la vaisselle, où bobonne doit rattraper en plein vol les assiettes propres que les gentils animaux balancent effrontément ;
le sprint de la biche, qui part avertir les nains, où vous contrôlez le bestiau, évitez les obstacles, sautez par-dessus les ravins (enfin), le tout avec un écran qui défile ;
le jeu de mémoire auditive musicale ;
l’allumage de vautours (??), où vous contrôlez Simplet et devez fumer ces quelques dindes volantes à l’aide d’une loupe que vous pointez vers le soleil ;
le jeu de mémoire visuelle, où vous devez trouver les paires dans un jeu de cartes ;
le mini-jeu de Tetris.
Je reconnais que cette liste est assez impressionnante, mais ne vous y trompez pas : même si certains de ces défis sont pleins de bonnes intentions, et parfois de bon goût, ils ne corrigent en rien le néant du jeu principal, qui se répète inlassablement. Trop simples, même s’ils sont variés, ils ne proposent aucun challenge non plus. Le plus drôle dans tout cela, c’est que ces mini-jeux sont déjà disponibles à l’écran-titre, même si vous n’avez pas fini le jeu une seule fois. À quoi peut donc bien servir le mode Histoire ? Je vous pose la question.
En conclusion
Graphismes : 14/20 - Les fonds d’écrans sont jolis et rappellent bien l’ambiance du dessin animé, surtout les passages « cauchemardesques » comme le labyrinthe ou la forêt hantée. Les personnages de Blanche-Neige et du nain (que vous ne contrôlerez que dans les deux derniers niveaux, sans que cela ne change bien évidemment rien au gameplay) sont, eux, correctement dessinés, sans plus. Les mini-jeux sont également plutôt bien réalisés. Faut pas se leurrer, on est sur GBC.
Gameplay : 03/20 - Simpliste, vide, épuré… les adjectifs ne manquent pas. C’est là que l’on peut se demander à qui ce jeu est destiné. Aux neuneus ? Aux filles (non, pas de blague macho) ? Aux babas cool ? Je l’ignore moi-même. Seuls les mini-jeux (pas tous) arrivent parfois à nous amuser.
Bande-son : 9/20 - J’ignore s’il s’agit des musiques originales du dessin animé, bien que cela m’étonnerait. Les ziks sont juste correctes, mais rébarbatives voire assommantes. Les bruitages sont purement infects et provoquent des larsens si vous mettez le volume à fond.
Difficulté : 4/20 - Pas d’ennemis (et donc pas de boss), pas de ravins, pas de chrono, impossibilité de mourir et donc d’avoir un game over. Je mets 4 car il arrive parfois que l’on tourne en rond pendant plusieurs secondes à la recherche du dernier objet manquant, ce qui a pour effet de vous enrager… Les mini-jeux, eux, sont bêtes comme chou.
Scénario : 15/20 - Le jeu reprend le scénario de Blanche-Neige et les Sept Nains assez fidèlement, et nous propose même quelques images tirées du dessin animé entre les niveaux, en guise d’illustrations. Ça reste correct pour de la GBC… pour de la GBC !!
En bref, ce jeu ne fait pas honneur aux adaptations de Disney, pourtant en général friandes de difficulté. Sans doute le personnage principal du long-métrage y est-il pour quelque chose. On aurait préféré jouer les nains, le prince, voire les animaux de la forêt, plutôt que cette grosse cruche qui ne sait que sauter et ramasser de la saloperie. Le film, pourtant, proposait un bon bestiaire, de bonnes situations, mais l’aspect « Barbie » du protagoniste l’a emporté sur tout le reste. Dommage… On se demande ce qui est passé par la tête d’Ubisoft. Eh oui, reprenons cette bonne vieille réplique des Inconnus : « Matériel… français, capitaine !! ».