C’est en 1989 que Nintendo sort sa première console de jeux vidéo portable : la Game Boy. Et pourtant, cette même année, la production de Game & Watch continue et de nouveaux jeux débarqueront encore. Ces petits jeux électroniques (qu’on appellerait « jetables » aujourd’hui) bien que complètement dépassés techniquement par la petite 8bits monochrome n’avaient pas fini d’innover en se déclinant en plusieurs gammes : Widescreen, Tabletop, Multi Screen et les Crystal Screen (rares mais très classieux), entre autres.
Zelda, fort de son premier succès 3 ans plus tôt bénéficie d’une adaptation sur Game & Watch et a droit à l’édition Multi Screen. Cette déclinaison rend ainsi le jeu jouable sur 2 écrans simultanément, se fermant en clapet, comme sur les téléphones portables ou… la Nintendo DS.
L’histoire
Elle a sûrement inspiré Bowser dans sa terrible maladie du kidnapping car, vous l’avez mis dans le mille, la princesse Zelda a été capturée par 8 dragons très féroces désireux de semer le chaos sur Hyrule. Après avoir légèrement forcé la princesse à les accompagner, les 8 dragons se sont dispersés dans un labyrinthe, chacun d’eux ayant un bout de Triforce dans leur poche.
Et comme pour chaque histoire de ce genre un héros doit être là pour sauver les demoiselles en danger, ça tombe bien, toi, oui toi Link, tu es là pour la sauver.
Allez, le temps d’enfiler ton slip moulant vert et en selle.
Présentation de l’interface
La question que peut légitimement se poser toute personne ayant déjà joué à Zelda auparavant concernera sûrement le déroulement de ce Game & Watch. Zelda étant à la base un jeu d’aventure (exception faite du Zelda 2 sur NES), comment tout cela se passe-t-il sur un jeu électronique, techniquement très limité il faut le dire.
Avant de m’aventurer plus loin, je tiens quand même à préciser que ce Zelda se rapproche, comme la majorité des autres Game & Watch, d’un jeu de réflexes et d’esquive.
Vous n’aurez pas oublié que ce jeu se joue sur 2 écrans et on peut dire qu’ils sont bien exploités (rangez vos stylets, y’a pas d’écran tactile). La majorité de l’action se déroule sur l’écran du bas, divisé en 3 hauteurs.
La première hauteur (la plus basse) vous est inaccessible. En revanche, c’est là que campent les Stalfos, soldats squelettes armés d’une épée qu’ils pointent vers le haut.
Pourquoi vers le haut ? Car sur la deuxième hauteur (la seule jouable) se trouve Link, le héros de l’aventure (mais en secret, c’est vous le héros). Vous avez la possibilité de vous déplacer latéralement (tant que vous avez pied à terre) et votre mission sera de cogner le gobelin posté toute à droite de l’écran. C’est pas dur, il est toujours là : il ne peut pas avancer vers vous, au pire vous balancer un projectile dans la tête. Au départ le gobelin possède 40 points de vie (un compteur en bas à droite de l’écran affiche son énergie restante) que vous ferez fondre de 3 points par coup d’épée touchant au but.
Ca serait bien sûr trop facile, donc dans certains niveaux, un fantôme bougera dos à vous et lancera de temps en temps un projectile. Comment se protéger si on ne peut pas se retourner ? Et bien en fait, quand vous donnez un coup d’épée (que vous pouvez laisser maintenu) le bouclier protège à l’arrière (mais vous découvre de face, vous êtes ainsi vulnérable aux attaques à distance du gobelin). Inversement, quand vous n’attaquez pas, le bouclier protège devant, inversant ainsi la situation de vulnérabilité.
Enfin, la troisième hauteur est accessible quand le gobelin est battu (vous distribuant un objet, on verra ça plus loin) : il s’agit en fait d’escaliers allant soit à gauche soit à droite.
Oui voilà, mais à droite ou à gauche vers où, pourquoi et c’est quoi cette histoire d’objets ?
Le deuxième écran
C’est là que le deuxième écran entre en jeu. Dessus sont affichées de nombreuses informations ainsi qu’une partie jouable dédiée au combat contre le boss (un des 8 dragons).
L’élément le plus important est quand même la carte : chaque gobelin garde en fait une partie du labyrinthe, vous laissant à sa mort le choix de la direction à prendre dans le dédale. Le dragon à affronter se cache quelque part dedans donc à vous de le trouver. Par chance, en mourant, les gobelins cèdent parfois une carte entière indiquant la localisation du dragon à terrasser. Pratique pour éviter d’errer vainement.
La carte (l’objet mentionnant sa possession), ainsi que 2 autres objets collectables, s’affichent en marge de la carte (la vraie, celle indiquant votre position et celle du dragon). Les 2 autres objets que vous pouvez éventuellement avoir sont la fiole de vie (elle remplit votre jauge de coeurs à 5) ainsi que le tomahawk. Ce dernier se sélectionne automatiquement contre le boss et inflige de violents dégâts.
D’ailleurs le boss parlons-en puisqu’on le combat sur ce deuxième écran. Après avoir galéré et finalement tombé sur lui, le combat se résume à éviter ses boules de feu et à l’asséner de coups. En gros c’est pareil que contre un gobelin mais en beaucoup plus dur : le premier dragon a en effet 100 points de vie ! Vous apprécierez d’avoir le tomahawk car il enlève les points de vie par paquets de 10. A chaque dragon abattu, ce dernier vous remettra un fragment de Triforce.
La boucle est bouclée
Et comme vous le sentez déjà venir, 8 dragons, 8 morceaux de Triforce : ça veut pas dire se retaper 8 fois le labyrinthe ?
Gagné. A une nuance près : à chaque fois c’est plus dur. Les gobelins possèdent à chaque fois un peu plus de vie, il y a à chaque fois 1 ou 2 créatures de plus pour vous embêter. Elles deviennent aussi plus rapides et plus malines.
En fait, arriver jusqu’au 8° fragment de Triforce n’est pas une mince affaire tellement le jeu se corse violemment. La chance dans l’histoire c’est qu’une fois votre jauge de coeurs réduite à zéro, un bouton sympathique attire votre attention : « Continue ». Illimités, ils vous permettent de reprendre le jeu où vous en étiez (enfin, au nombre de morceaux de Triforce déjà acquis), tout objet en moins et avec seulement 3 coeurs.
Et que se passe-t-il quand les 8 dragons sont bravés et vaincus ? Et bien vous délivrez Zelda … et voilà quoi. N’oubliez pas qu’il n’y a pas de cinématiques sur un Game & Watch !
Game & Conclusion & Watch
Tout ce qu’on peut dire c’est que ce Zelda tire pleinement partie des écrans et a su utiliser à bon escient le principe de jeu basé sur un timing au poil et l’esquive des attaques ennemies.
Quoiqu’il en soit, le jeu est dur à finir. Il l’est d’autant plus qu’il est impossible de faire une pause et que sur la fin, vos mains seront à rude épreuve pour tenir le rythme effréné imposé par les vilains méchants.
Malgré tout, ce jeu reste une petite pièce de collection qui ne manquera pas de mettre la larme à l’oeil 15 ans après.