Tales of Innocence est un jeu vidéo DS publié par Namco Bandai Gamesen 2007 .

  • 2007
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Tales of Innocence

1/5 — Bof… par

Même si à l’heure actuelle, Namco se contente de portages ou d’épisodes multi-joueurs sans envergure, il fut un temps où paraissait au moins un épisode de la saga des Tales par an. Ce sont ainsi vingt-huit titres estampillés Tales qui sont sortis en l’espace de seize ans (!), sans compter les remakes et portages. Pour plus de clarté, les épisodes principaux sont séparés de ce que Namco appelle les titres d’escorte. Tales of Innocence est le neuvième titre principal. Il n’est sorti qu’au Japon, mais vous pouvez trouver sur le Net une rom entièrement traduite en anglais, avec juste un tout petit bogue d’affichage au niveau des cinématiques, où le texte apparait… à l’envers ! Le reste du jeu est parfaitement intelligible.

Malheureusement, diront certaines mauvaises langues.

MAUVAIS ESPRIT

Tales of Innocence se déroule sur une planète industrialisée, qui sort tout juste d’un grand conflit mondial (ce qu’on appelle un conflit de connards). La capitale impériale de Regnum s’en est tirée sans trop de bobos, mais elle a mis en œuvre un décret permettant de mettre aux arrêts toute personne suspectée de pouvoirs magiques.

Vous incarnez le jeune Luca, fils d’un marchand de Regnum et athlète assez pitoyable, qui se retrouve un jour pris à partie par un groupe d’inquisiteurs mystérieux pour avoir aidé une jeune femme qu’il ne connaissait pas cinq minutes auparavant. C’est à ce moment-là que l’adolescent découvre - et ses adversaires avec lui - qu’il a des pouvoirs. Par voie de conséquence, il se retrouve traqué par l’inquisition et obligé de fuir avec sa nouvelle camarade.

MAUVAISE INFLUENCE

Tales of Innocence est un RPG To Tie Thoughts Together, comme l’ont défini les développeurs de chez Namco. Dans la pratique, il faut surtout retenir le mot RPG, le reste n’est que du vent. Il s’agit donc d’un jeu de rôle nippon vous imposant la traversée de villes (où vous referez le plein de provisions et d’équipement, et vous reposerez) et de donjons (où vous affronterez un boss dans l’optique de faire avancer l’histoire).

Entre les deux, vous devrez vadrouiller sur un vaste atlas et, qu’il s’agisse de la carte du monde ou des donjons, vous devrez faire face à des adversaires qui apparaissent sporadiquement. Il est possible de les éviter si vous le souhaitez, mais si vous les touchez, vous déclencherez un combat.

Les combats se déroulent sur un écran dédié mais en temps réel, comme c’est devenu une norme au sein de la saga. Le jeu utilise un système baptisé DS-LMBS, pour Dimension Stride Linear Motion Battle System. Cette appellation savante désigne quelque chose de finalement très proche de ce que l’on trouvait dans Tales of the Abyss.

Votre équipe de combat comprend trois personnages sur les six qui composent le groupe, et vous ne dirigez toujours que le leader. Vous pouvez laisser les autres faire ce qu’ils veulent ou leur assigner des tâches simples, comme privilégier l’attaque, la défense, la magie, etc. Pour votre part, vous utilisez les boutons A pour frapper (bas plus A pour expédier l’adversaire dans les airs, haut plus A pour réaliser une attaque sautée), B pour réaliser une technique spéciale, Y pour vous défendre (bas plus Y pour vous protéger des sorts) et X pour ouvrir le menu vous permettant d’utiliser les objets ou les magies. Le gros du jeu est basé sur les enchaînements entre personnages, y compris dans les airs, ceci permettant de remplir une jauge de tension. Vous pourrez alors passer en mode éveillé (Awaken Mode), où votre personnage sera plus fort, plus rapide, plus mieux ; et vous pourrez déclencher vos Hi-ougis, les attaques ultimes de vos personnages.

La particularité du système de combats de cet opus, c’est que les arènes sont en trois dimensions. S’y repérer est donc parfois compliqué et les gâchettes sont là pour vous simplifier la tache. Pressez celle de gauche pour changer de personnage, celle de droite pour changer de cible. Maintenez-la enfoncée pour courir librement (sans quoi votre personnage ne regarde que sa cible et se rapproche inexorablement d’elle) et appuyez sur les deux en même temps pour réaliser un Infinite Jam. Non non, il n’est pas question de confiture. Il s’agit d’une technique vous permettant de commuter à volonté entre vos persos pour réaliser des combos gigantesques.

L’évolution des compétences passe par les styles. Un style peut être équipé sur un personnage, ce qui lui confère une amélioration de ses statistiques. Mais surtout, un style peut monter en niveau lorsque vous recevez des points d’expérience, et il permet au personnage d’apprendre de nouvelles techniques. Pour l’équipement, c’est plus simple : à chaque ville traversée, vous trouverez un magasin qui vend pile l’équipement plus puissant que celui du bled précédent.

Notez que les villes abritent également des magasins de guilde. Vous pouvez y accepter des missions, qui consistent généralement à aller vadrouiller dans un donjon spécifique dont les niveaux sont générés aléatoirement. En gros, un truc chiant pour les amateurs de dungeon-crawlers uniquement. Ces gars-là pourront y gagner des pépettes et diverses récompenses.

MAUVAISE IDEE

Je partais sur un bon à priori, étant donné que les Tales ne m’avaient jamais déçu jusque là (comprenez que maintenant, c’est fait), et le cadre de la révolution industrielle me paraissait original et assez rare dans le monde du vidéoludisme. Malheureusement, Tales of Innocence ne va pas au bout de ses bonnes idées, mais semble au contraire vouloir se tirer en permanence une balle dans le pied.

Ainsi l’ambiance un peu steampunk n’est-elle que très rarement mise en évidence. Le scénario du jeu est basé sur d’innombrables flashbacks de personnages carrément dantesques, mais le jeu ne nous laisse jamais en profiter (en dehors d’un combat au tout début). Au lieu de ça, il nous fait vivre les aventures ô combien palpitantes de force grise, force bleue, force verte, force noire, force rouge et force mauve. Si vous voulez savoir qui va prochainement intégrer votre équipe, c’est facile : il suffit de repérer celui ou celle qui a la couleur de cheveux la plus improbable.

Les personnages ont donc le charisme d’un bulot, et c’est d’autant plus regrettable que c’est presque ce qu’il y a de mieux dans le jeu. Les décors sont vastes mais vides, les animations sont lentes, les combats apathiques et les rares thèmes sonores qui accompagnent nos pérégrinations sont à tomber d’ennui. Mais finalement, ça aussi ça entre dans la catégorie « c’est mauvais mais il y a pire ailleurs ».

Parce qu’alors, quand on s’intéresse à la jouabilité… Diantrecouille ! Ce que c’est pénible, ces combats où tout le monde se tournoie autour sans pouvoir se toucher, ces enchaînements qui se refusent à sortir lorsqu’on a besoin d’eux, cette évolution des compétences sans originalité. Et cætera, et cætera. Mais figurez-vous qu’il y a encore pire !

En matière de level-design, le jeu est une incroyable somme de maladresses. Les donjons ? Une longue ligne droite, un boss au bout, et l’obligation de se retaper tout le chemin dans l’autre sens pour ressortir. L’atlas ? La distance entre les différentes destinations est telle que vous pouvez passer facilement un quart d’heure - sans exagérer ! - pour rallier la suivante. Si encore vous ne vous perdez pas en chemin, parce que oui, vous avez accès à une carte mondiale, mais rien n’y est indiqué en dehors de votre position actuelle… Le bateau ? Ah, le bateau ! Théoriquement dans les RPG, lorsque vous récupérez le bateau, vous pouvez vous déplacer plus vite d’un point à l’autre, hein ? Eh bien là, non. Vous ne contrôlez pas votre embarcation, elle suit un itinéraire imposé qui se trouve être le plus long possible et vous ne pouvez rien faire d’autre que de la laisser terminer sa lente course. Et je vous assure, croyez-moi ou non, que c’est très long, cinq minutes devant son écran à rien faire.

Enfin, Tales of Innocence est frappé du fameux syndrome de la ligne droite. Il n’y a que très peu de quêtes annexes, toutes concentrées en fin de partie. Il n’y a pas moyen de se perdre (au pire on tourne en rond) parce qu’il n’y a à chaque fois qu’une destination possible. Aucune subtilité, aucun à côté, pas même la recherche d’armes ultimes ou une connerie du genre. Avance et tais-toi ! De fait l’aventure est assez courte.

Et franchement, c’est mieux comme ça. Tales of Innocence ne soulève aucun intérêt réel, il provoque uniquement la frustration, y compris et surtout chez les fans de la série. Les autres, s’ils ont le malheur de commencer par ce volet, ne verront aucun intérêt à poursuivre leur découverte.

Tales of Innocence