Ach ! Scheiße ! Six ans d’Allemand et je ne suis toujours pas foutu de faire un salut nazi correct… Je lève pas le bras assez haut, je n’ai pas la mine suffisamment renfrognée. En plus de ça je n’aime ni la choucroute, ni les bretzels, je préfère le vin à la bière et je n’arrive pas à porter des chaussettes par dessous des sandales. Et pour parachever l’ouvrage, je suis brun frisé à peau mate. Je fais vraiment un piètre apprenti-dictateur.
Heureusement, pour réviser mon Teuton, je peux compter sur Tunguska (si ça c’est pas de l’accroche…), titre développé conjointement par Fusionsphere Systems et Animation Arts puis converti quelques années plus tard par Deep Silver sur les machines Nintendo. Ou comment essayer de toucher le plus de monde possible avec un point’n click le plus banal possible.
PERDU DE RECHERCHE
Nina Kalenkov (logiquement, elle aurait du s’appeler Kalenkova, mais ça se saurait si nos cousins Germains en avaient quoi que ce soit à foutre des autres peuples) revient au bercail berlinois pour rendre visite à son père, chercheur au musée de la ville. Hélas, ce dernier a disparu dans d’étranges circonstances et, si toute cette affaire commence comme le meilleur des épisodes de l’überinspektor Derrick, il va tout de même être question de complots, de manipulations, et d’un poil de critique fallacieuse sur le communisme. Parce qu’on est Allemand ou on ne l’est pas, Monsieur.
MAC GYVER EST MON IDOLE
Secret Files : Tunguska est un point’n click en deux dimensions dans l’esprit des légendaires productions de l’époque Sierra/LucasArts. Mais en plus chiant, parce que c’est allemand. Il s’agira donc de progresser d’écrans en écrans en tentant d’interagir avec le moindre élément du décor, le tout afin de déclencher quelque mécanisme ou dialogue permettant de faire évoluer l’histoire.
Le jeu se déroule en plusieurs lieux : s’il commence à Berlin, il se poursuit en Russie, à Cuba ou encore en Irlande. Dans chacun de ces pays se trouvent plusieurs sites (par exemple en Russie il sera question d’une gare, puis d’un train, puis de la fameuse zone de Tunguska…), eux-mêmes subdivisés en écrans fixes. On peut passer de l’un à l’autre de ces écrans en cliquant sur l’icône en forme de porte qui apparait lorsqu’on clique sur le bouton de la loupe.
Ce bouton permet aussi et surtout de mettre en évidence les éléments du décor avec lesquels on peut interagir. En cliquant sur l’un de ces éléments, on pourra selon les cas, l’observer ou le toucher. Dans le premier cas, il s’agit uniquement d’un objet qui ne nous sera pas d’une grande utilité. Dans le second cas, il peut s’agir d’un objet à ramasser (pour l’utiliser ailleurs, plus tard), à activer ou sur lequel on peut en greffer un autre.
A ce propos, l’inventaire est affiché en permanence en bas d’écran. Une demi-douzaine d’objets peut y apparaître et, si vous en possédez plus, vous pourrez faire défiler l’inventaire avec les flèches latérales. Cliquer sur un élément de l’inventaire permet de l’observer ou de l’utiliser. L’observer peut permettre de découvrir de nouveaux objets (comme par exemple lorsqu’on regarde dans un sac). Si vous choisissez d’utiliser l’objet, il vous sera demandé avec quoi. Vous pourrez alors choisir l’un des éléments du décor mis en surbrillance, ou bien un autre objet de votre inventaire.
A un moment donné (à deux moments donnés en fait, mais le deuxième n’est d’aucune utilité), il vous faudra jongler avec deux personnages, Nina et son bon ami Max Grüber. Vous aurez pour ce faire accès à une icône symbolisant le visage du personnage que vous voulez contrôler. Chacun des deux devra aider l’autre en accédant à des objets qui lui sont propres et en les faisant passer à son (ou sa) collègue.
A tout moment, vous pourrez également utiliser les touches Start et Select, respectivement pour sauvegarder votre progression et pour accéder à votre journal personnel. Ce dernier, non seulement récapitule les éléments du scénario que vous avez découverts, mais peut aussi vous (aider à) résoudre les quelques énigmes qui émaillent le jeu, comme par exemple celle du coffre-fort dans le Transyberien.
RADIO CLICHES BONSOIR
Cela sera encore plus flagrant, à la limite du délétère, dans le deuxième épisode. Mais dès Tunguska, on peut déjà constater l’étrange tentative d’humour cliché-beauf sur les différents pays visités par l’héroïne. Un peu comme mon intro sur les Allemands, mais le second degré en moins, ou pas complètement assumé. Si le but de ces blagounettes était de couvrir les lacunes du scénario, c’est raté. De fait, nous voilà ici devant un surprenant point’n click qui ne peut s’appuyer ni sur les rebondissements de son synopsis, ni sur le charisme de ses héros, deux points pourtant capitaux dans une œuvre de ce genre.
Heureusement, il a d’autres arguments. A commencer par une réalisation du tonnerre. C’est sans doute moins joli sur DS que sur PC, mais du côté des cinématiques comme des plans fixes, il s’agit de l’un des plus beaux jeux du genre sur le support. Les couleurs, les détails… Le bon goût est au moins visuel. Et l’ambiance sonore est plutôt cohérente elle aussi.
Au delà de son esthétique réussie, il s’agit d’un point’n click relativement classique. Cependant, deux points assez contradictoires l’empêchent d’accéder au palmarès des œuvres du genre. Tout d’abord, l’affichage systématique des éléments interactifs du décor pourrait rendre l’aventure par trop évidente… si ce n’était le second point : l’intérêt d’un objet n’est explicité que lorsqu’on a résolu l’énigme. Tant que l’on n’a pas essayé de planter une fourchette à viande dans un tableau de maître pour s’en servir de cale, il faut essayer de mélanger les éléments l’un après l’autre jusqu’à trouver ceux qui collent ensemble.
Les énigmes ne sont pas aussi tordues que ce que l’on peut trouver dans certains point’n clicks humoristiques, mais il va falloir se démerder un peu à la va-comme-je-te-pousse pour arriver à la fin du jeu. Dommage qu’un aussi joli minois ne cache qu’un petit jeu creux et mal achevé.