Sonic Chronicles : la Confrérie des Ténèbres est un jeu vidéo DS publié par Segaen 2008 .

  • 2008
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Sonic Chronicles : la Confrérie des Ténèbres

2/5 — Presque bien par

Développé par Bioware, édité par SEGA.

Si SEGA est devenu un développeur tiers pour Nintendo, il subsiste tout de même des années de guerre fratricide une volonté de concurrencer l’éternel rival. Et puisque Mario s’est mis au RPG depuis quelques temps, il n’y a pas de raison pour que Sonic ne s’y essaie pas lui aussi. Pour le coup, ce ne sont pas vraiment des débutants qui ont été mis sur le coup : Bioware, auteur entre autres des Baldur’s Gate, Neverwinter Nights, Star Wars KOTOR et autres Dragon Age, est chargé de transposer l’univers du hérisson en jeu de rôle.

ALERTE ENLÈVEMENT

Le récit se situe suite à une énième peignée collée au docteur Eggman. Knuckles, l’échidné ami/rival du hérisson et gardien des Chaos Emeralds, s’est fait enlever. Sonic réunit toute une équipe pour le retrouver, mais lorsqu’il y parvient, ce n’est que pour constater que son périple commence tout juste : les kidnappeurs, que l’on nommait jusque là Maraudeurs, sont en fait des Nocturnus, venus d’une autre dimension et menaçant la nôtre. Sonic embarque alors pour un voyage épique, en compagnie non seulement de ses alliés de toujours, mais aussi du docteur Eggman…

RYTHME ET BLEU

Sonic Chronicles : la Confrérie des Ténèbres est un jeu de rôle développé en occident, mais selon un modèle nippon : plutôt qu’un monde ouvert dans lequel évolue un personnage défini de manière minimaliste, il s’agit de diriger une équipe constituée de quatre héros au maximum (parmi les dix présents durant la quête), bien identifiés, suivant une trame scénaristique qui ne laisse que peu de place à l’exploration.

A dire vrai, les lieux que traverse le groupe sont cloisonnés et il n’est pas tout le temps possible de passer de l’un à l’autre. Chaque niveau offre un environnement qui lui est propre, et c’est ainsi qu’avant de partir pour l’autre dimension, vous visiterez la légendaire Green Hill Zone, mais aussi des ruines, une montagne ou encore la mégalopole d’Eggman. Les ennemis sont quant à eux de deux types : des animaux sauvages ou des robots. Une fois passé dans l’autre dimension, le joueur découvrira de nouveaux décors, mais aussi de nouveaux types de monstres.

S’il est possible, et même hautement recommandé, de fouiller la zone de fond en comble, certaines zones ne sont accessibles qu’avec certaines capacités. Sonic peut par exemple courir alors que Tails est capable de planer un court instant. D’autres personnages grimpent aux murs, se téléportent ou encore, traversent les endroits empoisonnés sans encombre. Il faudra donc former une équipe la plus hétéroclite possible (d’autant qu’il y a des « niveaux » de capacité : Rouge peut voler elle aussi, par exemple, mais moins loin que Tails) pour être en mesure d’explorer complètement les niveaux.

Ceci vous permettra de trouver les anneaux cachés un peu partout, qui ont ici valeur de monnaie, ou encore les œufs du Chaos qui permettent d’équiper des capacités spéciales aux personnages. Le nombre d’anneaux et d’œufs par carte est indiqué sur l’écran du haut, qui sert aussi de GPS. En farfouillant un peu partout, vous trouverez également des PNJ qui vous fileront des missions secondaires. En accédant à leurs désirs, vous obtiendrez différents présents, notamment de l’équipement.

A ce propos, nos amis n’embarquent que le strict minimum. Des gants pour booster l’attaque, des pompes pour améliorer la vitesse, des accessoires pour acquérir quelques aptitudes supplémentaires et des consommables. Seuls ces derniers sont trouvables en magasin, les équipements ne pouvant être que trouvés dans des coffres ou offerts par des PNJ.

Les adversaires sont visibles sur l’écran d’exploration, et donc il est possible de les éviter. Mais même s’ils re-spawnent assez vite, il est recommandé de ne pas trop éviter les combats, parce que le level-upping est plutôt contraignant. Lorsque vous touchez un adversaire, vous passez sur l’écran de combat.

Il s’agit alors d’un bête tour par tour, à deux particularités près : d’abord, chacun de vos personnages peut attaquer entre une et trois fois par tour. Surveillez l’écran du haut pour connaître l’ordre de passage et établir vos tactiques en conséquence. Ensuite les coups spéciaux, qui consomment des PP, nécessitent la participation active du joueur, qui devra par exemple tapoter du bout du stylet les cibles qui apparaissent à l’écran, ou encore marteler l’écran de coups de stylet.

En fin de combat, vous gagnez des points d’expérience qui vous permettront de changer de niveau. A cette occasion, vos statistiques évolueront, et vous pourrez de surcroit attribuer une poignée de points dans la compétence qui vous semble le plus utile, entre la vitesse, la puissance, la résistance et la chance.

CONTRE-SENS

La réalisation de ce hors-série est en demi-teinte. Les environnements comme les personnages sont assez détaillés et colorés, mais en contrepartie, l’animation est minimaliste et l’ensemble manque de vie. C’est sans doute la première fois depuis le fameux épisode Game.com que l’on peut dire de Sonic qu’il est mou. Je conçois qu’il n’y a rien de surprenant pour un jeu de rôle, mais c’est pour souligner l’antagonisme conceptuel à vouloir marier Sonic et RPG. C’est un peu comme si on faisait un FPS basé sur Tetris, ça peut être un bon jeu de tir, n’empêche que ça sera un étrange Tetris.

Et donc Bioware s’est attelé à transposer le plus fidèlement possible l’univers du hérisson en RPG. Au final, les composantes du jeu de rôle sont minimales : il y a peu d’équipement, il est inutile de concevoir des tactiques lors des combats (il suffit juste de tapoter l’écran au bon moment), l’aspect exploration est assez peu développé d’autant que les obstacles et la manière de les franchir sont clairement indiqués, et seule la prise de niveaux s’avère obligatoire.

Obligatoire et fastidieuse. Les points d’expérience sont distribués au compte-goutte, et les ennemis sont paradoxalement peu nombreux. Vous serez contraints à de nombreux allers et retours pour les voir ressusciter et leur remettre une branlée. De fait, la durée de vie peut facilement atteindre la quinzaine d’heures. Mais dîtes-vous bien que la moitié de ce temps est perdue en grinding.

En fait, Sonic Chronicles, c’est presque aussi chiant que Fallout 3. Mais dans un univers plus chaleureux, et même lorsqu’on passe la deuxième moitié du jeu, les environnements certes plus S-F, font foutrement penser au deuxième dessin animé Sonic des années 90, celui où il se retrouvait dans un futur dominé par Robotnik (parce qu’à l’époque il s’appelait encore comme ça).

Donc voilà. Je ne peux ni vous contraindre (je ne suis pas encore dictateur universel, mais ça viendra) à y jouer, ni vous enjoindre de l’éviter. A condition de bien se mettre dans la tête, dès le départ, qu’il s’agit d’un hors-série soporifique, vous pourriez tomber pile poil sur ce que vous attendiez. Des fois il faut faire gaffe à ce qu’on demande, ça pourrait bien se réaliser.

Sonic Chronicles : la Confrérie des Ténèbres