Tomb Raider Legend est un jeu vidéo DS publié par Nintendoen 2006 .

  • 2006
  • Aventure

Test du jeu vidéo Tomb Raider Legend

2.5/5 — Moyen par

Une fois n’est pas coutume, c’est un jeu somme toute récent que j’ai l’honneur de tester. Si ce n’est pas la première incursion de Lara Croft sur console portable, c’est en revanche sa première aventure sur la DS de Nintendo.

Inutile de revenir sur le glorieux passé d’une des icônes les plus emblématiques de la deuxième partie des années 90. Mais cet épisode a la particularité de représenter une scission avec les précédents, car Core Design, créateur de la série originale, s’est vu déposséder de sa création au profit de Crystal Dynamics pour ses très mauvais résultats suite aux échos des joueurs sur l’abominable Tomb Raider - L’Ange des Ténèbres (PS2, PC). Le monde du marketing est impitoyable, mais le titre sorti nous a prouvé qu’Eidos n’avait peut-être pas pris une si mauvaise décision…

Grosse question, si le jeu est surtout prévu pour les consoles next-gen, un hardware comme la DS saura-t-il offrir une adaptation convaincante de ce que certains appelleront la renaissance de Lara Croft ?

Le jeu débute sur une vidéo compressée à outrance, montrant une Lara toujours aussi friande d’acrobaties, le temps d’admirer un énième lifting de la belle rajeunie par la clinique « 3DSmax ». Le jeu s’ouvre sur une vidéo comptant l’enfance de Lara Croft, et pour la première fois, on voit apparaître sa mère. S’ensuit un écran présentant les niveaux sous forme de liste de fort mauvais goût. Après une autre vidéo présentant Lara qui arrive enfin au Pérou, on peut enfin jouer.

De la vraie / fausse 3D ? C’est immédiatement ce qu’on éprouve face à ce qui se passe à l’écran. Les décors sont constitués de polygones, de textures mais… On suit un chemin préétabli, à la pandémonium pour ceux qui se souviennent. Parfois la caméra oblique un peu, ce qui donne l’impression d’une liberté totalement illusoire. Pièges et acrobaties diverses sont au rendez-vous de l’aventure, faisant même parfois songer au prince de Perse tant la miss est agile. Le soft assiste le joueur assez régulièrement, on est loin de la totale autonomie dont on jouissait sur les épisodes Playstation. « Appuyez sur X, touchez telle chose sur l’écran »… Le rythme est gâché d’entrée de jeu par ces injonctions contraignantes, d’autant plus que Miss Croft possède un arsenal à faire baver d’envie un Sam Fischer, donc par la même occasion freiner considérablement la progression. Loin d’êtres laids, les décors souffrent malheureusement d’une pixellisation outrancière, ce qui gâche l’harmonie du design pourtant réussi. Recherchés, les décors fourmillent de détails et font montre d’un beau travail de design. Cascades, temples, jungles, … Ajoutez à cela des effets de lumière très réussis pour enthousiasmer, effets qui par ailleurs ont toujours été remarquables tous supports confondus dans la série. Autre bémol, si la console dépasse le champ de vision du décor (exemple : un travelling qui montre le chemin à prendre) on s’aperçoit avec horreur que le fond du décor est un immonde brouillard violet qui défigure l’atmosphère !! Très mauvais point, donc.

Vient le passage délicat de la maniabilité. Si celle-ci ne pose pas de problèmes majeurs pour les pérégrinations, en revanche, pour les combats, on a affaire là à l’une des plus belles blagues vidéoludiques de la DS… En face d’un ennemi, on doit cliquer avec le stylet sur l’inventaire et sélectionner les armes. Manipulation qui, déjà, oblige d’avoir constamment le stylet dans sa main droite (ou gauche, pas de ségrégation) alors que les boutons de tranche sont sollicités…

Une fois Lara armée, et dès qu’on parvient difficilement à la tourner vers ses ennemis, on a la surprise de voir les ennemis… s’afficher sur l’écran du bas, à la place de l’inventaire. Occire vos ennemis vous demandera donc de tapoter au stylet sur leurs silhouettes. Cela aurait pu être une bonne idée, si le résultat à l’écran n’était pas si catastrophique. En effet, tirer n’importe où vous amènera au même. Pire, il arrive parfois que l’ennemi meure alors que vous visiez celui d’à côté. N’essayez même pas d’être technique : tirer dans la jambe ou la tête provoque la même animation ridicule. Même Duck Hunt sur NES est plus précis que cette phase de jeu.

Les musiques, autre point fort de la série même si elles se font plutôt discrètes dans les opus précédents, n’ont ici rien d’inoubliable, et tombent dans une variété de musique d’ascenseur mi-moderne, mi-insignifiante.

C’est donc très mal parti pour ce soft…

Heureusement, le scénario est là. Ces mêmes vidéos qui cassent le rythme à cause de leur surnombre dévoilent une histoire touffue, riche, pleine de révélations sur le passé de Lara. Sa mère, ses amies qu’elle a tragiquement perdues… Aussi captivant qu’un bon film, on a hâte d’en apprendre plus sur la trame du scénario bien ficelé. Sans cette motivation, il est probable que le jeu aurait vu son intérêt fondre comme neige au soleil. D’autant plus que ce ne sont pas les énigmes qui vous bloqueront, celles ci étant très basiques.

Au final on obtient un portage très mitigé, à la réalisation entachée de défauts, une jouabilité lourdingue sur certains points, et qui aurait mérité bien plus de travail que cela, la DS étant capable de grandes choses. Les jeux de ce genre se font hélas fort rares sur le support, une réussite aurait changé de la sempiternelle plate-forme au genre trop représenté sur la console portable du moustachu. Un jeu qu’on arrête, qu’on reprend, qu’on arrête… et qu’on finit au bout d’un peu plus de 10 heures avec un goût d’insatisfaction dans la bouche.

Tomb Raider Legend