En Europe, Namco ne fait pas immédiatement penser à RPG. Et pourtant, la série des Tales of est immense, le problème étant que les trois quarts des épisodes ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Séance de rattrapage avec ce Tales of Phantasia, portage du tout premier épisode en provenance directe de la Super NES.
MARTY ! IL FAUT QUE TU REPARTES AVEC MOI !
Vous êtes Cless et avec votre meilleur ami vous partiez à la chasse lorsque vous entendez la cloche de détresse de votre village. De retour, vous constatez que tout le monde est mort.
Ca jette un froid hein ?
Les agresseurs recherchaient visiblement votre pendentif, qui a servi voilà bien longtemps à vos parents et à leurs amis à sceller l’esprit du vil roi Dhaos.
Même il y a fort fort longtemps, puisque le fourbe avait tenté de se barrer en douce dans le passé, comme ça histoire de faire chier.
Je vous le donne dans le mille, vous allez comme qui dirait voir du pays, ou voir de l’époque pour être plus précis.
LE RPG POUR LES GROS BOEUFS
Amis de la subtilité, fainéants du pad et cerveaux ramollis, je vous prie de passer votre chemin, ToP n’est pas un RPG comme les autres.
Et pourtant en dehors des voyages temporels le principe est le même : vous alternez villes, atlas et donjons jusqu’à la fin du jeu. Dans les premières vous vous équipez - armes, armures (casque, armure à proprement parler, bouclier, gants), accessoires (deux équipables à la fois), objets, nourriture - et vous reposer, sur le second vous vous entraînez en charclant de la bestiole avariée. Les derniers sont eux aussi plein de vilains streumons et même de gros boss baveux, et servent à faire progresser l’histoire en allant chercher le peigne où la princesse a laissé un poil de cul qui vous permettra de tresser une corde afin de vous rendre au fin fond de la caverne engloutie où une machine qui a passé deux mille ans dans la flotte va vous aider à sauver le monde. Pas une trace de rouille. Mais je m’égare.
Non, la grosse différence - et marque de fabrique des Tales of - c’est son système de combat. Dynamique oui, on peut dire ça. Bourrin ? Oui, on peut dire ça aussi. Bon, en combat vous êtes quatre (sur un total d’une sixouseptaine, à vous de choisir qui vous accompagne dès lors que votre équipe dépasse le nombre de quatre) et les combats, sauf contre les boss, sont aléatoires, comme dans le RPG lambda que vous avez torché la semaine dernière.
Là où ça se corse c’est que vous ne contrôlez que le héros et à vrai dire, contrôler est un bien grand mot. En langage MMORPGesque on qualifierait Cless de tank. C’est le gros boeuf en armure qui va au corps à corps faire parler la sueur et le sang dans une démonstration de découpage qui ferait passer le robot mixeur de mamie pour un simple ventilateur portable.
Adepte du réflexe conditionné, le bonhomme frappe dès que vous appuyez sur le bouton A. Suivant la direction que vous imprimez au pad,Cless tentera une attaque de taille ou d’estoc, un uppercut ou tout autre mouvement à même de briser jusqu’à l’astragale de l’adversaire.
Pendant ce temps, vos compères restent à l’arrière. Soit parce qu’ils ont eux aussi des ennemis à s’occuper à la mano de l’autre côté de l’écran (vous pouvez vous déplacer à loisir sur toute la longueur de l’écran de combat), soit la plupart du temps parce qu’ils sont pas trop cons et préfèrent attaquer de loin et vous laisser encaisser les mandales adverses si ça vous dérange pas.
Ainsi vous accompagneront un archer, une soigneuse, une sorcière ou un invocateur entre autres (principalement eux durant les trois quarts du jeu). Mais même si c’est l’I.A. qui les dirige, vous pouvez choisir les techniques que vous voulez qu’ils utilisent en appuyant sur Select et en choisissant la première option. Vous pouvez aussi choisir de changer le rang des persos histoire que ce soit pas toujours le même qui se mange la tarte aux phalanges.
Bref, ça ressemble plus à un action-RPG sur un écran dédié vu d’ici. C’est pas faux (quoi c’est « dédié » que tu comprends pas ?). D’ailleurs j’étais à deux doigts de coller un cinq ou un six tellement je trouvais le jeu bourrin et chiant, jusqu’à ce que je découvre le truc en plus.
Parce que si Arche récupère de nouveaux grimoires (sorts) durant l’aventure, Klarth de nouveaux esprits (invocations) et Suzu de nouvelles techniques ninja, Cless lui obtient des arcanes. Ce sont des techniques de guerrier et il y en a une tripotée plus douze dans le jeu. Vous pourrez alors montrer à l’ennemi toute l’étendue de vos talents en matière de ballet aérien arme à la main.
En dehors des combats le menu dispose de petites originalités :
Techniques permet de choisir celles que l’on veut utiliser.
Equip permet de s’équiper.
Objet vous permet de gérer votre inventaire.
Stratégie vous permet de définir le style de jeu de vos alliés (à fond, orienté défense, sans utiliser de points de magie, etc.).
Formation pour choisir le rang avant ou arrière.
Statut pour vérifier vos stats.
Option, Mise en veille et Sauver.
Les deux choix un peu originaux sont :
Titre. Au long du jeu selon vos actions vous obtenez des titres (champion, meilleur ami, etc.). Certains ne servent à rien mais d’autres doivent être « équipés » pour débloquer telle quête secondaire.
Cuisine. Vous trouverez dans chaque ville un magasin de nourriture, et tout au long du jeu vous rencontrerez des chefs cuistots qui vous donneront des recettes. Vous l’avez compris : c’est ici que vous allez pouvoir faire la popotte.
SUCCESS STORY
Des bons RPG, y’en a eu des tartines sur Super NES, et celui-ci en fait partie. Bon, c’est vrai qu’il n’évite pas les clichés et que le scénario est un peu léger, mais l’humour compense. Un bon point néanmoins pour la traduction tout en français, et en vrai français intelligible et sans fautes d’orthographe.
L’aspect graphique est très attirant, les couleurs chatoient, la terre poudroie et le ciel bleuoit, les personnages en SD sont meugnons comme tout, les effets de lumière sont magnifiques et les animations en combat ont une pêche d’enfer (\o/ ouais ! Retour à la maison !).
La partie musicale est tout à fait correcte et certaines quêtes, comme le titre de prof de piano, et certains donjons en usent au sein même des énigmes. Les voix digits qui accompagnent les attaques spéciales vous rappelleront les beat’m up des années 90.
Passé un aspect très primitif au premier abord, la jouabilité est fort plaisante, mais ne plaira pas forcément à ceux qui aiment prendre leur temps et planifier leurs coups quinze tours en avance.
Par contre la difficulté est assez importante et les derniers donjons vous en feront baver si vous n’avez pas pris le temps de vous entraîner longuement. Certains passages sont aussi très rageants, comme le très frustrant labyrinthe aux coffres de Thor ou la caverne de Volt et ses courses-poursuites contre les portes, vous comprendrez sur place.
La quête principale vous accroche une bonne trentaine d’heures, auxquelles ont peut ajouter dix bonnes heures pour les quêtes secondaires, nombreuses et variées. Un total très correct qui est grandement amplifié si vous voulez faire le tour du jeu à 100%. Sans compter le New Game Plus.