Suite à la trilogie dite classique (Prince of Persia, The Shadow and the Flame et PoP 3D), la fameuse série initiée par Jordan Mechner a été reprise en mains par Ubisoft, qui a également réalisé une trilogie - à laquelle s’ajoutent quelques spin-off. Bien décidé à rentabiliser au plus vite sa franchise, le mastodonte de l’édition a ensuite remis le couvert avec un épisode baptisé sobrement Prince of Persia, dont ce Fallen King est rien moins qu’une suite directe.
AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA
***WARNING : SPOILERS INSIDE*** Dans le Prince of Persia de la PlayStation 3, le Prince atterrissait on ne sait trop comment dans une mystérieuse région de Perse où le zoroastrisme régnait en maître. Avec l’aide de la charmante Elika, il devait restaurer l’Arbre de la Vie et lutter contre le dieu des ténèbres Ahriman, libéré par rien moins que le père de la belle, le Mourning King. Pour soigner l’arbre, Elika se sacrifiait, mais c’était compter sans la chevalerie du Prince, qui préfère détruire l’arbre et laisser Ahriman vagabonder plutôt que de perdre sa compagne.
*****END OF SPOILERS (je le fais bien, hein ?)***
** Ici, le Prince se trouve dans la cité de la Nouvelle Aurore, qu’Ahriman a commencé à corrompre. Le seul espoir du Prince se trouve être le roi du bled, qui peut invoquer, pense-t-il, le dieu bénéfique Ormazd. Manque de bol, arrivé sur place, il ne trouve que Zal, un sorcier royal qui va tout de même tenter de lui venir en aide.
SON NOM, IL LE SIGNE À LA POINTE DE SON STYLET
Prince of Persia : The Fallen King est un jeu de plates-formes / action en deux dimensions, vu de profil comme les deux premiers épisodes ou les récents remakes sur téléphones portables. L’aventure se compose de six mondes, chacun d’entre eux comportant plusieurs stages, visibles sur une carte locale façon New Super Mario Bros. (et pas une carte globale comme Super Mario World). Au total, ce sont quarante-cinq niveaux qui vous attendent, les derniers de chaque monde vous demandant d’affronter un boss. Les divers environnements sont typiques de l’ambiance Mille et Une Nuits : désert, ruines ensablées, cavernes à peine ajourées, souk ou encore palais oriental. Quant aux ennemis, il s’agira la plupart du temps de se défaire des gardes du roi. Pour ce faire, vous contrôlez le Prince et Zal, mais vous n’utiliserez pour ce faire aucun bouton ! Tout se joue en effet au stylet, et si cela peut surprendre un peu au début, dites-vous qu’après, c’est pire. Sur le papier, le principe est pourtant tout bête : il suffit de toucher l’endroit où l’on souhaite se rendre pour que le Prince s’y rende ; si l’endroit touché est proche, le héros marchera, s’il est loin il courra. L’ennui, c’est que la frontière est mince entre le pas et la course, ce qui se révèle problématique lorsqu’on est entouré de piques. Un « double-clic » sur le Prince lui fait effectuer une roulade, ce qui lui permet notamment de se glisser dans les passages étroits. Un clic sur un mur et le Prince s’y accroche ; partant de là, il pourra se laisser glisser si vous cliquez en dessous de lui, ou au contraire grimper de mur en mur en rebondissant si vous cliquez sur le mur d’à côté. Pour ce qui est des combats, vous pouvez tenter l’estocade en faisant glisser votre stylet sur l’ennemi, mais cette attaque est lente et sert surtout à briser des rochers. Le plus simple est de cliquer sur l’adversaire pour un coup standard, ou de double-cliquer pour un coup sauté. Maintenez le stylet sur le Prince pour qu’il pare une attaque adverse. Je vous ai dit un peu au-dessus que vous ne vous serviriez pas des boutons. Je vous ai menti : appuyer sur n’importe quelle touche ou direction de la croix vous permet de jouer avec Zal lorsqu’il vous aura rejoint. Si c’est lui que vous dirigez, pointez votre stylet où bon vous semble pour projeter une boule de feu dans cette direction, mais attention ! Cette attaque ne tue pas, elle ne fait qu’assommer. En dehors de cela, la boule de feu peut permettre d’ouvrir les portes magiques, de se suspendre ou encore de détruire certains blocs, entre autres.
LE PETIT PRINCE A DIT
Prince of Persia : The Fallen King fait partie de ces jeux qui, durant les premières minutes, vous mettent en joie avant de vous poignarder sauvagement dans le dos. Ainsi, le scénario, plus évolué que dans un jeu de plates-formes moyen, est assez plaisant à suivre, agrémenté qu’il est de jolies scènes en plan fixe. À propos de joliesse, les graphismes sont vraiment séduisants, reprenant le style de l’opus PlayStation 3 en le remettant à plat. Ainsi, les décors sont dessinés dans un style assez dépouillé et très coloré, tandis que le Prince et ses ennemis, tout de pixels vêtus, sont passés à la moulinette SD (Super Deformed), ce qui les rend bien plus mignons que sur console de salon où, il faut bien le dire, ils étaient assez banals. L’ensemble est fort bien animé et les sonorités, assez discrètes il est vrai, sont bien dans l’esprit de la Perse antique. Autant dire que les premières minutes sont enchanteresses. L’ennui, c’est que ça se gâte lorsqu’on s’attèle à la jouabilité. Rendons tout de même grâce à Ubisoft pour avoir tenté de mettre en avant les spécificités de la DS. Malheureusement, ces contrôles ne sont pas aussi intuitifs que les bons vieux boutons, loin s’en faut. Il arrive bien souvent que le Prince ne fasse pas ce qu’on lui demande, ou pas quand on lui demande. En outre, son acolyte pose plus de problèmes qu’il n’en résout, la faute à la lenteur des personnages lorsqu’ils sont unis. Et puis bon, question level-design, c’est un peu plan-plan. Il y a beaucoup de phases mortes où on ne fait rien d’autre qu’avancer, ce que les développeurs ont tenté de compenser, bien bêtement, en obligeant le joueur à repasser par certains niveaux terminés. Du coup le jeu est certes raisonnablement long, mais qu’est-ce qu’on s’y emmerde ! Bien loin de ses illustres aînés (les deux premiers en fait), ce tout petit prince est bien joli à regarder mais bien pauvre à jouer. Ils sont bien gentils chez Ubisoft, mais s’ils arrêtaient de pondre des suites à des suites, ils pourraient peut-être se concentrer sur de vraies bonnes aventures de notre pourtant si sympathique héros.